Comment faire un nouveau départ dans la vie ?

 

Vous nous n’en avez pas rêvé, vous ?

De partir sur de nouvelles bases, de vous relancer en effaçant votre ardoise de vie, de remettre les compteurs à zéro et de tout recommencer ?

Un peu comme le héros de ma nouvelle Como el viento qui part en abandonnant tout derrière lui ?

On y a tous et toutes pensé.

Peut-être plus “tous” que “toutes” mais néanmoins cette idée, on l’a caressée plusieurs fois, surtout quand ça n’allait pas professionnellement, financièrement ou “familialement”.

On s’est dit que ce serait facile de tout redémarrer et que nos soucis disparaitraient.

Regarder la carte

Alors, pour tous ceux et celles qui auraient des regrets de ne pas l’avoir fait, je vous rassure tout de suite : ça ne marche pas.

Comment je le sais ?

Tout simplement parce que je l’ai fait.

Si vous connaissez un peu mon histoire, vous savez sans doute que j’ai pas mal bougé m’installant pour vivre, entre autres, en Amérique du sud, aux États-Unis et au Japon. Et là, je ne parle de vacances ou d’expatriation professionnelle sur deux ou trois ans.

Non, je parle de s’installer pour commencer une nouvelle vie, dans un cadre ou une culture différente.

Et donc, le coup du “nouveau départ”, ça ne fonctionne pas ?

Eh non, ça ne marche pas et je vais vous dire pourquoi. Vous le savez peut-être déjà mais je trouve l’expression belle : chassez le naturel, il revient au galop.

Vous pourriez aller vous isoler dans un igloo au pôle nord, votre naturel trouverait le moyen de vous y retrouver. Mais comment fait-il l’animal ! A-t-il un flair hors pair ? Un radar qui lui indique où retrouver son maitre ? Des réseaux d’espions ?

Non, car vous vous en doutez, votre naturel ne vous quitte jamais.

JA – MAIS. (C’est clair comme ça ?)

C’est pour ça d’ailleurs que beaucoup de mariages finissent en divorces. C’est facile, au début, de se montrer sous son meilleur jour, pour séduire l’autre. Mais cela demande beaucoup d’énergie et on s’use rapidement. Alors, si on donne assez de temps, et la vigilance se relâchant, les premiers traits naturels reviennent d’abord au pas, puis au trot pour finir comme s’il voulaient gagner le Prix d’Amérique, au grand galop.

Trouver la frontière

Alors que faire ? Rester ou partir ?

Je ne veux pas vous décourager de partir découvrir un ailleurs mais il faut le faire pour les bonnes raisons en sachant que vous ne changerez pas miraculeusement. Partir, c’est aussi apprendre ailleurs, mais ce n’est pas pour tout le monde et il y a une façon bien plus simple de prendre ce nouveau départ.

Votre naturel (celui qui revient au galop), c’est vous. Un point, c’est tout. Il comprend tout de vous. Vos joies, vos traumatismes, votre “éducation”, vos savoirs, vos souvenirs, vos émotions.

En fait, ce n’est pas tout à fait vous. C’est ce que vous pensez être vous. Toute cette masse galopante est tellement “collante” (dans les deux sens du terme) que vous pensez que vraiment, il n’y a pas d’échappatoire.

Et pourtant si.

C’est un neurologue et psychiatre autrichien dont j’ai déjà parlé, Viktor Frankl, qui s’en est rendu compte en premier. Entre votre naturel (trop) collant et vous, il y a un espace. On ne le remarque pas parce que le naturel galope tellement bien qu’il ne laisse aucun écart entre lui et vous.

Toutefois, cet espace existe.

Et dans cet espace vous pouvez tout faire. 🙂

Conquérir des territoires

Vous ne me croyez pas ?

Faites l’expérience.

Là maintenant, pensez à une chose immédiate juste autour de vous que vous n’avez pas envie de faire. Par exemple, vider la poubelle, laver la tasse que vous venez de finir ou laisser votre place dans le métro (si vous me lisez sur votre smartphone).

Quoi que soit, sentez bien votre naturel… celui qui vous dit que ce n’est pas urgent de vider la poubelle, que quelqu’un finira bien par prendre la tasse pour la mettre dans le lave-vaisselle ou que vous êtes très bien assis, avec encore dix stations avant d’arriver.

Maintenant, utilisez cet espace et surprenez votre naturel.

Consciemment, levez-vous et écoutez votre naturel qui pousse des cris d’enfant gâté. Levez-vous, prenez la poubelle et videz-la pendant que votre naturel reste sans voix. Levez-vous et lavez vous-même votre tasse sans passer par la case lave-vaisselle, devant l’air ahuri de votre naturel. Levez-vous et souriez à la personne, un peu genée, qui prend votre place, heureuse de pouvoir relaxer ses jambes douloureuses, pendant que votre naturel se tape la tête contre la porte du wagon.

Vous voyez, cet espace, il existe vraiment. 🙂

Et notre naturel ne peut rien contre nous, si nous le voulons bien.

Alors, pour se réinventer, il n’y a pas besoin de partir loin. Là où vous êtes, à cet instant, suffit. 🙂

Ceci dit, la force du naturel, c’est justement qu’il est “naturel” et qu’il revient toujours au galop.

Alors comment, non pas le combattre, mais le “dresser” (ce cheval fou) de façon à ce qu’il corresponde plus à ce que l’on voudrait accomplir dans la vie ?

Il faut tout simplement lui donner des cours de dressage.

Et la première leçon, c’est dans le prochain article. 😀

PS : Une des meilleures écoles de dressage de naturels (qui reviennent au galop) que je connaisse, c’est le challenge Cloudbraining. Vendredi prochain, ils commencent un nouveau stage. Ils sont déjà nombreux. Ils reste encore quelques places. Dépêchez-vous de vous inscrire avant que votre naturel ne vous rattrape. 😉

(A suivre)

(Photo : Tatiana Gettelman)

Commentaires

16 commentaires pour “Comment faire un nouveau départ dans la vie ?”
  1. Encore un bel article.

    J’ai tripé à lire Como el viento, je me suis reconnu dans le personnage, j’ai une tendance à prendre beaucoup de choses au sérieux et à ne pas trop décrocher dans la vie. Pourtant il faut que je le fasse mais mon naturel revient au galop.

    Comme le personnage de ton histoire, je fuis parfois quelques jours et ça fait du bien, il s’agit pour moi de le faire plus souvent et de mieux prioriser mes objectifs, je travaille la-dessus.

    Fuir dans un autre pays comme tu en parles dans ton article, ça ne m’attire pas pour le moment mais prendre quelques périodes bien à soi, je suis pour à 100%.

    Excellent article encore qui m’aide à mieux me comprendre.

    Merci

    Gino

    • Merci beaucoup Gino pour ton commentaire ! La fuite n’est jamais bonne mais le voyage “en pleine conscience”, pour reprendre un terme du monde de la méditation, oui. A nous de bien le réaliser. 😉

      PS : Merci aussi pour ton retour sur Como el viento. 😀

  2. gally says:

    Coucou, waouh superbe article. ca me parle tellement et comme la plupart de tes articles c’est un message d’espoir, une solution !
    J’ai hâte de lire la suite. On est souvent conditionné à une sorte de fatalité. On entend si souvent – Mais tu es comme ça, pas la peine de changer ou d’essayer c’est ta nature !

    Tu m’as donné le peps ce matin Jean-Philippe. Bizz

    • Merci beaucoup gally ! Je te rassure, il n’y a pas de fatalité. J’en parlais déjà dans Réveillez votre génie, mais je te confirme que nous avons en nous de quoi changer. Le tout c’est de le savoir et ensuite de bien jongler avec nos “forces”. 😉

  3. Amibe_R Nard says:

    chassez le naturel, il revient au galop

    Oui, c’est une très belle image.

    Mais comment se chasser soi-même ?

    Quand on va loin, en espérant se trouver (se prouver ? s’éprouver… ?), c’est peut-être un peu, beaucoup, pour chercher un contraste avec ce que l’on connaît. Avec l’espoir que ce contraste va nous permettre de découvrir qui ou ce que nous sommes. On chasse notre naturel ;-).

    Pour mieux le trouver ?
    Pour mieux se trouver soi ?
    Pour mieux se provoquer ??? 🙂

    Mais tu as raison de dire que le Naturel est un élastique.
    Il est possible de distendre un élastique, de lui faire prendre une forme un peu différente.

    Une forme définitive ?
    Si le chasseur, en nous, pousse et traque son gibier dans ses meilleurs retranchement, c’est bien possible ! Mais il va falloir continuer à chasser ce naturel. Ce n’est pas un gibier facile, il est capable de se cacher sous différentes formes. Le loin ou le près sont une même étape sur le chemin… tant que le premier pas n’est pas posé, les deux sont aussi difficiles à atteindre.

    C’est ce que pense et dit toujours le chasseur sioux, avant de se mettre en route :o)
    L’Amibe_R Nard

    • Merci l’Amibe ! J’aime beaucoup ton image de la chasse et celle du chasseur sioux. Les dernières recherches scientifiques tendent maintenant à montrer que les changements peuvent être vraiment durables. C’est un peu pour ça que j’écris cet article pour mettre à jour ce que j’ai dit.

      Notre potentiel est tout à fait étonnant mais bien entendu, cela demande un travail, comme tu le dis, étape par étape ainsi que de la patience… ce qui est l’un des grands atouts du chasseur sioux. 😉

  4. Philippe says:

    Très bon article Jean-Philippe,

    J’aime beaucoup l’image de “dresser” l’animal. Et pour reprendre une expression du petit Prince, j’aime bien aussi “l’apprivoiser”.

    Comme tu dis, on part avec ce qu’on est, de toutes façons, et où qu’on aille il est toujours là, ce fameux “naturel”.

    Pour avoir moi aussi fait plusieurs “nouveaux départs”, j’ai la sensation que quand on arrive dans un nouvel endroit, c’est les changements de repères qui font qu’on se comporte différemment.

    Nos habitudes (qu’on aime ou pas), on les a dans un certain repère. Si on change le repère, les habitudes changent. Mais si avec le temps, on s’habitue à ce nouveau repère, alors les anciennes habitudes remontent à la surface tout naturellement…

    En plus, je trouve que tu lances un sujet très intéressant sur “le naturel”. 🙂

    C’est quoi ce fameux “naturel”? Nos comportements? nos façons de penser? ce qui défini notre personnalité?
    Mais si on peut les observer, c’est qu’on est différents d’eux, on est plus qu’eux, on est donc plus que notre personnalité. 🙂

    C’est un sujet que je trouve super intéressant. Je l’aborde aussi dans l’article: http://apprendresursoi-et-avancer.com/connaitre-personnalite-2/

    Merci pour cet article
    🙂

    • Merci beaucoup Philippe ! Ce que tu apportes à la discussion est très intéressant et c’est vrai que cette notion d’observateur qui s’observe est passionnante. Cela est d’ailleurs bien plus développé dans ton article. 😉

  5. Alexandre says:

    Merci pour cet article! C’est génial, je n’avais jamais pensé à cet espace. Comme tu le dis si bien, pour moi le naturel c’était la personnalité dont on ne se défait jamais, même lors des coups durs de la vie. En tout cas j’ai hâte de lire la suite pour découvrir en quoi consiste ce dressage!

    • Merci Alexandre pour ton commentaire ! Eh oui, je pense que cette idée d’espace est primordiale… on devrait même apprendre ça à l’école. 😉

  6. NERAL says:

    Entre le stimulus et la réponse, il existe un espace où réside notre liberté; à découvrir puis conquérir.

  7. Olivier says:

    Bonjour Jean-Philippe,

    Ton article est très intéressant.

    Notamment l’idée de “dresser ce cheval fou” : cela me rappelle la méditation zen, qui parle de ce phénomène avec l’image du “dressage de la vache”.

    La vache étant nos émotions, notre “naturel” dont tu parles. Et si en zen il s’agit d’une vache, en taoisme c’est un cheval justement.

    Bref effectivement, rien ne sert d’aller à l’autre bout du monde pour “dresser le cheval”. Par contre aller à l’autre bout d’une monde une fois le cheval dressé, quel aventure j’imagine !

    Au plaisir de te lire,

    Olivier

    • Merci Olivier pour ton commentaire !

      Entre les chevaux, les vaches et les hirondelles, heureusement que les animaux sont là pour nous offrir de belles paraboles. 😉

      PS : Est-ce que tu médites ? C’est amusant car moi, j’ai commencé il y a peu et je commence déjà à en ressentir les bienfaits…

  8. Olivier says:

    Bonjour Jean-Philippe,

    Oui je me suis mis également à la méditation. Mais j’avoue que pour l’instant je peche un peu au niveau régularité …

    En attendant effectivement, la méditation fait vraiment un bien fou. Avoir du temps rien que pour soit pour laisser son esprit se calmer, c’est un privilège incroyable !

    A bientôt,

    Olivier

    • Merci pour ta réponse Olivier !

      Je ne suis pas un expert donc je ne peux pas te dire si la régularité est un facteur important. Dans ma modeste expérience – grâce au challenge Cloudbraining – j’ai pu installer cette habitude et maintenant c’est devenu un rituel que je ne veux pas manquer. 😉

      Bonne continuation. 😉

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