La main qui voulait être heureuse

Par le 20 April 2013
dans Des histoires

La main qui voulait être heureuse, comme Laurent Gounelle

Je participe, avec beaucoup de plaisir, à “Agir ? Réagir ?” un évènement organisé par Didier Thiellet du blog Le voyage du lâcher prise soutenu par de très nombreux blogueurs. Je vous propose ci-dessous ma contribution, sous forme d’histoire, dont vous pouvez lire toutes les 4 parties d’un trait (c’est rare !) en vous rendant sur les blogs participants. Laissez-vous guider ! (Temps de lecture : environ 15 minutes.)

Lucas se réveille.

Dix secondes lui sont quand même nécessaires pour savoir qu’aujourd’hui, c’est lundi.

Hier, en plus, il s’est couché tard. Un vieil ami, qu’il n’avait plus vu depuis longtemps, l’a appelé pour aller diner dans un restaurant marocain. Lui qui n’aime pas le tajine. En plus, il a dû supporter ce copain d’enfance qui n’a pas arrêté de lui mettre de grandes tapes dans le dos.

Quitte à lui faire recracher des morceaux de légumes.

Mais aujourd’hui, c’est boulot.

Et c’est pas beau.

Lucas n’aime pas son travail. Il le déteste. Aligner les chiffres toute la journée en temps qu’aide-comptable, ce n’est pas une vie. Enfin, c’était un métier sûr, avec un avenir tout tracé.

Lui, ce qu’il aime Lucas, c’est le golf et le grand air, pas être enfermé dans un bureau qui sent le moisi. Ou presque.

C’est pourtant là qu’il va passer toute la semaine et la semaine après ça. Et le mois suivant. Et les années à venir.

En attendant, son prochain rayon de soleil seront ses prochaines vacances qu’il consacrera à sérieusement améliorer son handicap.

Car Lucas est aussi un peu compliqué. Il n’aime pas le golf du dimanche. Ça, dit-il, c’est pour les amateurs. C’est pour les petits bras qui ne font pas assez swinguer le club. Ils ne mouillent pas assez le polo.

Alors, c’est pour ça qu’il serre les dents. En attendant les prochaines vacances. Dans quatre mois. Cent-vingt et un jours.

Il s’assoit sur le bord de son lit en poussant un soupir. Il allonge le bras pour l’étirer, le ramenant ensuite vers lui pour se gratter la tête.

Et là, il se prend une claque.

Bien sonore. Sur la joue.

Lucas pousse un cri, surpris.

Il regarde sa main. Il vient de se donner une belle baffe. Le seul problème, c’est que ce n’est pas ce qu’il voulait faire. Il voulait juste se gratter le sommet du crâne. L’aide-comptable hoche la tête et met ça sur le compte de la mauvaise nuit qu’il vient de passer ainsi que sur les renvois de tajine.

Il avance à nouveau la main parce que ça le gratte toujours, là-haut, et, dans un mouvement vif, il reçoit un deuxième soufflet.

“Qu’est-ce que…” commence-t-il, maintenant complètement réveillé.

Perplexe, il avance encore une fois la main, l’approche de la joue et cette fois-ci attend, en la regardant du coin de l’œil. Le résultat ne se fait pas attendre. La main – sa main ! – lui met une troisième claque.

Vive et sonore comme un coup de fouet dans la pampa mexicaine.

Lucas bondit hors de son lit, la main à bout de bras.

“Qu’est-ce que c’est que ce… ?” dit-il tout haut.

En même temps, il s’adresse à sa propre main. Cette dernière semble faire bouger les lignes de sa paume dans un petit rictus, comme si elle le narguait. Lucas croit devenir fou.

“Hé, c’est moi qui commande !” crie-t-il aux doigts de sa main.

Il se dit qu’il est stupide de parler à sa propre main. Mais son pouce, qui semble être le chef de la bande, lui tourne le dos, suivi de l’index et de tous les autre doigts. Cela provoque une torsion de son poignet qui envoie Lucas au sol dans un splendide vol plané que ne renierait pas un judoka médaille d’or.

Sauf que là, il n’y a pas de tatami olympique, ni d’adversaire japonais. Il est tout seul Lucas. Les yeux écarquillés. Les quatre fers en l’air et le dos en compote.

Il n’ose pas regarder sa main. Il sent qu’elle l’épie.

Et si je l’ignorais ? pense-t-il.

Il se relève vite, met sa main frondeuse dans sa poche et descend à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. La préparation nécessite un certain temps parce que se faire son café et ses tartines avec une seule main – la fidèle – ce n’est pas facile.

Lucas pense soudain aux handicapés, à ceux ou celles qui ont perdu l’usage d’un bras et d’un coup, il a une appréciation toute différente pour les membres de son corps. Ils sont là, on n’y prête jamais attention mais si l’un d’entre eux “se rebelle”, la vie, si facile, change complètement.

La table de la cuisine est d’ailleurs zébrée de confiture de fraises et couverte de miettes. La bataille a été rude pour se faire une tartine. Il se dit qu’il nettoiera quand tout sera rentré dans l’ordre.

Parce que, forcément, tout va rentrer dans l’ordre.

Et puis, il ne veut pas surtout pas se mettre en retard. Son chef, Bouvier, le tuerait. Lucas tremble rien qu’en y pensant. Ses boyaux se tordent déjà et il sent une sourde angoisse monter en lui.

En plus, avec cette main rebelle, sa “compta” ne va pas aller très vite mais c’est jouable avec l’autre, la fidèle, vu qu’il fait tout par ordinateur à coups de clics.

Ses tremblements finissent par disparaitre, lui laissant un arrière-goût amer dans la bouche et le souffle court.

Face au miroir de la salle de bain, Lucas tente une sortie prudente de sa main rebelle. Ça serait quand même pratique qu’elle coopère pour qu’il puisse se raser. Il ne peut pas se présenter devant Bouvier avec une barbe de deux jours.

La tenant à distance respectable, il fait jouer ses doigts. Tout à l’air normal.

Avec un peu d’angoisse, il la pose sur sa joue encore rouge… mais non, rien ne se passe. Il caresse sa barbe naissante… sa main semble être redevenue soumise et obéissante.

Il la regarde, incrédule, se demandant s’il n’a pas rêvé finalement. Il croit encore voir un sourire se dessiner dans les plis et les lignes, au creux de la paume.

Il cligne des yeux, toujours soupçonneux.

Il fait quelques mouvements en secouant son bras, comme s’il voulait détacher sa main. Elle ne réagit pas. Il la lève au niveau de ses yeux. Il lui fait faire quelques huit imaginaires dans le vide.

Elle suit. Passive. Comme une bonne main.

Il essaie de faire claquer ses doigts. On entend le “clac” des phalanges qui s’entrechoquent.

Tout va bien.

Tout est vraiment redevenu normal.

“Yo !” dit Lucas, en faisant encore claquer rythmiquement ses doigts sur une mélodie d’un vieux rap de Gang Starr qu’il connait bien. “Moment of truth !” fredonne-t-il, en utilisant maintenant ses deux mains pour battre la cadence. “Yes !” continue-t-il, heureux d’être à nouveau maitre à bord, “‘cause you must meet your moment of truuuth !…”

Les deux mains battent à l’unisson. Ça le rassure.

Soulagé, Lucas, ouvre le robinet d’eau chaude, s’humidifie les joues et le cou avant d’attraper sa mousse en bombe. Il s’en met une noix dans la main et l’étale sur la surface de sa peau rapeuse.

Il siffle toujours. Il ne sait pas pourquoi ce rap précisément, mais c’est ce qui lui est venu à l’esprit.

“Moment of truth !” chante-t-il maintenant à tue-tête, histoire d’oublier sa mésaventure matinale… L’instant de vérité. Il se sent vraiment soulagé que tout soit redevenu normal. Pendant un instant, il a cru qu’il allait basculer dans un monde folie, comme cela arrive dans les mauvais films aux scénarios mal ficelés. Des trucs impossibles. Il pousse un grand soupir de soulagement. Yes, ce matin, même la compta, il sent qu’il va adorer ça.

Finalement, il est heureux dans sa petite existence d’aide-comptable.

Elle est pas belle la vie ?

Un sourire illumine son visage alors qu’il se regarde dans la glace avec la mousse bien étalée sur les joues, le menton, le cou.

Et puis, il la voit s’avancer, lentement, dans le reflet du miroir.

La main rebelle s’élève et lui envoie une grande claque. La mousse gicle de partout et Lucas, les yeux rivés sur la glace, se voit, entre les projections de mousse, pétrifié, les yeux ronds, avec maintenant de la terreur dans les pupilles. Comme dans les mauvais films où les acteurs en font des tonnes.

La main est toujours collée à son visage, comme si elle en était la propriétaire. Les yeux de Lucas descendent lentement vers la pointe de ses doigts qu’il aperçoit sur le haut de sa joue.

Étonnamment, sa main se laisse faire quand il la retire de sa joue. Il la regarde comme un objet complètement étranger. Il sent bien que ses doigts l’observent aussi.

il sait qu’il ne devrait pas lui parler, que ça va le faire devenir fou. Mais il ne peut pas s’empêcher de lui poser la question qui viendrait ensuite dans le film de série B, alors que la caméra zoome avant, sur une musique dramatique.

“Qu’est-ce que tu veux ?”

————

Pour lire la suite :

2eme partie sur le blog de Patrice Decoeur Succès-marketing.
3eme partie sur le blog de Delphine Positive-attitude.
4eme partie ci-dessous.

————

4eme partie et fin. (N’oubliez pas de lire les 2 parties précédentes !) 😉

Lucas se laisse guider par ses membres mais très vite il devine où ils l’emmènent.

C’est logique, pense-t-il. Ce n’est pas pour rien qu’ils m’ont forcé à mettre ma tenue de golf. Une fois garé au club-house et ayant repris le contrôle de ces bras et jambes, il remarque les regards surpris des employés qui ne l’ont jamais vu débarquer en semaine.

C’est calme.

Il y a un joli soleil qui se lève dans le matin frais.

Le parcours est vide. On entend juste un bruit de sécateur dans un bosquet, pas loin.

Lucas comprend qu’il va vraiment apprécier son 18 trous. C’est vrai, il ne lui était jamais venu à l’idée qu’il puisse faire ça. Casser les règles, s’autoriser une escapade, se moquer du qu’en dira-t-on.

Alors qu’il s’avance vers le départ du premier trou, un par 5, Lucas respire. Pas comme on respire lorsque l’on entre dans son bureau pour y rester 8 heures enfermé, mais comme on le ferait en sachant que les heures à venir seront superbes. Et trop courtes.

Il prend un fer 4. Il effectue quelques mouvements pour s’étirer puis pratique un peu son swing. Le swoosh du club fendant l’air et faisant voler la rosée a quelque chose de vraiment savoureux, dans la brume matinale.

Il pose sa balle sur le tee.

Il enfile son gant. Il s’arrête. Il l’enlève pour regarder cette main rebelle.

Ce matin, commencé comme un cauchemar, c’est terminé en rêve.

La main en l’air, à quelques centimètres de son visage, il fixe cette paume et ces cinq doigts qui semblent encore une fois lui rendre son regard.

“Je dois donc vous dire merci pour tout ?” dit Lucas, tout haut, dans le matin cotonneux.

Sa main – évidemment – ne lui répond pas. Il continue.

“Je ne me serais jamais cru capable de tout ça mais maintenant que je suis là, j’en suis très heureux vous savez ?… Alors peut-être qu’il faudrait vraiment que je vous remercie ?”

Sa main s’approche de son visage et tapote sa joue, comme on le ferait à un enfant.

Lucas ne se pose plus de questions. Il rougit juste un peu sous cette caresse. Comme un homme qui retrouve son cœur d’enfant. Il tremble un peu. Il fait frais ce matin.

“Merci à vous…” souffle-t-il encore.

Une voix se fait entendre derrière lui.

“Dites, vous parlez à qui ?”

Lucas fait volte-face et se retrouve nez à nez avec l’un des jardiniers du club, sécateur en main. Il cache sa main dans sa poche et rit bêtement.

“Moi ? Je… je, je parlais à ce magnifique paysage, voilà…”

Le jardinier le regarde d’un œil sceptique.

“Oui mais vous aviez la main en l’air et vous vous adressiez bien à elle, non ?”
“Non, je l’utilisais pour me protéger du soleil pendant que… je récitais une ode à la nature. J’ai le droit, non ?”
“Oui mais le soleil est derrière vous…”
“Dites, vous êtes jardinier ou détective, vous ? Je peux me concentrer maintenant ?”

Le ton est sec. L’homme en tenue verte se recule.

“En tout cas vous avez raison. Le matin, comme ça, c’est vraiment l’un des plus beaux moments, ici. Je vous laisse en profiter. Désolé.”

Il fait demi-tour et s’éloigne.

La main de Lucas, dans sa poche, lui pince la jambe d’un coup.

“Aïe !”

La jardinier se retourne.

“Quoi ?”
“Non, non… rien…”

L’homme le regarde d’un air suspect et puis repart en haussant les épaules.

Lucas tire la main de sa poche et lui fait les gros yeux en silence.

Cette dernière reprend vie et pointe de l’index vers le jardinier.

“Quoi ?…” crie Lucas d’une voix étouffée, pour ne pas se faire entendre.

La main le pointe lui, puis à nouveau le jardinier. Intuitivement, l’ex aide-comptable comprend. Il s’élance vite derrière l’homme.

“Hé, attendez !…”

Le jardinier se retourne, ennuyé par ce lunatique de golfeur. Lucas le rattrape.

“Écoutez, je ne sais pas ce qui m’a pris mais excusez-moi pour mon attitude, juste avant, d’accord ?” Sa main, étrangement se réchauffe et il a une furieuse envie de toucher le jardinier.

“Mais monsieur, ce n’est pas grave et…”

La main de Lucas s’est posée sur son bras. Le regard de l’homme se tourne vers elle puis revient vers Lucas. Il hoche la tête.

“Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude. On n’est pas toujours bien traités ici. Mais merci… ça fait chaud au cœur.”

Il est souriant. Étrangement souriant. La main de Lucas relâche sa prise sur son bras et le jardinier s’éloigne avec un dernier grand salut des doigts ouverts, auquel Lucas répond, la main haute dans le ciel bleu parsemé de quelques nuages.

Ce dernier a un petit pincement au cœur en voyant le jardinier disparaitre derrière les bosquets, où il reprend la taille d’une haie.

Lucas respire un grand coup, soulagé, léger ou heureux, il ne sait pas trop. Ou peut-être les trois en même temps.

Il revient au départ du premier trou.

Il sent une confiance nouvelle monter en lui.

Bouvier ? Ce n’est pas grave, de toute façon il a assez d’économies pour voir venir. Et puis il peut faire pas mal de choses dans le domaine du golf…

Clara ? Il est déjà au septième ciel…

Son club se lève d’un mouvement ample et sûr.

On entend un swoosh ferme et net avant que la balle ne s’élève dans le ciel bleu. Les nuages paraissent même s’écarter pour la laisser passer.

Bouche bée, Lucas la regarde tout là-haut, voler, planer, ne voulant pas redescendre. Quand elle retombe enfin, l’ex aide-comptable a un grand sourire. Il va pouvoir tenter un birdie dès le premier trou, pourtant si difficile. Voilà qui commence bien.

Il replace son fer 4 dans son sac, cale ce dernier en bandoulière et s’éloigne, rêveur. Tout en marchant, après avoir enlevé son gant, il regarde à nouveau sa main.

Il sent en lui une pointe déception. Il ne sait pas pourquoi.

Juste après qu’il ait disparu derrière la colline, on entend un grand cri, là-bas derrière les bosquets.

Le jardinier apparait brusquement en courant, regardant autour de lui.

Il n’y a plus personne.

Il est seul.

Mais il tient sa main à bout de bras.


——

Merci à vous de m’avoir lu jusqu’au bout et n’hésitez pas à commenter ci-dessous. Vous aimez mes histoires ? Découvrez-en de nouvelles sur ma page Amazon. 🙂

(Photo : Mattia75)

Commentaires

34 commentaires pour “La main qui voulait être heureuse”
  1. céline says:

    cette main ,elle semble être la gardienne des émotions avec en plus un côté impulsif ou “coup de pied au c***” qui amène enfin à agir pour un peu de bonheur!!
    du coup, je regarde la mienne, de main….et si elle détenait ce que ma tête n’ose pas encore mettre en place?? 🙂
    en tout cas, merci , ce texte est parlant, poétique et en même temps un peu délirant…

    • Excellent point Céline ! Peut-être que la main “sait” déjà ce que le cerveau se refuse à penser ou à s’autoriser. Ça ne donne des idées pour une suite ça… 🙂

  2. Romain says:

    excellent article !! j’ai beaucoup aimé ton style
    Les mains racontent souvent ce que les mots n’osent pas dire !!

  3. fati says:

    Flûte !!! Je n’ai pas compris la fin !!! Help !

  4. fati says:

    Oui oui ! j’ai tout lu ! mais j’ai beau relire la fin, je ne comprends pas la chute ! Certainement la fatigue ! ou l’âge ! haha !!!

    • L’age n’a rien à voir là-dedans Fati ! Tu es surement même plus intelligente-créative qu’à 20 ans avec tes acquis d’expérience. 😉

      Relis le texte à tête reposée… et suis la main !

  5. Thiellet says:

    Salut Jean-Philippe.
    Le découpage en 4, qui t’a peut-être obligé de te découpé en 8, est très sympa pour la suspens. Et ce que tu as écrit prends bien du sens à chaque découpe. Je trouve que c’est un mélange de la bande dessinée “déclique” de Manara et du film “Blue up” d’Antonelli.

    Une petite critique, la quatrième partie me semble se vouloir poétique et tendre, je crois que cela aurait mérité d’être encore plus creusé. Mais la fin, oh, bien vu. Une question d’ailleurs, mais qu’est-ce que va faire le jardinier ? (t’as vu, j’ai employé le mais dans l’autre sens. 🙂 )

    Bien à toi.

    • Merci Didier ! (Et aussi pour ton organisation “mastodontienne” !)

      Si tu me parles de Blow-Up d’Antonioni, là, déjà, je frissonne. C’est un film que je revois régulièrement et qui me fascine toujours autant.

      Oui, la fin, c’est mon côté j’aime-bien-les-histoires-qui-finissent-bien (en général). Les grandes lignes de la suite sont d’ailleurs prêtes… à être écrites. 😉

  6. Thiellet says:

    Salut Jean-Philippe.

    J’aime bien la fin. Juste j’ai trouvé que le rythme baissait dans la quatrième partie, qu’il y avait quelque chose qui chutait. Il me semble que cette partie aurait gagné en lui donnant encore plus de tendresse, de beauté, de nature, justement dans la représentation photographique comme dans blow up (excuse de l’écorcherie irrespectueuse). Tu te souviens la fin de ce film, avec les clowns qui miment un match de tennis. Il n’y a pas de son, la nature est présente, les gestes ressortent, c’est le côté négatif de la photo, puis le son arrive.
    Maintenant ma critique se veut constructive et n’est que la mienne. Et j’aime bien m’exprimer sur les deux plans, et être franc. N’hésite pas avec moi, aussi. Les commentaires mielleux s’ils sont faux, cela me f…. heu non, pas là, Didier.
    @+ mon ami.

  7. Jean-Pierre says:

    apparemment c’est contagieux… mais la fin est-elle volontairement si cryptique ? ou tu n’avais pas toi cette impression ?

  8. Amibe_R Nard says:

    Petite explication de texte sur mon sentiment de lecteur

    Lucas comprend qu’il va vraiment apprécier son 18 trous. C’est vrai qu’il ne lui était jamais venu à l’idée qu’il puisse faire ça comme ça.

    [phrase lourde, trois qu’il]

    Casser les règles, s’autoriser une escapade, se moquer du qu’en dira-t-on.

    Alors qu’il s’avance vers le départ du premier trou, un par 5, Lucas respire. Pas comme on respire en entrant dans son bureau pour y rester 8 heures enfermé mais comme on le ferait quand on sait que les heures qui vont suivre vont être superbes.

    [phrase lourde, en quand que qui et longue]

    Il prend un fer 4. Il fait quelques mouvements pour s’étirer puis pratique un peu son swing. Le swoosh du club qui fend l’air et fait voler la rosée a quelque chose de plus que savoureux, dans la brume matinale.

    [qui quelque que alourdissent aussi]

    Beaucoup de faire dans chacune d’elles.
    Or le verbe faire, ça rouille avec le temps. 🙂

    qui n’a pris
    => qui m’a pris

    voilà qui pourrait expliquer le sentiment de moins agréable que l’on ressent sur le début de la quatrième partie.

    Ce qui ne va pas aussi, c’est :
    “Oui mais vous aviez la main en l’air et vous vous adressiez bien à elle, non ?”

    Ça laisse supposer que la main du jardinier sait.
    Qu’elle est dans la connivence. (ce que j’ai cru)

    Si tu supprimes cette phrase, ton personnage peut continuer :
    “(Non : à supprimer), je l’utilisais pour me protéger du soleil pendant que… je récitais une ode à la nature. J’ai le droit, non ?”

    Sans que le texte en soit perturbé. Ni le lecteur.

    Il y a aussi que la main devrait logiquement serrer une autre main, et non pas juste toucher un bras. La symbolique de la main serrée me paraît plus évidente, à tout point de vue. Une main rencontre une main et se parle un langage de main. L’homme demande la main d’une femme, les poignées de mains sont des gestes de paix, mais aussi de reconnaissance entre mains.

    C’est un langage de mains !

    Bien sûr, tout “ça” n’est qu’une balle de texte au milieu des nuages 😉
    Des mots qui expliquent aux mots.

    Pour le reste du texte, j’aime bien.
    Que voilà une main contagieuse. :o)
    L’Amibe_R Nard

    • Merci beaucoup L’Amibe pour tes commentaires constructifs. J’apprécie ! 😉

      >Ce qui ne va pas aussi, c’est : “Oui mais vous aviez la main en l’air et vous vous adressiez bien à elle, non ?”

      Ici, par contre, je ne comprends par ta remarque. Lucas a sa main en l’air et lui parle. Ça ne peut paraitre que bizarre au jardinier, non ?

      Et puis, pour la poignée de main, c’était ma première idée mais finalement ça me paraissait trop simpliste et “l’âme” de la main pouvait passer de l’un à l’autre trop facilement. Alors que poser sa main sur le bras ou le dos d’une autre personne implique une plus grande empathie, à mon sens. On ne le fait pas comme on serre la main à un inconnu.

      De toute façon, jeu de main, jeu de… 😀

      • Amibe_R Nard says:

        Alors, pourquoi ai-je pensé que le jardinier ne pouvait vraiment comprendre la situation de cette main.

        Parce que tu as dit : ““Merci à vous…” souffle-t-il encore.”

        Ton personnage a soufflé, et un souffle, c’est très discret… ça laisse supposer que tout le reste est dans le même ton.

        Alors, soit ton jardinier a des oreilles de chauve-souris, soit le mot souffle n’est pas le bon.

        Il y a aussi que, de nos jours, avec les oreillettes, tu ne peux plus savoir si les gens te parlent ou s’ils parlent à quelqu’un d’autre. (et ils parlent fort, ces cochons !)
        Or, ton jardinier ne pose pas la question d’une oreillette.

        De nouveau, c’est un peu dissonant.

        Sur un parcours de Golf, les jardins sont aussi très loin des golfeurs… or ton personnage s’est entraîné à donner quelques coups. (“Il prend un fer 4. Il fait quelques mouvements pour s’étirer puis pratique un peu son swing.” )

        Donc, là encore, le jardinier ne peut-être que loin, histoire d’éviter un mauvais coup (de balle ou de club).

        Loin, il ne peut pas bien interpréter le geste de la main, ni voir que ton personnage parle à sa main. A dix mètres, dans un souffle, qu’est-ce qu’il peut bien entendre ?

        Ici, on sent trop que tu as besoin (en tant qu’auteur) que le jardinier comprenne pour que la suite puisse advenir.

        Tu as aussi parlé des employés et non des jardiniers.
        Tu encore dit “Le parcours est vide.”, ce qui laisse supposer que Lucas se sent suffisamment seul pour parler à sa main, sans passer pour un fou. D’où l’idée de distance avec le jardinier.

        Voilà pourquoi, on a un peu de mal à accepter que le jardinier puisse comprendre avec autant de facilité.

        Un enquêteur n’aurait pas procédé autrement… ou alors, c’est mon regard d’enquêteur qui fait que. ;o)

        Bien Amicalement
        L’Amibe_R Nard

        • Merci beaucoup L’Amibe pour ce travail de détective ! Je comprends très bien maintenant pourquoi ça ne colle pas pour toi… et pourquoi ça fonctionne bien pour moi. Je remédie à cela. 😉

        • Voilà L’Amibe, j’ai très légèrement modifié le début de la quatrième partie. Qu’en penses-tu ? 🙂

          • Amibe_R Nard says:

            Excellent !

            Tout y est.

            Deux petites coquilles en passant 🙂
            Juste après qu’il ait disparu derrière la colline, on entend un grand cri, là-bas derrière les bosquets. (après qu’il a disparu : après que = dès que)

            Le jardinier apparait brusquement en courant, regardant autour de lui.
            apparaît

            Mais c’est du détail. 😉
            l’Amibe_R Nard

            • OK, merci beaucoup pour tes conseils, j’apprends !

              PS : Les accents circonflexes ne sont plus obligatoires (pour les verbes) depuis 1990, non ? Ou c’est moi qui m’invente une règle pratique ? 😀

            • Amibe_R Nard says:

              Ah oui, tu utilises la nouvelle orthographe.

              Cependant, tu remarqueras

              “4. L’accent circonflexe disparait sur i et u.
              On le maintient néanmoins dans les terminaisons verbales du passé simple, du subjonctif et dans cinq cas d’ambigüité.”

              C’est cool, ça ne disparaît pas partout. C’est encore plus compliqué qu’avant, il faut se souvenir des exceptions 🙂

              Et quand tu sais que le Chapeau circonflexe a du sens.
              Comme dans Côte : coste, costa del sol…

              Tu te rends compte de toute la perte qu’engendre cette nouvelle orthographe.

              A ce sujet, tu noteras le déplacement du tréma sur ambigüité, dans l’exemple sus-mentionné.
              C’est encore plus simple, on déplace les accents pour simplifier la langue. 🙂
              Et on en rajoute d’autres.

              http://www.noslangues-ourlanguages.gc.ca/bien-well/fra-eng/orthographe-spelling/orthographe-spelling-fra.html

              N’oublie pas d’être cohérent avec toutes les nouvelles règles de l’orthographe ;o)))

              Mais, ce n’est pas grave, j’utilise Word… et il me corrige tout automatiquement. A l’ancienne mode. 😉

              Bien Amicalement
              L’Amibe_R Nard

            • Merci L’Amibe ! Effectivement, je ne savais pas. 🙂

              Mais quand même, écrire gageüre, rongeüre ou exigüité, ça va faire bizarre… et je ne savais pas que le Québec suivait les mêmes changements de règles. 😉

  9. Depuis le début de l’histoire, je regarde ma main. Suis-je normale? ^^

  10. Sinje says:

    Bonsoir,
    Tres belle histoire!
    Etre attentif a tout ses membres, etre attentif tout court, voila un challenge.
    Simplement.
    Merci pour ce divertissement a quatre temps.
    Sinje

  11. Emmanuelle says:

    Merci pour ce bon moment. Que d’imagination! Bien vu au niveau du message…
    J’aime aussi les commentaires instructifs de chacun.

    • Merci infiniment Emmanuelle ! Oui, la richesse d’un blog, c’est beaucoup les commentaires qui vont au-delà du message partagé par le texte. 😉

  12. Nicole says:

    Bonjour Jean Philippe,
    Histoire très initiatique…Les mains sont à l’image de leur propriétaire, elles racontent des histoires et la tienne était pleine de suspens !Parfois, un évènement nous fait prendre conscience des mauvais choix de vie, et en un instant tout peut basculer.La lecture d’une histoire peut nous faire réfléchir également. Merci. Nicole

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