Comment réussir sur le net

Par le 1 November 2010
dans Changer les règles

Glisser vers le succès, par ses acquis...

Cet article est le dixième de la série Les génies que nous sommes, qui a commencé ici.

Un jeune entrepreneur est assis dans son appartement face à son ordinateur. Il est un petit peu nerveux. Finalement, il appuie sur la touche “envoi” sur son clavier.

Tout ce qu’il mis comme énergie dans son travail depuis des mois pour créer cette formation en ligne, se décide maintenant. Il n’y a plus de retour en arrière.

Va-t-il avoir des clients ?

Après quelques minutes assez tendues, un premier achat est comptabilisé sur son écran. Le voilà un peu rassuré. Un moment plus tard un deuxième, suivi immédiatement après d’un troisième s’affichent. Son œil s’allume.

Trois autres suivent. Là un sourire se dessine sur son visage. Dans les minutes et les heures qui suivent, les achats affluent.

Olivier Roland n’en revient pas. Il a réussi. Depuis son petit appartement de Lille, il vient de générer un chiffre d’affaires d’environ 14 000 euro.

Comme ça.

Juste avec un ordinateur.

Pratiquer

Si l’on regarde de plus près comment il en est arrivé là, on se rend compte qu’Olivier Roland ne respecte apparemment pas la loi des 10 000 heures ou 10 ans de pratique délibérée. Son blog, Des livres pour changer de vie, il ne l’avait débuté qu’environ un an et demi avant ce succès.

Comment est-ce possible ?

Le jeune lillois serait-il juste une anomalie confirmant la règle mise en avant par le professeur Ericsson et popularisée par Malcolm Gladwell ?

D’abord Olivier Roland n’a pas choisi le violon ou le golf.

Dans ces domaines, la compétition est rude et est concentrée sur un savoir “unique” comprenant un groupe de connaissances très précises : bien jouer de la musique ou envoyer la balle au bon endroit.

Ainsi le feedback est immédiat. La balle va dans le trou ou la note est juste. On n’a pas besoin d’attendre des mois avant de savoir si une décision prise maintenant est juste, comme c’est le cas dans le monde des affaires ou de la médecine, par exemple. Enfin, avec les années qui passent le niveau général augmente, c’est à dire que les nouveaux entrants ont encore plus à apprendre avant d’espérer pouvoir laisser leur marque dans ces domaines.

Car comme on l’a vu précédemment, les violonistes doués du temps de Mozart n’étaient pas aussi nombreux que maintenant. L’homme repousse sans cesse ses limites et, bien sûr, la compétition devient plus rude.

Glisser

En Australie, on ne trouve pas de neige.

Pourtant cela ne décourage pas cette nation de tenter de participer aux Jeux Olympiques d’hiver. Ils savent qu’ils n’ont aucune chance dans des disciplines comme le ski où la culture, les infrastructures et la motivation des nations européennes est pratiquement imbattable.

Par contre, lorsque le comité olympique australien apprit que le skeleton devenait sport officiel aux Jeux de 2002, il mit en place une expérience intéressante dans le but de faire participer l’Australie à cette épreuve.

A partir de 2004, sous la houlette de l’Institut australien du sport, fut lancé un programme recrutant des jeunes filles intéressées par la pratique du skeleton. Les conditions requises étaient de n’avoir aucune expérience dans ce sport et d’avoir une bonne vitesse de pointe en athlétisme.

Le skeleton, c’est un sport où l’on court à fond pendant quelques mètres pour ensuite se jeter à plat ventre sur une sorte de luge très fine et dévaler la piste de bobsleigh à près de 130 km/h.

Un sport donc pas facile et très technique.

Deux ans plus tard, aux J.O. de Turin, l’Australie réussissait à qualifier une athlète qui termina 13 ème de l’épreuve. Quatre ans plus tard, à Vancouver, deux Australiennes purent participer à l’épreuve olympique, se classant respectivement 10 et 12 ème de l’épreuve féminine.

A titre de comparaison, pour vous donnez une idée de l’exploit réalisé par ces femmes, la France, qui s’y connait en neige et possède des infrastructures de très haut niveau n’a pu qualifier une seule femme pour l’épreuve de skeleton de ces deux dernières olympiades. D’ailleurs je ne suis même pas certain qu’il existe des Françaises “skeletonneuses” !

Ainsi, le succès des Australiennes – participer aux J.O., c’est un rêve – est sans doute dû, en grande partie, à la nouveauté de cette discipline. Maintenant, à mesure que ce sport devient plus conventionnel, avec plus de compétiteurs, il sera intéressant de voir si elles sauront conserver leur avantage jusqu’en 2014, au moment des Jeux de Sotchi.

Explorer

C’est donc peut-être pour ça qu’Olivier Roland a pu réussir aussi rapidement. Parce que, par passion, il a choisi un domaine encore neuf : l’internet.

Toutes proportions gardées, c’est un petit peu comme Léonard de Vinci qui commence à dessiner des machines sophistiquées en avance sur son temps. Ou alors, c’est aussi un peu, comme je l’ai déjà dit, Albert Einstein qui écrit son plus célèbre papier à l’âge de 26 ans. Certes, ce dernier était extrêmement intelligent, mais à son époque, au début du XXe siècle, le type de physique dans lequel il excellait était en plein essor, encore nouveau et les barrières d’entrée étaient beaucoup plus basses que maintenant.

C’est la même chose avec l’internet ou tout autre nouveau domaine. Il y a moins à apprendre avant d’avoir des résultats. Il n’y a pas besoin de pratiquer pendant 10 ans. De faire des gammes pendant 10 000 heures. On est à la pointe. On défriche.

Ceci dit, pour revenir sur l’exemple d’Olivier Roland, son blog et sa formation Agir & réussir n’étaient pas ses premiers essais. Plus de 2 ans auparavant, il avait créé un premier blog, orienté nouvelles technologies qui n’avait pas rencontré de succès.

Cet échec est-il une surprise ?

Pas vraiment, car s’il est un secteur qui est déjà bien encombré sur le net – pourtant nouveau – c’est bien celui des geeks et de la high tech ! Dominé en France en ce moment par Presse-citron, qui lui a débuté il y a plus de 5 ans, il est devenu quasiment impossible de faire parler de son blog sur les nouvelles technologies rapidement, si l’on débute aujourd’hui.

Le blogueurs geeks sont un peu comme les violonistes virtuoses du net. Il faut qu’ils pratiquent beaucoup, pendant des années, s’ils veulent arriver un jour à émerger de la masse.

Par contre, cette courte expérience ratée de l’entrepreneur lillois nous donne un indice sur les raisons de son succès : l’exploration. Il a tenté quelque chose, cela n’a pas fonctionné mais l’expérience qu’il a acquise, il a pu la transférer sur un autre projet.

Transférer

Si l’on se plonge un peu plus dans le passé d’Olivier Roland, on découvre de nouveaux éléments. Par exemple, il a quitté l’école avant le bac et a créé sa première entreprise à 19 ans. Celle-ci, tournée vers l’informatique a plusieurs fois eu des difficultés avant de se stabiliser, ce qui lui a permis d’apprendre beaucoup dans ce domaine. Ensuite, il a aussi écrit des textes. L’une de ses nouvelles a d’ailleurs été primée et s’est retrouvée dans un recueil publié en 2006.

Tout cela semble créer un ensemble assez disparate, un peu comme celui d’un scanneur, que je le soupçonne d’être. Mais, si l’on fait un simple calcul, entre la création de sa première entreprise et son succès – à 14 000 euro – dont je parlais plus haut, 10 ans se sont écoulés.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Tout simplement que si, dans certains domaines comme la musique ou le tennis, 10 000 heures de pratique intensive sont nécessaires pour atteindre une certaine expertise, dans d’autres, on peut sans doute “transférer” ses acquis et accumuler de l’expérience pour atteindre “sa” réussite.

C’est ce qu’a fait Olivier Roland. C’est ce qu’on fait les Australiennes en skeleton. C’est ce qu’a fait Elon Musk, l’étonnant entrepreneur Sud-africain dont je parlais la semaine dernière, qui en 10 ans et 4 succès – Zip2, PayPal, SpaceX, Tesla Motors – , a su capitaliser sur ses acquis pour se relancer rapidement.

Tous et toutes, ils ont fait de la myélénisation à outrance en ne rejetant pas leurs expériences passées comme étant des échecs, mais bien des savoir-faire transférables à d’autres domaines.

C’est ce que tous et toutes, scanneurs ou pas, nous devrions retirer de leurs exemples. 🙂

(Suite et fin)

(Photo : jonwick04)

Commentaires

11 commentaires pour “Comment réussir sur le net”
  1. Joel says:

    C’est fou ce qu’un gars comme Olivier Roland a su inspirer comme monde.

  2. Jean-Philippe says:

    Oui Joël, merci pour votre commentaire ! Comme je le dis souvent, il a défriché le terrain pour beaucoup de blogueurs et d’entrepreneurs. Ainsi, il mérite tout notre respect. 🙂

  3. Pascal says:

    Merci pour cet article. Je partage, comme je l’ai dit sur Twitter, à peu-près ton point de vue.

    Tout d’abord c’est grâce à ce blog que j’ai connu le concept de “scanneur” dans lequel je me reconnais.

    Ensuite, c’est vrai le web et les nouvelles technologies sont un monde “nouveau” où la créativité est de mise : inventer, réinventer avec sa communauté, et réinventer encore. Avoir une démarche expérimentale et communautaire à partir d’un service ou d’un produit, voilà qui est une démarche intéressante.

    Pour autant, je pense que l’expérience dans le secteur est essentielle, tout ne s’improvise pas.

  4. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Pascal pour le RT ! et nous sommes d’accords sur les bases… entre scanneurs c’est normal, non ? 😉

  5. Cela dit on peut très bien confortablement gagner sa vie sans être l’expert numéro 1 dans le monde. Et c’est sans doute le paradoxe oublié dans le livre de Colvin. La course à l’extraordinaire, oui. Mais il ne faut pas perdre ses vrais buts en chemin sous prétexte de compétition.

  6. Jean-Philippe says:

    Merci Yoann pour cette précision ! Je rejoins tout à fait ton opinion et, de plus, j’apprécie le “Futur” que tu ajoutes à ton profil. Cela montre toute ta modestie et le fait que tu aies bien compris que l’expertise, quel qu’en soit le domaine, ne s’acquiert pas en quelques mois. Bravo ! 😉

  7. Julien says:

    Ce n’est pas un hasard si “expert” découle de “experience”. Je m’accorde tout à fait avec ton analyse Jean Philippe : il est des disciplines ou il ne faut pas 10 ans d’entrainement intensif, mais elles requierent d’autres qualités qui elles ont été acquises après plusieurs années de travail. C’est ce que le monde des affaires me démontre chaque jour un peu plus! A bientot!

  8. Antoine says:

    Merci pour cet article qui nous montre l’importance de rester en veille afin de savoir débusquer les opportunités d’un nouveau marché. La prime au pionnier peut parfois avoir du bon.

  9. Herisoa R. says:

    Bonjour Olivier,

    Je m’appelle Herisoa R., je profite de cet espace pour mettre mon message. Je fais une formation en Psycho (Master) et je voudrais juste savoir si l’une des activités que je vais mentionner ci-après existe encore parmi les actvités “Olivier Roland” sur le web, si c’est le cas je voudrais avoir, par mail, de plus amples infos. Voici globalement la présentation de cette activité :

    “Nous nous occupons de plusieurs sites internet consacrés à la connaissance personnelle. Nous avons bâti notre réputation sur notre éthique, notre sérieux, notre qualité d’écoute et notre qualité d’écoute. Nous travaillons d’ailleurs avec des partenaires réputés. Dans le cadre de notre développement, nous recherchons des étudiants en fin de cursus pour développer une activité d’écoute psy.”

    A l’époque de cette annonce je n’avais pas encore la formation en Master, mais j’avais gardé les coordonnées de cette activité qui ne sont plus valable actuellement (N° portable et mail au nom d’Olivier Roland).
    Merci d’avance.

    Herisoa R.

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