On m’a dit que le bonheur était à portée de main

montagne-bosquet

C’est devenu une quête perpétuelle : la recherche du bonheur… à tout prix.

Bien sur qu’il n’y a rien de mal à vouloir être heureux, tout être humain aspire à rendre ses jours meilleurs mais là où, à mon avis, le bât blesse, c’est que de nos jours, dans notre monde post-industrialisé, on veuille trouver, empoigner et ligoter un bonheur qui ne devrait pas s’arrêter. Pour toujours. Chaque seconde de notre vie devrait être remplie de joie, de smileys et de LOL, tous plus joyeux les uns que les autres.

La vraie vie elle, ne l’entend pas de cette oreille-là.

Atteindre les sommets

Est-ce que je dois vous le rappeler ?

Notre existence d’humains sur cette Terre n’est pas facile. D’une manière ou d’une autre, nous aurons, indépendamment de nos actions, des soucis, des obstacles, des pleurs. De plus, à la fin, cela finira par notre disparition, par un retour à la poussière.

Et le pire de tout, c’est que nous en sommes conscients.

Nous savons que nos jours sont comptés. Nous savons qu’à tout moment, cela peut s’interrompre plus ou moins brusquement. Nous savons qu’en disant au revoir le matin, il n’y a aucune garantie qui prouve que nous reverrons les êtres qui nous sont chers.

Alors, quand vous additionnez toutes ces difficultés, oui, c’est vrai, la vie n’est pas facile du tout.

Heureusement, nous avons un immense atout qu’il ne tient qu’à nous d’utiliser : cette capacité à créer du bonheur. C’est la seule clef qui soit à notre disposition pour rendre l’existence plus tolérable et même, franchement intéressante.

Plutôt que de nous lamenter sur notre sort, il ne dépend que de nous de nous ouvrir pour aller chercher ces ingrédients qui nous rendent heureux.

Ça, nous avons fini par le comprendre, peut-être même trop bien…

Viser les contreforts

Dans nos sociétés modernes, là où le bonheur est aussi simple qu’un coup de fil (parait-il), la recherche du bien-être n’est plus une aventure noble mais est devenue une sorte de guérilla constante. Avec l’avènement des réseaux sociaux et les selfies où je-suis-joyeux-et-je-veux-que-tout-le-monde-le-sache, une course au bonheur suprême est engagée. Chacun-e se doit d’afficher son sourire et claironner sa joie de vivre.

Heureusement, grâce à l’expérience que nous avons acquise de ces réseaux sociaux, nous ne sommes plus dupes. Nous savons que ces clichés colorés ou ces statuts pour crier sa joie de vivre ne représentent qu’un instantané de la personne à un moment donné, peut-être même faux. Bienvenue dans l’ère des faits alternatifs !

Le tout, d’abord, c’est de ne pas se laisser berner (ça on le sait, je viens de le dire) et ensuite de ne pas s’abuser soi-même.

Comment ça soi-même ?

Je sais quand je ne suis pas heureux, non ?

Eh bien, non, pas vraiment.

On considère encore trop souvent le bonheur comme ceci : une vague ininterrompue de volupté aux cris de “O joie infinie ! O extase éternelle !” qui éblouit nos yeux écarquillés de ravissement et qui nous plonge dans une délectation et une jouissance totale, pour tou-jou-reux.

Le XXIe siècle nous a promis, en dehors des Rolex à 50 ans, le bonheur souverain, sans restriction et si on ne l’atteint pas, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche chez nous, les loosers.

Eh bien, moi je dis, looser toi-même !

La colline n’est pas mal non plus

Stop à la course aux joies éternelles !

Si vous ne le saviez pas encore, je vous confirme que c’est impossible. Tada ! Cela vous étonne ? Mais non, toutes ces émotions, pas si reluisantes, que vous essayiez de cacher derrière des super week-ends au ski ou des selfies de vos pieds en tongs sur une plage au soleil, ne trompent personne et surtout pas vous. Le surenchérissement ne sert à rien.

Et lorsque cela devient répétitif, dans un but de garder cette fugace impression de bonheur, c’est la catastrophe.

Vous pourrez aller quinze fois de suite au meilleur restaurant de la ville avec vos amis, cela ne modifiera rien. Au contraire, cela deviendra de pire en pire.

L’ennui poindra.

Pourquoi ?

Les experts appellent cela l’habituation hédonique.

Cela découle de cette formidable capacité que nous avons, nous autres êtres humains à nous adapter à tout type de situation, plus ou moins bon. Le souci, dans le cas du bonheur, c’est qu’on finit par ne plus le voir.

Quelque chose qui nous donnait du plaisir au début, se transforme en une routine d’une morne banalité.

Dois-je vous citer des exemples ? 🙂

Je suis certain que vous en avez déjà découvert dans votre propre existence… n’est-ce pas ?

Ainsi, cette habituation hédonique conduit à une surenchère infinie boostée par les outils de notre XXIe siècle, à savoir internet et tout ce qui grouille autour.

Toujours plus ! Encore et encore ! Moi, moi, moi !

Comme je l’ai dit plus haut, et vous le savez tout autant que moi, cela ne sert à rien, juste à nous rendre un peu plus malheureux et moins résilient lorsque les vrais coups durs de la vie se produisent.

Alors que faire ? (Oui toi qui écrit cet article en te prenant pour un malin, que ferais-tu ?)

Tiens, le joli bosquet

Bah rien.

Vraiment, rien du tout.

Posons notre smartphone. Fermons notre ordinateur. Eteignons notre tablette.

Regardons autour de nous et posons-nous la question : qu’y a-t-il de joli dans ma vie, en ce moment ? Qu’est-ce qui me fait chaud au cœur ? Qu’est-ce qui me donne un petit frisson agréable ?

Voilà, je pense que cela commence comme cela. Tout simplement.

Et puis, on sort.

Oui, on sort de chez soi (ou de sa voiture) et on va marcher sur un chemin, dans la nature, la vraie.

Et on regarde autour de soi, en se posant cette question : qu’est-ce qui me touche à cet instant ? Qu’est-ce qui me fait vibrer à cette seconde ?

Cet arbre solide qui lance ses branches vers le ciel ? Cet oiseau qui, caché dans les feuilles, chante son hymne à la vie ? Cette flaque d’eau dans laquelle se reflète les nuages du temps qui passe ?

Voilà, parfait, vous y êtes. Prêt-e-s pour l’étape suivante.

Dans votre passé, rappelez-vous un moment qui illumine votre visage lorsque vous y pensez. Si, si vous en avez. Je vous promets. Nous en avons tous et toutes. Et je ne parle pas d’avoir gagné une médaille aux Jeux Olympiques, d’accord ? Un moment partagé, un compliment qui nous a fait chaud au cœur, un instant fugitif de bonheur profond sans qu’on sache pourquoi… tout cela compte.

Et puis, ces difficultés que vous avez surmontées, ne les oubliez pas. C’est le moment, sur le chemin tranquille de votre promenade, de vous rappeler combien cela a été difficile et ô comme vous en êtes bien sorti-e, au final ! (C’est le moment de ressortir les fameux O joie infinie ! O extase éternelle, si ça vous dit…)

Là, je vous connais, à cet instant, vous allez me dire : est-ce que je peux rentrer chez moi maintenant ? Il commence à faire froid dehors et la nuit tombe.

La plus belle des feuilles de cet arbre

Bien sûr qu’il faut rentrer chez soi, des êtres qui comptent sur vous vous attendent. Pas seulement chez vous mais aussi, dans votre travail ou parmi vos amis.

Mais alors, cette histoire de bonheur sans tomber dans l’habituation hédonique, ça se passe comment, docteur ?

Je ne suis pas docteur, je suis comme vous, un être humain avec ses qualités et ses défauts. Personne n’est noir ou blanc, Nous avons tous et toutes un bagage plus ou moins lourd à tirer.

Mais, je sais que pour moi, un des meilleurs moyens de plonger dans un vrai temps de bonheur sans artificialité selfiesque, c’est de m’adonner à une activité qui me plaise ou me passionne. C’est génial parce que ce n’est pas infini. Il n’y aura pas d’accoutumance. Il faudra bien s’arrêter à un moment ou à un autre pour manger, aller aux toilettes ou tout simplement parce que les obligations de la vie reprendront le dessus. Il n’y aura pas d’habituation machin-chose.

Malgré tout, il faut se battre pour les avoir ces moments, il faut aller les chercher, ils ne tombent pas tous cuits du ciel. Je me démène pour écrire mes livres. Je me remue pour enregistrer les vidéos du Meilleur est à venir.

Ceci dit, pendant le temps limité où vous vous plongerez dans ces moments, le reste du monde n’existera plus. Vous serez dans un “flow” de bonheur qui durera un certain temps et qui, lorsqu’il sera terminé, vous permettra de sourire aux autres et au monde.

Sans oublier les petites joies récoltées dans vos promenades sur vos petits chemins personnels. 😉

Commentaires

12 commentaires pour “On m’a dit que le bonheur était à portée de main”
  1. Amibe says:

    Ce qu’il y a de bien avec la montagne, c’est qu’on monte, on monte, on monte…
    Et puis vient un temps où il faut redescendre.

    Idem avec la nourriture, on mange, on mange, on mange jusqu’au nirvana du dessert.
    Et puis on s’arrête.

    Sinon, on exploserait.

    Le bonheur, c’est pareil.
    Il faut du temps pour le savourer, le picorer, l’apprécier.
    Et il faut accepter de redescendre de temps en temps, sinon on ne peut pas remonter.
    L’Amibe

  2. Ccile Lume says:

    Le bonheur de créer en fait…
    Nourrir son âme de créativité et d’aventures créatives 😉
    Merci Jean-Philippe, toujours un plaisir de te lire et je viens d’acquérir le dernier volume de la femme sans peur : Yes! du bonheur en perspective 🙂

    • Oui, c’est ça Ccile, la créativité est primordiale ! Et merci d’avoir acquis le volume 9 au sein duquel je te souhaite de te plonger avec délices… 😉

  3. Imina Meave says:

    Merci pour ce texte ! J’aime beaucoup cette phrase d’Epicure :

    «Jouissons pleinement de l’instant, car le présent seul est le temps du pur bonheur d’exister.»

    Il est nécessaire de Vivre au présent et non dans les souvenirs ou l’attente du futur.

    Pour Epicure, le bonheur ne réside ni dans le confort matériel ni dans la simple satisfaction des plaisirs. Il advient lorsque l’homme atteint la tranquillité de l’âme, c’est-à-dire lorsqu’il ne subit plus ni trouble ni douleur.

    • Merci beaucoup Imina l’épicurienne ! J’apprécie aussi le complément d’info que tu apportes pour notre plus grand bonheur ou plutôt, pour notre plus grande tranquillité… 😉

      Bonne continuation !

  4. Virginie L. says:

    Très bel article. J’ai fait cette découverte de la nature après une rupture.
    J’ai divorcé d’un mari abusif (il y a longtemps déjà), je me suis retrouvée sans grands moyens, avec deux petits enfants et j’ai commencé à me promener. J’ai découvert que chaque jour la nature changeait, des petits changements minuscules que je n’avais jamais auparavant remarqués.
    Et surtout, qu’après l’hiver où tout est mort, vient toujours le printemps, la joie, la vie!
    Cela m’a propulsée dans une carrière artistique. Et désormais, je suis en paix, sur une colline avec une vue bien dégagée, où je respire bien. Ce qui me permet à mon tour de contribuer et d’aider d’autres femmes victimes de violence.
    La boucle est bouclée, comme dans la nature. Rien ne se perd, tout se transforme 🙂
    Merci pour cet article inspirant et cette magnifique photo.

    • Merci beaucoup Virginie pour ce partage ! Nous avons besoin de personnes comme toi pour soutenir et aider les autres qui n’ont pas le recul de ton expérience. Quand j’entends femmes victimes de violence, je pense aussitôt au travail qu’effectue la journaliste Titiou Lecoq dans Libération, en donnant une certaine dignité aux victimes aujourd’hui disparues et qui n’en ont reçu aucune de leur vivant. C’est une lecture difficile mais qui montre toute la banalité de cette violence cachée et silencieuse. Alors, encore une fois, bravo et bon courage dans ta mission. 🙂

  5. Valérie T says:

    Je tombe par un heureux hasard sur votre blog, suis attirée par cette sublime vue, lis les quelques mots qui s’en suivent et BIM ! je dévore le reste tout en me disant ” mais cet homme met en mots tout ce que je ressens depuis que j’ai décidé de lever le pied, de ne plus avoir la tête dans le guidon et de “vivre” chaque instant pleinement avant la fin….en toute simplicité.
    Merci.
    J’aime beaucoup votre façon d’écrire.

    • Merci beaucoup Valérie ! Oui, nous sommes nombreux/nombreuses à ressentir ces mêmes sentiments qui j’espère convaincront, un jour, le monde de lever le pied… Joli blog et bonne continuation dans ce métier, sans doute l’un des plus beaux du monde. 🙂

  6. Polignac says:

    « Le bonheur est à portée de main » pas tout à fait sûr, car sinon, tout le monde se vantera d’être heureux que jamais. Mais ce qui est sûr, c’est que nous faisons notre propre bonheur. C’est à nous de nous battre pour ça.

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