La fin des scanneurs

Par le 25 October 2010
dans Changer les règles

L'horizon est bleu pour les scanneurs

Cet article est le neuvième de la série Les génies que nous sommes, qui a commencé ici.

Lorsque Masatoshi Shima, un ingénieur japonais de la société Busicom – un fabricant de calculatrices – débarque à Santa Clara en Californie en Avril 1971, il est serein.

Son entreprise lui a confié comme mission de superviser la création d’un nouveau type de circuit intégré plus rapide, pour leur nouvelle ligne de calculatrices.

Pourquoi Santa Clara ? Parce que Busicom a choisi une jeune entreprise américaine, fondée tout juste 3 ans auparavant, pour créer cette pièce vitale. Mais, lorsqu’il s’aperçoit que personne ne s’est occupé du projet depuis sa signature officielle, 4 mois auparavant, il entre dans une colère pas du tout nippone.

Busicom menace de rompre le contrat et les ingénieurs de l’entreprise de Santa Clara s’en fichent un peu, puisque eux, ils sont plus spécialisés dans les cartes mémoires.

D’extrême justesse, l’affaire est sauvée. Masatoshi Shima s’installe à Santa Clara pour travailler sur ce projet qui va révolutionner la vie quotidienne sur la planète et va faire de cette jeune entreprise américaine, un nom connu par tous aujourd’hui.

Mais ça, l’ingénieur japonais ne le sait pas encore.

Ni même cette jeune startup américaine.

Son nom ?

Intel.

Travail d’équipe

C’est donc grâce à une commande de Busicom, qu’Intel a fabriqué le tout premier microprocesseur de l’histoire. De nos jours, on en trouve dans toutes sortes d’objets familiers comme les téléphones portables, les ordinateurs, les télévisions , les jouets, les produits électroménagers et les voitures.

Mais à l’époque, pourquoi Masatoshi Shima est-il venu à Santa Clara pour créer cette pièce ? Parce qu’il possédait des connaissances clés nécessaires à la création de ce microprocesseur.

Pourquoi alors n’est-il pas resté au Japon pour faire ce travail ? Parce les autres compétences requises pour le créer, il ne les possédait pas.

Les ingénieurs d’Intel oui.

Deux d’entre eux, Ted Hoff et Stanley Mazor réalisèrent l’architecture de ce circuit intégré mais n’avaient pas, eux, les connaissances pour le créer “physiquement”. C’est pour cela que ce projet, encore une fois considéré comme mineur par Intel, n’avançait pas.

La colère de Masatoshi Shima fit que, en dernier ressort, les Américains firent appel à un ingénieur Italien, Federico Faggin, pour que ce circuit intégré devienne enfin réalité. Le résultat fut la création de l’Intel 4004, fabriqué au départ, exclusivement pour les calculatrices de Busicom.

Aucune des deux sociétés ne réalisa tout de suite le potentiel de cette invention, à tel point que l’entreprise japonaise céda ses droits exclusifs à Intel en échange d’une réduction sur le prix des Intel 4004.

Aujourd’hui, Intel est un géant dans le domaine de l’informatique et des semi-conducteurs.

Et Busicom ?

Ils ont fait faillite en 1974.

La disparition de l’inventeur solitaire

Pourquoi parler de l’Intel 4004 ?

Et quel rapport avec les scanneurs ? Vous savez, ce groupe important de personnes dont je fais partie et qui ne peuvent rester concentrés trop longtemps sur le même sujet, sur la même activité ?

L’invention du microprocesseur est une belle histoire avec sa part de hasards et d’hommes à l’esprit inventif. Mais il n’aurait jamais pu voir le jour s’il avait dû être créé par une seule personne, car les connaissances requises nécessitaient 3 domaines d’expertises complètement différents.

Cet exemple d’Intel est un peu comme un symbole montrant que l’homme, à partir du XXe siècle a de moins en moins inventé seul et de plus en plus, en équipe. L’avancement de la connaissance dans tous les domaines scientifiques est tel, qu’une seule personne, si elle désire maintenant apporter une réelle contribution à la société, ne peut souvent plus le faire de manière solitaire. Elle doit collaborer.

Prenez l’exemple des prix Nobel. Ils sont toujours 2, 3 ou 4 à être nommés maintenant. Mais si vous revenez un siècle en arrière, le chercheur recevait souvent son prix seul. Un exemple bien connu est celui d’Albert Einstein qui le reçut pour une contribution rédigée à l’âge de 26 ans ! De nos jours, un chercheur qui veut écrire son premier papier important doit attendre d’avoir plus de 30 ans, tant, grâce au progrès, la masse de connaissances qu’il doit assimiler est grande.

Pour prendre un autre exemple, c’est exactement la même chose qui s’est produite dans l’industrie automobile. En 1903, il existait en Europe et aux États-Unis des centaines de petits constructeurs aillant pignon sur rue. C’est d’ailleurs les Français qui, à l’époque, produisait 50% du modeste parc automobile mondial.

Un siècle plus tard, il serait bien difficile à quelqu’un de lancer une nouvelle marque de voitures. Pourtant, il existe des inventeurs qui créent chaque année des prototypes de véhicule intéressants, avançant à l’huile usée, à l’eau ou même à l’air ! Ceci dit, ils n’ont pratiquement aucune chance de réussir face aux grands constructeurs.

La seule exception pourrait être Tesla motors, entreprise cofondée en 2003 par Elon Musk, un entrepreneur Sud-africain. Elle produit les voitures électriques extrêmement rapides et performantes qui sont elles, exclusivement fabriquées sur commande.

La fin des scanneurs ?

Avez-vous remarqué que l’on trouve beaucoup de scanneurs célèbres dans les siècles passés et pratiquement plus maintenant ? Où sont cachés les Léonard de Vinci, Averroès, Benjamin Franklin et Aristote de notre époque ?

En fait, ils existent toujours mais sont maintenant presque impossible à distinguer, puisque le niveau des connaissances et des talents dans chaque domaine a augmenté.

Mais ceci est valable pour les sciences, non ? Qu’en est-il des arts ? De la musique classique par exemple ?

C’est un peu la même chose. A travers les siècles, le niveau requis pour devenir un musicien virtuose a dramatiquement augmenté, grâce, en fait, à la pratique délibérée. Un exemple souvent cité est celui du concerto pour violon en ré majeur de Tchaïkovsky, une œuvre réputée tellement difficile que, le violoniste choisi pour l’interpréter la toute première fois à la fin du XIXe, refusa, expliquant que c’était “injouable”.

De nos jours, les jeunes musiciens issus des grands écoles de musique peuvent tous maitriser ce concerto.

Le renouveau des scanneurs

En fait, ces progrès ne sont pas applicables dans tous les domaines. Surtout lorsqu’il s’agit de créer.

Notre société a besoin de plus en plus de créateurs, c’est le seul domaine qui nous reste et qui n’est pas exportable dans un pays où la main d’œuvre est bon marché. L’expérience ne peut s’exporter.

L’expérience s’acquiert uniquement en pratiquant.

Comme dans la pratique délibérée.

Mais un scanneur ne peut se concentrer assez longtemps pour atteindre les 10 000 heures ou 10 ans – selon les domaines – requis pour être un expert. Alors, allons-nous réellement assister à une marginalisation des scanneurs, condamnés à errer de job en job ?

Pas du tout, car je pense que la notion de scanneur est plutôt large. Je crois même que tout le monde – sauf rares exceptions – est un scanneur à un moment ou un autre de sa vie. En fait, pourquoi on scanne ?

Parce que l’on cherche un domaine qui nous convienne.

Parce qu’on a pas encore reçu les accolades de la reconnaissance.

Parce que la société nous pousse à nous spécialiser trop rapidement.

Donc, tout est affaire de perception. Nous pouvons décider de ne pas courir après n’importe quel job mais plutôt de rechercher une activité où nous nous sentirons bien et où nous recevrons le respect des autres. La société, l’école peuvent nous inciter à avancer plus vite, nous n’avons pas à obéir.

Nous pouvons dire non et aller à notre rythme.

Il faut voir le système dans lequel nous vivons avec des yeux neufs et non pas continuer à le regarder à travers un vieux filtre, comme par exemple celui de la Renaissance.

Les temps ont changé. La façon d’exprimer ses talents aussi.

Il est certain que l’on ne reverra pas de si tôt des génies pluridisciplinaires du style de Léonard de Vinci mais, sauf si c’était vraiment votre but dans la vie, ce n’est pas grave.

Ce que nous voulons tous et toutes, c’est nous accomplir à travers ce que nous faisons, à travers notre contribution au monde, comme l’ont fait avant nous les grands scanneurs – dans des circonstances différentes – .

Ainsi, je viens de terminer – enfin ! – l’écriture de mon guide sur les scanneurs, un ebook qui sera très bientôt en vente sur mon blog. A l’intérieur, je reviens plus en détail sur les circonstances auxquelles font face les scanneurs de tous types. J’y propose également des solutions pour garder les points positifs de sa scannitude et pouvoir avancer dans sa vie, bien dans son siècle, tout en utilisant les bienfaits de la pratique délibérée.

Si vous désirez en lire, sous peu, un chapitre avant tout le monde, inscrivez-vous à ma newsletter, en haut et à droite de cette page. 😉

Rapidité

Si on regarde le parcours d’Elon Musk, le cofondateur de Tesla motors, on se rend compte qu’il est jalonné de succès. Il a fondé ou cofondé Zip2, une société créatrice d’un logiciel de publication de contenus en ligne, PayPal, le numéro un mondial des paiements en ligne, SpaceX, un lanceur spatial peu cher en contrat avec la NASA, et donc Tesla motors.

Et tout ça en 10 ans.

Elon Musk est peut-être l’archétype du scanneur du XXIe siècle.

Il n’a jamais passé dix ans à travailler sur un seul projet. Au contraire, l’expérience acquise antérieurement lui a servi de base pour avancer plus rapidement par la suite. C’est un peu l’effet boule de neige.

Bien sûr, tout le monde n’a pas la même ambition que lui mais, est-ce que nous ne pourrions pas tous et toutes profiter cet effet boule de neige? Et passer bien moins de 10 000 heures ou 10 ans de sa vie à pratiquer ?

La réponse est oui, mais ça dépend du secteur. 😉

(A suivre)

(Photo : HenriFigueroa)

Commentaires

37 commentaires pour “La fin des scanneurs”
  1. Mickael says:

    “C’est un peu l’effet boule de neige.” Heureusement que la boule de neige vient sauver ton billet qui tournait à la condamnation de la “race” suiveur 😀
    J’ai hâte d’en savoir plus sur ton ebook !

  2. Jean-Philippe says:

    Merci pour ton commentaire Mickael ! Qu’est-ce que tu as appelle la “race” suiveur ?

  3. Mickael says:

    arghhhh la “race” scanneur je voulais dire 🙁 #lundimatin

  4. Jean-Philippe says:

    OK, merci ! Je comprends mieux maintenant. 😉

    C’est intéressant ça, tu penses que je condamne presque les scanneurs ? Si je le faisais ça serait du suicide, vu que j’en suis un aussi. En fait, j’essaie de voir les choses avec une nouvelle perspective car, être scanneur, c’est bien de le savoir… mais après ? 😀

  5. Fabrice says:

    Pour ma part, je pense que la révolution industrielle, et peut-être on pourrait même dire la generalisation du capitalisme, a fait plus ou moins disparaitre les scanneurs car elle a entrainé et a necessité une plus grande specialisation.D’une façon générale, l’acroissement de la concurrence au niveau internationnale n’a pu pousser que dans ce sens.

    Après, peut-être que la situation est meilleure actuellement pour les scanners. après tout, ne parle-t-on pas que faire le même metier dans sa vie est révolue? Que la facilité d’adaptation et avoir plusieurs cordes à son arc est un avantage?

  6. Jean-Philippe says:

    Merci Fabrice ! Tout à fait d’accord. Cette facilité d’adaptation, en temps que scanneurs, nous la connaissons tous et toutes. Elle nous enrichit constamment et, les années passant, nous rend extrêmement talentueux. Sous le couvert d’une “dominante”, c’est à dire d’un domaine de compétences large, nous pouvons ainsi nous épanouir. 🙂

  7. Noé says:

    Au fond on est tous un peu scanneur de nature… (il n’y a qu’à lire les commentaires pour s’en rendre compte). Il ne s’agit donc pas d’une faculté exceptionnelle. Je crois plutôt qu’il s’agit de l’attitude vers laquelle se tournent ceux qui n’ont pas le courage d’aller jusqu’au bout des choses.
    De mon point de vue le fait d’être un scanneur est synonyme d’échec, de désordre et nous éloigne des véritables accomplissements. Les grandes réussites, hormis certaines exceptions (comme l’exemple que tu donnes de Leonard de Vinci), sont le fruit de personnes expertes dans 1, 2 voire 3 domaines mais pas plus! La maîtrise jusqu’au bout des doigts d’une discipline est impossible à atteindre avec ce que j’appellerai la scan-attitude ou autrement dit l’illusion de faire plein de choses (tel un couteau-suisse) pour finalement ne pas récolter grand chose…
    Personnellement, je préfère choisir de me défaire à tout prix de cette manière de fonctionner! Elle est naturelle et spontanée car elle rend la vie beaucoup plus facile et agréable passagèrement, mais elle ne produit pas de fruits durables…

    (J’espère que mon commentaire sera bien accueilli, j’exprime seulement le fond de ma pensée.)

  8. Mickael says:

    Pour répondre à Noé, je pense que les sanneurs ont leur 2 ou 3 spécialités également au fond…
    La seule différence c’est qu’ils vont consacrer une partie de leur temps a avoir les yeux grands ouverts sur tout ce qu’ils ne savent pas encore, contrairement à d’autres qui vont rester focalisés sur leurs spécialités.
    Plus d’expertise vs vision plus globale, je pense que les scanneurs et non scanneurs se complètent…

  9. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Noé et Mickael pour nous apporter votre point de vue. Je suis arrivé, en gros, à la même conclusion que vous dans mon ebook. Je suis même plus strict en disant qu’une seule spécialité majeure, ce que j’appelle une dominante, devrait être poursuivie, avec bien sûr toute cette curiosité tout autour.

    Théoriser est facile mais dans la pratique, comment faire ? J’ai ma méthode, qui fonctionne très bien pour moi, et vous ? 😉

  10. Mickael says:

    Pour trouver sa “majeure” ou “dominante” : Dans la veille que je fais, je me demande de tps en tps, si tous mes RSS devenaient payants et très cher (ou s’il etait interdit d’en suivre plus de 20) lesquels je garderais. Ca permet de recentrer ses intérêts sur l’essentiel. Cela reste dur pour moi de ne choisir qu’un thème cependant.
    Allé, un petit teasing sur ta méthode Jean Philippe, même s’il ne faut pas tt dévoiler avant la sortie de l’ebook ? ? 🙂

  11. Jean-Philippe says:

    Merci Mickael de partager ta façon de faire !

    Je reste persuadé que parmi les 2 ou 3 thèmes restants, un seul pourrait utiliser la majeure partie de ton énergie pendant plusieurs années… alors, si tu es d’accord pour les dévoiler, quels seraient ces 2 ou 3 thèmes dans ton cas ?

  12. Mickael says:

    Alors,
    – le marketing et la relation client (surtout l’emarketing et le social marketing, inclus également les nouveaux concepts de services, magasins),
    – Tout ce qui tourne autour de la propagande, la désinformation et la manipulation mentale (finalement un prolongement du marketing)
    – le développement personnel. Plus un support sur ma facon de vivre qu’un centre d’intérêt
    – la prospective/les tendances (suivre/humer les nouvelles tendances, inclus le web2, imaginer les suivantes, rencontrer des etranger pour voir comment ils vivent etc.)

    Apres j’aime la cuisine, la photo, l’Asie, mais c’est périphérique

    Dur exercice!! 🙂

  13. Jean-Philippe says:

    Merci Mickael de partager ainsi tes centres d’intérêt ! J’apprécie beaucoup et peut-être que cela pourra en aider d’autres. 🙂

    Donc mon idée, c’est qu’un scanneur a toujours une “dominante” et si j’analyse bien tes tendances – je peux me tromper – la 1, 2 et 3 seraient sous la même dominante qui tournerait autour de “la force des idées” (marketing, désinformation, propagande, prospectives). Ensuite tes autres intérêts incluraient le développement personnel, la cuisine, la photo, l’Asie, etc.

    Quand je fais le même exercice que toi, ma dominante tourne autour de la communication avec les gens. Dans le passé, j’ai fait beaucoup de radio, de la télé et maintenant, tu vois, je suis dans l’écriture par ce blog et mes histoires.

    L’avantage des scanneurs, c’est qu’on est mobile et à l’aise sur plusieurs tableaux. Par exemple, je suis reste cool face à un micro, devant un public, tout bêtement parce que j’ai beaucoup d’expérience et donc je peux parler de mon blog sans problème et faire passer les idées qui me paraissent importantes pour d’autres.

    Toi, je suis persuadé que c’est la même chose. Avec tes 3 tendances tu dois avoir des connaissances absolument fantastiques qui te permettent de voir bien plus loin que quelqu’un qui serait très pointu sur le marketing, par exemple. 🙂

    Voilà, en résumé, une partie de ce que je développe dans le guide des scanneurs !

  14. Leodm says:

    Content de lire un nouvel article de Jean-Philippe sur le sujet des scanneurs.

    Je me posais également la question du scanneur face à l’accumulation de la masse de savoir dans le forum des scanneurs: http://www.viedaltruiste.com/scanner/viewtopic.php?f=11&t=6&p=7&hilit=vaste#p7

    Mais pour moi qui suis scanneur, hors de question de choisir un dominante (oui le scanneur est aussi procrastineur et peut se mettre en veille si on tente de lui imposer quelque chose 🙂 . Ne serais-ce qu’y penser ferait qu’elle perdrait tout son interêt. Il y a plusieurs profiles de scanneurs (comme l’explique B. Sher), alors peut être que pour certain profiles ça pourrait fonctionner, mais en tant que plate spinner je me vois mal me cantoner à une seule tache, idem pour le “good enough job”.

    Pour moi, l’avenir du scanneur est dans l’association, le travail collectif, comme tu l’aborde au sujet d’Intel.

    Tout le monde n’a pas la chance d’Elon Musk qui lance sa premiere boite en pleine bulle internet, la revend et utilise le pactole engrangé pour lancer de nouveaux projets avec succès. Je crois que le scanneur riche nage dans le bonheur, car il peut faire concrétiser ses idées par d’autres, en les payants. B. Sher aborde ce sujet dans son livre en expliquant qu’il faut pousser son idée jusqu’au point on peut la passer à d’autres, en prenant des employés ou en revendant.

    Un exemple français de scanneur entrepreneur à succès. Patrice Cassard qui créée le site LaFraise (Tshirtgraphistes), le revend et vend aujourd’hui des chaussettes Made in France sur internet avec le même succès, tout en grouillant de nouvelles idées…

    Donc de mon point de vue, le scanneur pauvre à besoin des autres. Mais pas de n’importe quels autres.

    Je suis par exemple confronté à un gros problème. J’ai des idées, le temps de mettre en œuvre la première phase (la création) mais je manque ensuite terriblement de temps pour m’en occuper et les inscrire dans la durée.
    Alors j’ai cherché du coté des amis si certains étaient intéressés pour prendre la relève mais ils sont rares.

    Par chance pour un de mes projets, je viens de trouver une association pouvant prendre ma relève dans la 2e phase. Le projet s’appelle LesMainsVertes (http://www.lesmainsvertes.org). J’ai monté le site il y a 2 ans, mais comme tout bon scanneur je suis passé à autre chose et manquait énormément de temps pour m’en occuper. Une association passant par là a trouvé l’idée intéressante, et on s’est donc réparti les taches. Je gère l’aspect programmation et fonctionnalités et ils s’occupent de faire vivre le site et de sa promotion. Bilan: mon projet continue de vivre, et l’association y trouve un moyen d’expression et un outil pratique. Je croise les doigts mais je penses que ça peut être un bon moyen d’éviter de passer à autre choses en perdant tout ce qui a été réalisé.

    Dans ce cas j’ai eu de la chance mais ce serait beaucoup plus facile en créant un écosystème de scanneurs.

    Ce serait gagnant/gagnant:
    -On lance une idée et on commence à la développer (moment que le scanneur apprécie fortement)
    -Quand on en a marre on la partage avec un autre scanneur qui y trouve a son tour un moyen de changer d’activité.

    Dans ce cas, rien de plus facile de trouver d’autres personnes pour partager, puisque le turnover est naturel du fait que le groupe n’est constitué que de scanneurs.

    Enfin, c’est une idée comme ça. Peut être que ça n’est pas faisable (je pense aux problèmes de propriété intellectuelles, du vol d’idées) mais je pense que ça pourrait être une solution.

    PS: j’aurais bien relu ton Ebook mais je ne suis pas vraiment bon en orthographe, donc je risquerais de te le rendre avec plus de fautes qu’au départ.

  15. Leodm says:

    Encore moi…

    Et si le problème était justement lié à la propriété intellectuelle? Pour moi c’est un frein au progrès et celà empéche des idées de voir le jour si on n’a pas les moyens de mener le projet d’un bout à l’autre.

    Aujourd’hui en effet il me semble très difficile de créer un nouvelle marque d’automobile. Mais l’opensource pourrait être une solution:

    http://www.osgv.org/

  16. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Leodm ! Tu proposes beaucoup d’idées intéressantes et j’espère qu’elles rallieront d’autres scanneurs qui pourront les étoffer. 😉

    Personnellement, je m’éloigne un peu de Barbara Sher et de ses classifications qui sont très bonnes mais un peu comme des boites pour moi. Je défends l’idée – c’est simplement mon point de vue – de la dominante chez le scanneur. Je l’ai un peu expliqué au-dessus avec Mickael et je crois que tout être humain à une dominante, un secteur qui l’attire plus que d’autres. Cela peut aussi changer au bout d’un certain nombre d’années, en murissant.

    Alors tu vas me demander, mais pourquoi on saute d’une chose à une autre ? Je pense à plusieurs raisons.

    En grandissant on ne nous a pas laissé expérimenter – par exemple les parents ont imposé un métier – et donc nous continuons à chercher cette dominante. On peut aussi avoir peur de s’engager une fois la dominante trouvée, peur de se retrouver enfermé parce que dans le passé on a passé des années à faire quelque chose que l’on avait fini par détester.

    Ou alors, on avait trouvé ce qu’on aimait vraiment, du fond du cœur et, cela a été méprisé, rejeté ou tout simplement balayé d’un “Tu plaisantes ?” par ceux qui nous voulaient du bien. Alors depuis, on erre dans une quête qui nous ramènera à notre point de départ.

    Voilà comment je vois les choses mais, bien sûr, je ne détiens pas LA vérité et heureusement ! 😉

  17. Cora says:

    Bonjour Jean-Philippe,

    Je suis arrivée a votre blog via un commentaire laissé sur le blog de Paolo Coelho. Je trouve l’article trés intéressant, mais je pense que vous avez oublié que les fondateurs d’Intel et Elon Musk… et tous ces gens (les rêveurs) qui arrivent à Silicon Valley sont un esprit de fer. Parfois, c’est comme s’ils sont devenus fous; ils croient tellement dans leurs idées, ils peuvent pas pensés d’autre choses.

    En tout cas, j’aime lire vos articles.:) Je suis desolée si mon français a plein d’erreurs, je suis américaine… et j’habite prés de Santa Clara. 🙂

  18. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Cora pour votre commentaire ! Vous avez raison, j’ai pris des exemples très forts de scanneurs mais en fait, chacun fait avec sa propre énergie et ses propres désirs. 🙂

    Your French is absolutely delicious ! I spent 10 years living in LA and I have great memories from California. I always do respect Americans learning a second or third language. After all, you could just travel the world using English. Keep going Cora and kudos again for your handle of my native language. 😉

  19. Mickael says:

    Merci pour l’analyse Jean-Philippe, c’est toujours intéressant d’avoir un avis extérieur sur soi, stt quand il est expert ! 🙂
    Ca parait bete mais, avoir une phrase “force de idées” “communication avec les gens”, pour s’auto pitcher, c’est assez liberateur !

  20. Jean-Philippe says:

    Merci pour ta participation ! C’est un exercice tout bête à faire – que je propose dans le guide – mais en donnant un titre personnel à sa dominante, ça éclaire et ça peut donner une direction. 😉

    PS : tu me permets de citer ton exemple dans l’ebook ? (avec lien vers ton blog)

  21. Mickael says:

    Avec plaisir 😉

  22. Jean-Philippe says:

    Superbe ! Merci beaucoup. 🙂

  23. Mikaël says:

    Articles de grandes qualités, c’est intéressant de pouvoir se réfléchir autrement, par le biais d’un angle nouveau, une expression nouvelle en l’occurrence celle de scanner. Si l’on fait abstraction de celle-ci, qu’elles sont les mots qui peuvent la remplacer ? J’ai l’impression que l’on passe très rapidement dans le jargon psychanalytique. Ce n’est que mon avis mais remplacer scanner par obsessionnel, fantasque, bizarre, capricieux, changeant, lunatique, désordonné, et il devient beaucoup plus difficile de se projeter sereinement, la crédibilité devient fragile. Le sens de ces mots résonnent de façon plutôt négative, d’une certaine façon ils vont même a l’encontre de gros principes, du développement, de la croissance et de l’équilibre, et franchement qui peut être contre le développement ou contre l’équilibre ? Personne évidement. Du coup il n’est pas rare de rencontrer des « scanner » isolés, en proies aux doutes et à l’échec, enfermés dans les limites du langage. La vie n’étant toujours une affaire facile, pour la mener a bien et ne pas perdre courage quand des problèmes surgissent, il est indispensable d’acquérir une force intérieur, permettant de se tenir debout seul, une conscience de son potentiel, une certitude que nous pouvons toujours nous améliorer, nous corriger et que rien n’est jamais perdu, et c’est la que ce mot revêt un pont pour beaucoup, enfin c’est là que je le trouve pertinent. Bref, ce que j’essaye de dire, plus simplement, c’est que le concept du scanner est excellent! Pour preuve, des idées en jaillissent même pour certains ! Je trouve les articles de votre blog très intéressants, bravo d’être aussi créatif et d’inspirer les autres, encore une preuve, je n’écris que rarement, ce n’est pas franchement ma « dominante » et pourtant …

  24. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Mikaël pour ce long développement ! C’est une belle analyse de la situation actuelle pour beaucoup d’entre nous. Mais, comme vous le dites, c’est là que, paradoxalement peut-être, se trouve la force du scanneur. Fruit de nombreuses expériences dans des domaines différents, il ou elle est mieux à même de s’épanouir dans la dominante qu’il/elle s’est choisi ou dans la dominante qui l’a choisi(e). 🙂

  25. Fabrice says:

    La multiplication des choix possibles dans notre société ne favorise-t-elle pas l’augmentation des scanners? C’est une des thèses du très intéressant livre de Barry Schwartz “le paradoxe du choix”

  26. Jean-Philippe says:

    Merci Fabrice d’amener la discussion sur cet excellent livre de Barry Schwartz ! Si je me souviens bien, il critique cette multiplication des choix possibles, source de stress aigu et origine d’un retour à la simplicité, au minimalisme, etc.

    Pour moi, un scanneur qui trouve sa dominante n’est pas concerné. Et puis, le scanneur “pré-dominante” a besoin de vivre diverses expériences pour s’enrichir. C’est ce qui fera sa force plus tard. Donc, il ou elle vit sa scannitude en sachant que cela est bon pour lui/elle, que c’est important pour se sculpter en temps qu’être humain.

    C’est mon point de vue – celui que je défends dans mon ebook – mais je ne détiens pas “la” vérité. C’est simplement celle qui fonctionne pour moi et je l’espère, pour d’autres. 😉

  27. fabrice says:

    Je n’en suis qu’à la moitié Jean-Philippe mais en gros il fait la distinction entre MrPlus (qui est exigeant et hésitant face aux choix qui s’offre à lui) et Sam Suffit qui se prend moins la tête dans les choix.
    En gros, pour lui, Mr Plus et un plus grand choix rend plus malheureux. Bon, je sais pas si il parle forcement de scanner car pour l’heure il parle surtout de choix plus modeste.

    Un scanneur a forcement une dominante pour toi?

  28. Joel says:

    Je me pose une question fondamentale.

    Un élève à l’école qui est bon en tout et qui aime tout. Vraiment excellent autant en histoire, en littérature, en math, en langues mortes, en langues étrangères, biologie, chimie,… et même en éducation physique.

    Scanneur ou pas?

    Et s’il est bon en tout et qu’il aime tout, il fera quoi dans la vie? Il sera constamment satisfait de ce qu’il fait? Ou il sera toujours frustré de passer à coté de ce qu’il ne fait pas?

    -> désolé pour cette mast***ation mentale

  29. Je viens de lire aussi cet article sur la fortuitude et la sérendipité :
    http://www.portail-des-pme.fr/reflexions/1270-la-qfortuitudeq-serendipite–don-du-ciel-pour-managers-l-agiles-r–
    Que de vocabulaire 🙂

  30. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Laurence ! Très bon article et très bien documenté. Le mot fortuitude est beau et je ne le connaissais pas. A utiliser donc. 😉

  31. Kowa says:

    C’est drôle la sérendipité me fait penser au mythe grecque de la métis (la première femme de Zeus avant Héra, et mère d’Athéna je crois). Et c’est aussi a rapproché du concept (grecque également) du Kaïros. Il y a peu de littérature sur ces thèmes mais c’est passionnant. Je vous laisse faire vos recherche (je suis sûr que ça vous titilles!

    Ps: Jean-Phillipe, j’attends ton e-book sur la scannitude avec impatience! Quand apparaitra-t-il? Est-il déjà là sur ton blog sans que j’ai pu le voir ou faut-il en faire la demande? Une réponse viiiiiiiite!!!

  32. Jean-Philippe says:

    Merci Kowa pour ton commentaire ! Tu vas rire mais j’ai un article sur Kaïros dans mes archives que j’ai écrit il y a presque un an. Malheureusement, je n’ai pas eu l’opportunité de le publier… mais je vais le remettre en haut de liste. 😉

    Le guide arrive, promis ! L’écriture est terminée et les abonnés à la newsletter vont en recevoir un extrait en exclusivité. 😀

  33. Kowa says:

    Bon ben je vais de ce pas m’inscrire sur la newsletter! Et mon impatience est dès à présent doublé: Impatient pour l’E-book;Impatient pour ton article sur le Kaïros!

  34. Je veux juste vous dire merci pour les informations que vous avez été partagé pour les lecteurs nous. Merci de poster ce genre de thème.
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  35. Andy says:

    Très intéressant.

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