Le lycée c’est la prison

La solution est facile trouver. Il faut savoir où et comment regarder.
Cet article était au départ une réponse à ce commentaire. Et puis, à force d’écrire et d’écrire fébrilement, le commentaire s’est transformé en un très long plaidoyer. Si vous êtes un lycéen ou une lycéenne, lisez-le, mais pas entre 2 classes, parce que c’est long. Prenez votre temps. Si vous êtes un adulte, ne lisez pas ! Ce n’est pas pour vous. Mais si vous êtes un adulte qui a gardé une âme d’adolescent, alors là oui, lisez… mais à vos risques et périls.

Bon, soyons clairs : le lycée c’est ennuyeux, on y trouve des gens assez nuls, on y fait des choses inintéressantes au possible et en plus, on est obligé d’y aller. Comme ça, on est d’accord.

Maintenant, la faute à qui ? Bien sûr, aux lycéens. (Je vais me faire des amis)

Pourquoi ? Parce qu’on ne peut pas leur faire confiance. (Je vais me faire encore plus d’amis)

C’est bien pour ça que les lycées ressemblent à des prisons, du moins aux yeux des élèves. On surveille, on contrôle, on teste et à la fin, il y a le bon de sortie, qui ne donne pas droit à grand chose, sauf à celui de ne pas avoir à retourner au lycée.

Non, on ne peut pas faire confiance aux lycéens. Faisons le test. Vous êtes lycéen. Je vous donne tous les livres du programme scolaire de l’année, vous n’avez pas à venir en classe mais vous vous débrouillez pour apprendre tout seul le programme, d’accord ? Prêt pour le bac en juin ?

Point mort

Je sais, je sais, le système est mal fait. L’organisation scolaire tel que vous la vivez maintenant, tel que je l’ai vécue et tel qu’elle l’a été tout au long du siècle dernier n’est plus adaptée aux demandes du XXIème siècle.

On vous demande d’étudier comme si vous alliez tous et toutes devenir des travailleurs à la chaine. Répétez, mémorisez, régurgitez. C’est tout. C’est tellement vrai qu’on a dû inventer un mot pour expliquer ça : le bachotage. Donc tant que ceux qui nous gouvernent ne se décideront pas à changer le système, à l’adapter à l’ère des nouvelles technologies, vous n’êtes pas sortis de l’auberge.

Seconde

Par contre, il y a une chose que je ne comprends pas. Je saisis bien “la prison”, “l’ennui”, etc… mais pourquoi se plaindre ?

Qu’est-ce que vous cherchez à accomplir en vous plaignant ? A la seconde où, vous ouvrez la bouche pour critiquer un professeur, vous avez perdu. A la première jérémiade de votre part sur le surveillant un peu trop strict, vous n’avez plus le contrôle de votre existence. A l’heure terminale de votre bac, où vous vous dites que le lycée c’est la galère, vous n’avez aucune chance de vous en sortir. Au-delà du lycée. De l’université. De votre futur travail.

Se plaindre c’est donner son pouvoir aux circonstances. C’est s’offrir pieds et poings liés à d’autres. En râlant sur les heures de cours, en rouspétant sur le peu d’intérêt des programmes, Vous avez déjà perdu. Vous êtes déjà à Waterloo sans être passé par la case Austerlitz. (Je sais, je vous ennuie avec l’Histoire)

Mais n’empêche, vous êtes déjà dans le système. Car à ce moment là, vous n’êtes plus maitre de votre destin.

Alors c’est vous qui choisissez, là, maintenant. C’est vous qui prenez une décision. Vous trouviez que vous n’aviez pas assez de liberté ? Eh bien moi, je vous en donne. En fait non, je n’ai rien à vous donner, c’est à vous de choisir. Vous en voulez de la liberté, non ?

Soit vous continuez à vous plaindre et vous devenez les esclaves d’un système qui vous assomme et qui finira par vous tourner en bon petit robot, soit vous arrêtez de critiquer le lycée et à cet instant, vous découvrez votre liberté. En effet, être libre, ne veut pas dire pouvoir faire tout ce que l’on veut quand on veut. Ça c’est égoïste et fade. Non, être libre, c’est pouvoir assimiler et manier les contraintes pour son propre bénéfice, pour son propre bien-être. 🙂

Si vous avez choisi la première option, vous pouvez arrêter de lire ici. Si vous avez opté pour la deuxième, bienvenue dans le club de ceux et celles qui veulent vivre une existence captivante. Pourquoi ? Par quel tour de magie ? Il n’y en a pas. La seule personne qui puisse vous donner cette vie exaltante, c’est vous. Et donc, la seule personne qui puisse vous stopper dans votre recherche, c’est aussi vous.

Première

Vous êtes votre plus grande richesse mais aussi votre plus grand ennemi. Lorsque vous vous plaignez, de quoi que ce soit, là vous êtes votre adversaire le plus terrible, sournois et parfois méchant. Mais lorsque vous décidez d’agir, de faire bouger les choses, là vous vous élevez, vous redécouvrez votre pouvoir, qui est bien plus grand que vous ne le pensez. Votre imagination est fertile.

Dans votre tête par exemple, ça ne mijote pas, ça bouillonne. Vous inventez constamment des scénarios où vous êtes un séducteur, où vous êtes la plus belle, populaire, intelligent(e), où tout le monde vous admire et recherche votre compagnie. Les filles vous tombent dans les bras. Les garçons sont à vos pieds… Impossible ? …en fait, c’est un possible, des possibles. Ça dépend de vos choix.

Parce que quand vous voulez vraiment obtenir quelque chose, rien ne vous arrête. Vous le savez. Si vous voulez voir votre petit ami en secret, vous y arriverez. Si vous voulez aller avec les copains à une soirée, vous savez trouver le prétexte. Vous êtes plein de ressources.

En plus, les autres ne sont pas infaillibles. Le monde des adultes n’est pas si “adulte” que ça. On a l’air d’être sérieux, de prendre des décisions claires et judicieuses mais en fait, pour beaucoup d’entre nous, on ne sait pas tout le temps ce que l’on fait, où on va. D’où d’ailleurs notre impossibilité à améliorer la situation dans les lycées. CQFD. (Là oui c’est très matheux.)

D’autres exemples ? Allez, je vous remets une petite couche d’Histoire.

Les hommes préhistoriques de Lascaux ne se sont jamais plaints que c’était difficile de faire des tags dans des grottes sombres.

Les anciens Grecs ne se sont jamais plaints du manque de profs de philo.

Cléopâtre ne s’est jamais plainte de son nez.

Vercingétorix ne s’est jamais plaint du fait qu’il ne parlait pas le latin.

Jules César ne s’est jamais plaint de ne pas parler gaulois.

Gutenberg ne s’est pas plaint du fait que c’était fatiguant d’écrire avec une plume d’oie sur un parchemin.

Christophe Colomb ne s’est pas plaint parce qu’il n’arrivait pas à trouver le financement pour aller en bateau, faire du business aux Indes (par un raccourci très très secret).

Molière ne s’est pas plaint que les tragédies théâtrales étaient longues et ennuyeuses.

Champollion ne s’est pas plaint de ne rien comprendre aux hiéroglyphes égyptiens.

Rimbaud ne s’est pas plaint qu’il n’y avait pas de promo sur les voyages en Afrique (et pas d’assurance médicale pour les touristes).

Gustave Eiffel ne s’est jamais plaint de ne pas pouvoir admirer Paris de très haut.

Les gars de la Résistance pendant la 2ème guerre mondiale, ils ne se sont pas plaints. Ils ont fait ce qu’ils pensaient être juste. C’est tout.

Albert Camus ne s’est pas plaint. Il a agi.

Et vous ?

Vous êtes pourtant pareil qu’eux, construit du même matériel, ni meilleur, ni pire. Vous pouvez tout autant. Peut-être un peu plus ou peut-être un peu moins. Mais vous pouvez. Tout se passe dans votre tête.

Terminale

Faisons un test de chimie. Pensez très fort à une situation que vous détestez, que vous exécrez. Mais vraiment très fort. Pensez-y maintenant. Concentrez-vous dessus au maximum. Continuez pendant une minute et après, reprenez la lecture…

Alors ? Comment ça va? Un peu énervé, un peu stressé, un peu déprimé ? Ça c’est normal parce que la façon dont on pense déteint sur nous. En plus, la situation précise à laquelle vous pensiez, a-t-elle changée ?

Vous pouvez vous plaindre de circonstances ou d’une personne autant que vous le voulez, vos attaques mentales ou verbales ne changeront rien à la situation. Vous resterez dans la même position. Jusqu’à quand ? Rappelez-vous, en vous plaignant, vous êtes pieds et poings liés. Donc forcément, c’est une décision extérieure à vous qui fera évoluer les choses. En mieux ou en pire. Vous n’aurez aucun contrôle sur ça. Vous ne ferez que suivre les directives. Comme un pion.

Par contre, si vous arrêtez de vous plaindre, déjà, vous économisez votre énergie. Ainsi, cette vitalité, ce feu sacré qui est en vous et qui a besoin de sortir, vous pouvez l’utiliser pour réfléchir, améliorer les choses, trouver des solutions. En clair, vous créez. Vous prenez vous-même des décisions. Peut-être qu’elles sont modestes pour l’instant mais elles vous montrent votre pouvoir, votre talent et, petit à petit, elles vont vous ouvrir tout un monde de possibilités.

Alors le lycée, oui c’est empoisonnant. Mais avec vos copains et vos copines, quand vous laissez parler votre audace, votre puissance créatrice, là, vous vous libérez. Là, vous vous inventez des plages de liberté. Là, vous contrebalancez les effets d’un mauvais professeur ou d’un mauvais programme.

Ce que je veux dire, ce n’est pas de mettre le feu au lycée. Essayez, vous verrez, ça ne servira à rien. Non, pensez à des actions ponctuelles. Comment rendre la classe de Français plus intéressante ? Comment faire passer plus facilement la pilule des exercices de maths ? Et puis tout n’est pas pourri dans votre lycée. Dans le lot, il y a sûrement des choses agréables. Un prof qui semble mieux vous comprendre et est ouvert à vos propositions. Une cafétéria sympa, un coin discret où on peut se retrouver, tranquille.

Et là, dans ces moments-là, parlez de vos rêves, de ce que vous voulez faire après ce foutu lycée ! Ensuite, ne faites pas qu’en parler, agissez ! Commencez à réaliser votre rêve, tout doucement. Sortez ce qu’il y a en vous et que vous cherchez à exprimer. Écoutez-vous. Faites-vous confiance. Créez. Vous avez les mêmes gènes que vos idoles. Vous êtes bâti de la même sève. Ils sont exactement comme vous.

J’insiste : crÉ-Ez !

Croyez-moi : la créativité est la valeur la plus importante dans notre monde changeant. Bien plus que l’argent. C’est la qualité qui va devenir la plus recherchée par toutes les entreprises du monde. La créativité, c’est celle de l’Art bien sûr, comme la peinture, la musique ou l’écriture. Mais la créativité, c’est aussi savoir trouver une solution à un problème rapidement. C’est aussi savoir analyser un marché et préparer un business plan. C’est aussi, sentir les besoins d’un autre, d’un ami, d’un malade, d’une équipe, et savoir dire les mots justes, au bon moment. Ça aussi c’est de l’Art.

Nous sommes tous et toutes créatifs. Sous différentes formes. Votre job, c’est de trouver quel est votre style de créativité. Et vous en avez au moins un, je vous le garantis. Cherchez. En fait, vous vous en doutez déjà un peu. Mais vous n’osez pas. Alors, attrapez-le ce style, travaillez dessus et faites-en profiter le monde.

Avec lui, il y aura toujours quelque chose que vous pourrez réaliser du fin fond de votre prison lycéenne ! Moi, je l’ai fait par l’écriture, par les rêves sportifs, par la musique. Et vous savez quoi ? J’en suis sorti indemne du lycée… tO_ut étO_nné. Mais vivant, parce que j’avais, maladroitement et sans le savoir à l’époque, essayé d’utiliser mes pensées dans un but précis. Vous pouvez faire de même et vous trouverez le petit trou par où vous faufiler.

Ainsi, tout doucement, plus vous contrôlerez ce à quoi vous pensez et moins vous vous plaindrez. Et moins vous vous plaindrez et plus vous vous sentirez mieux. Et plus vous vous sentirez mieux et plus vous trouverez que le lycée après tout, c’est pas si mal, et…

… que c’est bientôt fini. 🙂

(Photo : linh.ngân)

Commentaires

56 commentaires pour “Le lycée c’est la prison”
  1. Nathalie says:

    Je vais imprimer cet article et le donner à Richard qui est en seconde pour qu’il le fasse lire au maximum de lycéens!! Très bon article! merci Jean Philippe.

  2. Jean-Philippe says:

    Merci Nathalie ! C’est une très bonne idée. Je serais curieux de savoir ce qu’ils en pensent… 😉

  3. AMie says:

    Il FAUT absolument censurer ou boycotter cet article ! Imaginez une fraction d’instant qu’un seul élève le poste sur facebook et tout son lycée deviendra incontrôlable ! Ça va se répandre comme une traînée de poudre et on aura un nouveau mai 68 ! Avec toutes les conséquences dramatiques qu’on peut imaginer !
    Mais quelle drôle d’idée de croire que les élèves puissent être ou devenir intelligents, créatifs et décideurs ! Et à supposer qu’ils le soient ou qu’ils le deviennent, où irions-nous ? Comment pourrions-nous contrôler des êtres heureux et autonomes ? Et de qui pourrions-nous alors nous plaindre ?
    Faites moi confiance, faites confiance à mon expérience, j’ai trois enfants et je SAIS que ce ne sont pas des êtres humains capables de vivre leur vie. Ce sont des monstres qu’il faut surveiller en permanence !
    Ha ! Ha ! Ha ! C’était une blague ! Je les adore et ils me le rendent bien.

    JE VOTE POUR la diffusion massive de cet article. Euh… là, j’ai peut-être été encore un peu longuette ? 😉

  4. Jean-Philippe says:

    Non AMie, tu peux même en rajouter. 😉

    L’air de rien, cette génération qui va grandir et prendre en main dans les années qui viennent les affaires, elle a un gros challenge qui lui fait face. Mais, elle a les qualités pour s’en sortir… si on la guide un peu et ensuite on la laisse faire. 🙂

  5. AMie says:

    Ah merci ! J’en profite ! 😉
    Il y a sur youtube des vidéos montrant le premier envol des canetons sous le regard bienveillant de leur maman. Lorsqu’elle les appelle, ils sautent du nid haut perché directement dans un lit de feuilles ou dans la rivière, en toute confiance. Et la mère a toute confiance en ses petits : ils ont déjà en eux toutes les ressources pour vivre leur vie de canard, adulte ou pas.
    Pourquoi ne pas faire de la même manière avec les petits d’homme ? Enfin, en adaptant, bien sûr. 😉

  6. Jean-Philippe says:

    C’est une très belle métaphore ! C’est vrai qu’on peut s’inspirer de la nature. Notre société a changé la donne en “surprotégeant” les jeunes et en ne leur donnant pas l’occasion de se construire, de renforcer leur confiance en eux. Bien sûr, chaque famille est différente mais c’est le constat général que l’on peut faire dans les pays industrialisés. Alors à l’eau les canetons ! 🙂

  7. Anthony says:

    Merci beaucoup pour cet article !
    Etant moi-même au lycée, c’est vrai que ce n’est pas la grande joie, mais il faut aller de l’avant, car après tout, le meilleur est à venir !
    Ce n’est pas en restant passifs que nous pourrons améliorer notre situation. Montrons de quoi nous sommes capable. 🙂

  8. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Anthony pour votre commentaire ! C’est bien d’avoir l’avis des mamans mais c’est encore mieux d’écouter les principaux intéressés. J’aime votre optimisme qui me confirme dans mes propos… vous allez vraiment faire des choses formidables. 🙂

  9. Mohamed says:

    J’aime vraiment ton style en plus j’apprécie vraiment les petites touches de style tout au long de l’article, c’est sympa.

    En revanche je ne suis pas vraiment d’accord avec ton article. Pourquoi ? parce que je suis prof bien sur lol

    Plus sérieusement je suis prof de français langues étrangères et d’informatique en Oman, dans le golf. Je travaille dans une école internationale et nous appliquons des manières de faire qui sont a mille lieux de ce que nous connaissons en France. (n’y voyez s’il vous plait aucun jugement de valeur ici, juste mon impression perso) Voici le lien de l’organisation qui édicte les grands principes si cela intéresse quelqu’un : http://ibo.org/fr/

    Maintenant j’en viens a mon désaccord avec toi. En tant que prof j’ai remarque que certains élèves sont capables de s’autogérer, ceux-là ne sont pas majoritaires et surtout ne se plaignent pas. Ils font de leur mieux et demande quand ca ne va pas.

    Le reste, c’est a dire la majorité a des problèmes a se prendre en charge et cela vient d’eux bien sur, de leur éducation mais aussi de leur âge. En fait j’ai remarque (chez mes étudiants) que leur parler sur le ton que tu utilises dans ton texte ne les touche pas vraiment (en surface je te l’accorde). Beaucoup d’entre eux manquent cruellement de maturité. Ils ne sont tous simplement pas capable à leur âge de se projeter comme tu leur demande de le faire.

    En conséquence, dans notre philosophie NOUS sommes ceux qui doivent les intéresser. Nous sommes ceux qui doivent leur montrer la différence entre ingurgiter du contenu et le recracher a son contrôle puis l’oublier aussitôt et avaler du contenu parce que c’est nécessaire puis le transformer en “lifelearning experience” c’est a dire en compétences, en savoir-faire qui durera toute une vie. C’est bien plus difficile que de donner du contenu mais aussi bien plus gratifiant.

    Enfin j’ai noter que les jeunes n’apprennent pas vraiment par la parole mais par l’expérience. Leur parler est bien sur important mais par nature ils se baseront plus sur l’observation, l’imitation et la sublimation (pour certains) plutôt que la parole.

    Tu sais quoi je pense que je vais en faire un article au lieu de faire des commentaires a rallonge lol

    En bref merci pour ton article et merci pour l’idée que tu m’as donnée d’en faire un article.

    Mohamed

  10. Jean-Philippe says:

    Merci Mohamed pour ton long commentaire qui apporte un grand plus au sujet ! Et puis, je suis très heureux d’être à l’origine d’un article sur ton blog que j’irai lire avec grand plaisir. 🙂

    Dans l’ensemble, je suis d’accord avec ce que tu expliques, sur le rôle primordial du professeur et de sa manière d’intéresser les élèves, de les faire participer, de leur laisser découvrir par eux-mêmes de nouveaux concepts. Tu fais donc partie de ce groupe-là et tes étudiants ont bien de la chance de t’avoir comme enseignant.

    Mais quand est-il des autres ? De tous ces lycéens qui n’ont pas la chance d’avoir des profs motivés (pour différentes raisons) et qui sont déjà les laissés-pour-compte de l’éducation ? Si on ne leur dit pas qu’ils ont des capacités, des talents, des qualités, je pense qu’il leur est difficile de se prendre en charge, de s’intéresser à quoi que ce soit, de mûrir.

    J’ai aussi beaucoup enseigné les langues, je le fais encore un peu et, je continue à être surpris par ce que les ados peuvent réaliser, comment les enfants se transforment, une fois qu’ils sont en confiance. Et comme toi, je trouve ça profondément gratifiant. 🙂

  11. Antoine says:

    “Gutenberg ne sait pas plaint du fait que c’était fatiguant d’écrire avec une plume d’oie sur un parchemin.”
    J’aime beaucoup, tu écris vraiment très bien!

  12. Jean-Philippe says:

    Merci Antoine ! et c’est vrai ça. Il y a ceux qui se plaignent et il y a ceux qui ne disent rien, mais agissent. 😉

  13. Argancel says:

    @Mohamed : merci pour ton commentaire qui donne un bon retour sur cette problématique du côté des profs.

    @Jean-Philippe :
    Comme tu le vois, si tu dis à un adulte que cet article n’est pas pour lui, il le lit illico lol.
    Cet article m’a intéressé au plus haut point car j’ai écrit un commentaire récemment pour répondre à un lycéen sur cette problématique. C’était sur cet article:
    http://www.frenchtouchseduction.com/5-pieges-developpement-personnel.html
    J’ai, comme Mohamed, mis la faute sur le système et les enseignants et sur l’immaturité des élèves pour y faire quelquechose.
    Mais en lisant ton article, je vois une autre perspective et ça me touche.
    Bien sûr en lisant ton article, on pourrait se dire “plus facile à dire qu’à faire”. Mais cet article un peu différent de la pensée générale alimente très certainement le débât de façon créative!

  14. Jean-Philippe says:

    Merci Argancel pour ce commentaire et surtout ce lien. Ton article est excellent et a dû te demander beaucoup de travail. Pour toute personne qui s’intéresse sérieusement au développement personnel, même sans être dans la séduction, c’est un must à lire. 🙂

    C’est toujours difficile de répondre à un lycéen. On ne peut pas se mettre à sa place, il ou elle possède un vécu différent, un contexte particulier. Le mieux, je pense, c’est juste de répondre avec sincérité. Nos années d’expérience nous ont un peu ouvert les yeux et sans imposer, nous pouvons partager ce que nous pensons être vrai. Après, ce sont eux qui décident.

    C’est un peu comme être parent (je ne le suis pas encore). On est juste là pour aider nos enfants à éclore, les laisser s’épanouir et les aider dans leurs choix. (je parle ici de choses concrètes, pas new age !) 😉

  15. germain says:

    Bonne article Jean-Philippe, tout y est. Si avec ça la nouvelle génération ne comprend qu’elle se doit de penser par elle-même et de valoriser son propre potentiel…
    Germain

  16. Jean-Philippe says:

    Merci Germain, j’apprécie beaucoup ton compliment ! J’ai vraiment confiance dans ces nouvelles générations. A nous, de ne pas les abrutir.

  17. germain says:

    Merci à toi, c’est sincère
    J’ai confiance aussi en eux. Tu as raison, ne pas les abrutir. Mais surtout, restons vigilants et humbles pour ne pas les décevoir. Et là je m’adresse à l’ensemble du monde des adultes.
    Quant à toi Jean Philippe, je t’encourage dans cette veine.
    Bienvenue.
    Germain

  18. Jean-Philippe says:

    Merci Germain pour tes paroles pleines de sagesse. 🙂

  19. Nathalie says:

    Ton article est en train de circuler au Jean Moulin 😉 Je te ferais savoir leurs réactions 😉

  20. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nathalie ! En plus le lycée s’appelle Jean Moulin… comme si un de mes exemples était prémonitoire. 😉

  21. Mohamed says:

    Voila ce que je ne pouvais pas dire dans un seul commentaire :

    http://semeunehabitude.wordpress.com/2010/03/19/responsabilite-va-aux-profs/

    Enjoy 🙂

  22. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Mohamed ! J’aime cet échange interblogs. 😉

    Je viens de lire ton article et je ne peux être que d’accord sur le travail des profs qui utilisent des méthodes différentes pour intéresser leurs élèves. Dans le mien, je me plaçais du point de vue des étudiants qui n’ont pas cette chance. Le but n’est pas de blâmer les profs et je pense toujours que tout le système est à revoir, avec des budgets conséquents !

    Ta motivation fait plaisir à voir et j’espère qu’elle inspirera d’autres profs. 🙂

  23. Mohamed says:

    Merci a toi pour ton commentaire
    En fait je n’esperais pas vraiment inspiré qui que ce soit je dirais plutot que j’avais envie de dire ce que j’en pensais.
    Je rajouterais aussi (apres avoir relu mon article) que si j’ai pu sembler juger le travail de quelque profs que ce soit je m’en excuse, ce n’etait pas là mon intention.

    Enfin merci a toi pour m’avoir donne une bonne idee d’article, effectivement je pense que cet echange interblogs est vraiment dans la veine de l’idee premiere du developpement personnel, plus nous donnons, plus nous recevons.

    Merci encore

    Mohamed

  24. dieurdieuf says:

    Bonsoir Jean-Philippe.

    Excellent article ! Je fais partie des adultes qui ont gardé une âme d’ado et je m’y reconnais. L’école, j’avais horreur de ça. Je l’ai donc quittée de suite après le Bac, pour bosser 2 ans dans une PME. Et j’ai ensuite repris les études en formation continue. C’était la seule façon pour moi de réussir.

    Je n’ai pas lu tous les commentaires (c’est qu’il y a une bonne tartine :lol:). Mais j’ai retenu que “les jeunes n’apprennent pas vraiment par la parole mais par l’expérience” : OK à 100% ! J’avais besoin de forger mon expérience, je voulais du concret et surtout voler de mes propre ailes.

    Le problème de l’enseignement tel qu’il est fait, c’est qu’il reste trop abstrait et qu’il faut suivre des études de plus en plus longue pour faire sa place dans le monde du travail. Avec toutes les conséquences qui suivent : démarrage tardif dans la vie active, recul de l’âge pour avoir un premier enfant, etc. Alors la formation continue offre un bon compromis.

    Bonne soirée. http://dieurdieuf.blogspot.com/

  25. Discan says:

    Et moi qui croyait que c’était tout 😀 J’avais posté mon commentaire, j’ai atendu patiemment la réponse. Une partie de moi disait “mais regarde, il répond TOUJOURS aux commentaires”. J’ai commencé à ne plus y croire et BOUM! Un article très bien écrit(comme toujours) m’apparait dans la figure!

    Vraiment, merci beaucoup de m’avoir écouté, je ne pensais pas que vous alliez faire un article sur le sujet 🙂 Je ne me considère pas comme un étudiant qui râle tout le temps à propos de l’école, mais j’ai écrit le commentaire un jour où j’était “down”.

    Lire cela m’a permit de me redonner courage et c’est bien gentil

    P.S : Y’aurait-il une erreur ou c’est voulu? :

    Vercingétorix ne sait jamais plaint du fait qu’il ne parlait pas le latin.

    Ça doit être l’élan de créativité 😉

  26. Jean-Philippe says:

    Merci Discan ! Votre “petit” commentaire, c’est un peu l’effet papillon. Entre mon article, celui de Mohamed, puis les imprimés distribués, cela fait beaucoup de lectures et a aussi vraisemblablement provoqué une vague de questionnement. Je pense que certaines personnes et donc sûrement des lycéens ont été touchés. Poser une bonne question n’est jamais facile mais là, chapeau, la vôtre a fait mouche. 😉

    PS : J’ai l’air malin moi à parler d’éducation… si je laisse passer des fautes pareilles ! Merci Discan, j’ai déjà corrigé “mes élans de créativité” ! 😀

  27. Mohamed says:

    Je dois aussi te remercier Discan car c’est ton commentaire qui nous a entraines dans cette sorte de cercle vertueux de la pensee ecolistique mdr
    Pour reprendre les mots de ma femme : “c’est plutot rare que de voir un jeune lyceen s’interessait a ce genre de blog et en plus s’y interessait au point de poser des questions”
    Perso je crois que vous etes une race en voie d’apparation, si je fais partie de la generation television vous etes definitivement la generation internet. Ce fantastique outil, s’il est utilisé a bon escient, va vous permettre d’atteindre des niveaux d’autonomie dans votre apprentissage encore jamais atteint. Internet va aussi de notre cote (les profs) nous permettre d’entrer plus en relation avec nos eleves, construire de nouvelles manieres d’enseigner, les affiner et attendre vos retours…en commentaire 🙂

    Mohamed

  28. Jean-Philippe says:

    Mohamed, tes mots sont superbes et j’y souscris complètement. Tout comme ceux de ton épouse qui sont très justes, quoique je soupçonne plus d’un lycéen ou d’une lycéenne de lire sans commenter. 😉

    Je rajouterai une pièce au dossier avec cette vidéo (en anglais) extraite de TEDxIndia où une prof nous explique comment elle aide ses élèves à croire ne eux-mêmes. 🙂

  29. Yoann Romano says:

    Bravo pour cet article Jean-Philippe. Je te rejoins.
    Le problème va même au delà de l’école : “les gens” ne comprennent pas que rien ne sert de ne plaindre s’ils ne veulent pas changer (ou faire changer les choses).

    Yoann

  30. Jean-Philippe says:

    Merci Yoann ! et tu as raison car les habitudes que l’on apprend à l’école sont pour beaucoup de gens, figées à vie. Du moins c’est ce que l’on pense et pourtant nous pouvons changer les choses. 😉

  31. Tina says:

    Bonjour !

    Et l’avis d’une lycéenne, ça vous dit ?! =)
    Ma petite histoire, au cas où (vous pourrez zapper si vous voulez 😉 ) : je n’ai vraiment aimé l’école, comme si c’était le seul pont qu’il fallait franchir pour atteindre le “vrai” monde… Je n’ai jamais vraiment eu d’amis fixes, donc j’ai eu le temps d’apprendre à vivre avec moi et a ne pas avoir peur d’être “la seule”. J’ai pris difficilement et lentement confiance en moi, toujours un peu seule à l’écart. Et puis, théâtre et atterrissage inopiné dans un groupe d’amis un peu fous obligent, je me suis extériorisée… Et me suis auto-coachée (!) en voyant que j’avais du mal avec l’image de moi que je pouvais donner aux autres : je me rappelle m’être regardée dans la glace pendant des heures à me dire et me prouver que je n’étais pas moche et que je pouvais plaire… Ca m’a énormément aidé, et je ne suis pas narcissique, ni une pouf maintenant. =)
    Je suis plutôt timide et angoissée, mais mes plus belles expériences, celles qui m’ont fait grandir un peu plus, sont celles que j’ai faites sur un coup de tête, ou sans réflexions durant trois heures… Comme un STAGE de théâtre, un CONCOURS de danse, l’inscription à un lycée en internat LOIN DE MA VILLE, un VOYAGE, un SPECTACLE de fin d’année… Ces expériences sont assez insolites, comparées à celles que j’avais de la vie, avant. Et c’est ça qui m’a forgée, et qui m’a fait comprendre à quel point il y avait des choses à faire, des choses à voir, des gens à rencontrer.
    Aujourd’hui, depuis très peu de temps, je me sens beaucoup mieux, je fais de mon mieux pour obtenir ce que je veux avoir, pour aider ceux que j’aime, et pour faire tout ce qui pourra me rendre meilleure, telle que j’ai envie d’être vraiment…

    Sinon, en général : La plupart des lycéens ont toujours vécu avec les mêmes personnes, ils ne sont pas habitués au changement et au fond d’eux, ils aiment la petitesse de leur monde, parce qu’il est plus rassurant que celui de l’extérieur. A force de vouloir préserver la jeunesse, on la protège trop, et comme on s’occupe d’elle, elle n’a plus besoin de ses membres, de ses yeux, de son coeur… Comme une maison de retraite, à force de surprotéger, on rend les gens gâteux et fragiles.
    Pour ce qui est du lycée, la plupart des jeunes que je connais ont toujours connu la même chose, les années se ressemblent, les amis aussi. J’ai fait deux lycées totalement différents, mais le fond est le même : pas envie d’aller en cours, de faire les devoirs, les profs saoulent, etc, et certains seulement savent ou ont vraiment envie de sortir pour faire ce qu’il leur plaît en études. Les 3/4 de ceux qui ont prévu de longues études ne les ont prévues que pour “gagner du temps pour trouver ce qu’on va faire plus tard”, parce qu’ils n’en savent rien du tout et qu’ils ont des bons résultats. D’autres ne sont pas au courant qu’il y a une vie ailleurs, et les derniers sont soit retenus par leurs parents, soit découragés par les parents, les profs ou les amis, s’ils avaient un projet. Seuls très peu d’entre eux ont conscience qu’il faut se bouger un peu et que même si on en bavera un peu, ce sera bien quand même, plus tard… Et souvent, ce sont ceux qui ont une passion, quelqu’elle soit !
    Alors, les vieux, obligez les jeunes à essayer (mais s’ils n’aiment pas après essai, arrêtez, surtout !!!!), et proposez, soutenez, observez de loin sans perdre de vue vos enfants, en les gardant un peu à portée de main sans les tenir en laisse, et faites-leur DECOUVRIR le monde ! =)

    (un long commentaire, je m’en excuse ! J’avais vraiment envie de vous informer, en direct de l’intérieur du monde “jeunesse” ! Et puis, long article, long commentaire ! =p)

  32. Mohamed says:

    Merci Tina pour ce long commentaire. Tu dis des choses intéressantes, personnelles et qui te tienne a cœur donc c’est très bien que tu t’exprimes. Je pense que Jean-Philippe sera d’accord avec moi…

    Tes mots ne sont pas ceux d’une lycéenne et je me dis en te lisant que la vie t’as fait grandir bien plus vite que la plupart des gens de ton âge. Il y a deux choses désormais auxquelles tu devras te préparer.

    Tout d’abord si tu as parcouru les commentaires tu as du lire que je suis prof. Tu as peut être lu mon article-réponse cependant sache que je commente ici de mon point de vue d’ancien lycéen et non pas de prof.

    J’ai depuis l’âge de 16 ans l’impression de ne pas être en phase avec les gens de mon âge. Leurs problèmes n’étaient pas les miens et les choses qui me faisaient cogiter ne faisaient pas franchement partie de leurs préoccupations.

    Peu a peu je dois dire que j’ai commencé a voir le monde de manière pessimiste (que j’appeler réaliste a l’époque) et aussi surtout mon sens de l’émerveillement a commencer a sérieusement s’effriter. Ca m’a pris 5 ans après l’obtention de mon bac pour m’en rendre compte. Ca m’a pris encore 5 ans de plus pour commencer a voir la ou je voulais arriver.

    Mon histoire est la pour illustrer mon propos. N’évolue pas trop vite, apprécie ta position de “jeune” et laisse ceux qui t’aiment s’occuper de toi. Ces années de responsabilités a modération ne reviendront pas. Profites-en ! Personnellement je crois que si l’on apprend de ses erreurs, toutes les erreurs sont bonnes. Donc “please make mistakes” 🙂

    Ensuite j’adhère complètement a tes paroles lorsque tu précises les activités que tu as pu faire. On ne peut qu’être d’accord avec toi. L’expression dit bien “les voyages forment la jeunesse”. Je crois qu’on peut même dire “les expériences forment la jeunesse”. Voyagez est surement la meilleure idée que j’ai pu avoir dans ma vie, si c’est ce que tu souhaites faire, alors fonce, tu ne le regretteras pas…parole de vieux

    Mohamed

  33. Tina says:

    ^^ Merci de ta réponse Mohamed !
    Pour ma part, depuis que je me suis aperçue de ce “décalage” avec les autres, j’ai appris à vivre avec : je laisse parfois ma maturité de côté, mais toujours à portée de main!, pour les moments qui font plus tard “les souvenirs de jeunesse”, et je profite de la vie insouciante tout en n’oubliant pas de rester la “fille différente”… J’aime être jeune, tout de même ! 😉

    Et j’évite de marcher à reculons ou de me faire tirer ou pousser tout le temps… Un peu d’impulsivité peut être bon parfois… =)

  34. Jean-Philippe says:

    Merci Tina pour ton long témoignage. Comme tu l’as si bien dit, à long article, long commentaire. 😉

    Je crois que Mohamed a tout dit et je ne peux que rester en admiration face à ton parcours. 🙂 Tu possèdes vraiment de grands talents d’analyses qui, j’en suis certain, te sont et continueront à t’être utile dans le futur…

    Ta vision des lycéens est très intéressante. Pour reprendre tes mots :

    La plupart des lycéens ont toujours vécu avec les mêmes personnes, ils ne sont pas habitués au changement et au fond d’eux, ils aiment la petitesse de leur monde, parce qu’il est plus rassurant que celui de l’extérieur. A force de vouloir préserver la jeunesse, on la protège trop, et comme on s’occupe d’elle, elle n’a plus besoin de ses membres, de ses yeux, de son cœur… Comme une maison de retraite, à force de surprotéger, on rend les gens gâteux et fragiles.

    Je trouve que c’est une splendide analyse de ta part et je ne peux qu’être d’accord. C’est bien le “mal” de la fin du XXème siècle qui a voulu trop protéger l’enfant roi. Belle image aussi que celle du lycée à la maison de retraite. Le parcours d’une vie quoi ! C’est une image forte qui j’espère en fera frissonner beaucoup et les encouragera à ne pas perdre trop de temps dans une routine réductive.

    Quant à toi, je ne me fais pas de souci. Tu sauras toujours trouver ta voie ! 🙂

  35. Nathalie says:

    Que des réactions positives pour l’instant 🙂 ceux qui l’ont déjà lu, ont adoré. J’attends encore des infos car c’est le prof de physique qui a l’article et il l’a passé à la prof de français 😉 je te tiens informé 🙂

  36. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nathalie de prendre sur ton temps pour faire passer l’info. Tout cela est vraiment très intéressant. Attendons la suite. 😉

  37. Thomas says:

    Well done Jean-Philippe !! Se plaindre n’apporte pas grand chose à part la démotivation. En ce qui me concerne, j’ai trouvé le Lycée bien ennuyant aussi (le paroxysme du schéma apprentissage/reproduction). Raison pour laquelle je me suis orienté vers la pratique pendant 3 ans par la suite. Puis, maintenant, me voici de retour sur les bancs d’école, mais au degré universitaire cette fois. Force est de reconnaître (et c’est bien triste), que c’est seulement maintenant qu’on COMMENCE à nous inviter à réfléchir par nous-même et à nous pousser à CREER nos propres réflexions et nos propres schémas de pensées. Ceux-ci sont ENFIN reconnus et validés POUR AUTANT qu’ils soient bien argumentés et bien sûr, pas trop en dehors du cadre de la “science classique” que les “grands” ont posé avant nous.

    Je pense que l’essentiel, pour tout enfant qui suit l’école, est de préserver sa curiosité et sa confiance en soi. Un bon élève n’est pas nécessairement un élève créatif. C’est un élève qui rempli des objectifs qui ont été ARBITRAIREMENT fixés pour assurer la continuité de la société. Le mauvais élève est ainsi écarté du système sous prétexte qu’il ne sait pas apprendre alors que le vrai problème, c’est qu’il ne comprend pas pourquoi il doit apprendre d’une manière ou d’une autre. J’ai personnellement toujours été limite à l’école, jusqu’au jour où j’ai pris conscience de ce que je devais faire pour remplir les objectifs de l’institution scolaire.

    J’ai alors vraiment pris conscience que je n’étais pas nulle (car tous les profs répétaient à mes parents que j’avais des difficultés d’apprentissage) mais que je devais arrêter de me demander POURQUOI je devais apprendre ceci ou cela de telle manière pour tel objectif.

    Je me suis alors demandé : que veulent-ils voir dans l’examen. Et je suis passé dans les premiers de classe.

    Et je me borne à répéter et répéter ce que tu dis déjà, Jean-Philippe : ne pas laisser mourir sa créativité. Ne pas se laisser dire qu’on est mauvais ou bon selon une norme complètement ABSTRAITE et illogique. Oui, tout homme a le pouvoir de créer, OUI tout homme est créatif. Le tout est de se focaliser sur un domaine de créativité et de focaliser son énergie dessus.

    Et en attendant… tenter d’ouvrir la discussion avec les profs, les doyens et les responsables des institutions. Avec le sourire, des questions et beaucoup de bienveillance. le 21ème siècle a besoin d’harmonie et d’humanité. Et ces deux facteurs ne se retrouvent pas dans le système scolaire qui se borne à transmettre, implicitement, l’ordre hiérarchique de la société, des limites individuelles ILLUSOIRES et ce, tout en maintenant et en soulignant les traits des catégories sociales déjà existantes.

    Merci de soulever cette discussion. Même si c’est un sujet qui oppose de nombreuses positions, il ne peut que faire avancer la réflexion. Et pour le meilleur 😉 Hasta la Vida et courage à toi, si tu es en plein Lycée ^_^

  38. saul says:

    Il y a aussi ce qui ne se plaigne jamais, et qui finissent par se faire bouffer.

  39. Eliana says:

    Salut Jean-Philippe !
    J’aime beaucoup ton site. Je voulais laisser un petit message côté lycée car je suis au lycée :p
    En fait, j’aimerais poser une question : je suis au lycée, je n’ai pas beaucoup d’ami(e)s car je suis tombée dans un lycée où je ne connaissais personne. Je me suis finalement fait 2 amies mais qui ne sont pas dans ma classe. Puis en plus de ça, je ne suis pas sur facebook (mes parents me l’interdisent) alors du coup, moi ça ne me dérange pas. Je veux dire que je m’en fiche un peu de facebook mais d’un côté j’ai l’impression de passer à côté de pleins de trucs. Du genre, je ne suis pas du même monde que mes copines. Je me rapproche moins des autres ou ne garde pas contact à cause de ça. L’autre fois j’y suis allée grâce au compte de quelqu’un d’autre et je me suis rendu compte de pleins de trucs que je n’étais pas au courant. Ça fait bizarre et ça me déprime. C’est comme si j’étais intruse ou j’ne sais quoi. Moi je dis que c’est vraiment une invention bidon facebook. À part ça, je suis plutôt sérieuse. Du coup, parfois j’ai l’impression de passer à côté de pleins de trucs. Du genre, les gens de mon âge (lycéens), ils s’amusent, sortent, font la fête et moi je ne fais rien de ça. J’ai l’impression de ne pas profiter de ma jeunesse comme si je n’étais pas normale. Que je le regretterai plus tard. Mais j’ai pleins de passions. Parfois le week-end, je suis sûre qu’il y en a pleins qui sortent et moi je reste chez moi enfermée ou à lire ou à écrire. Ça me déprime un peu. Mais aussi ce n’est pas facile. J’habite en plein dans la campagne en pleine forêt et non pas en ville ! Enfin bref, je voulais te demander si c’était grave ? Si il y en a comme moi ? Et toi, comment étais-tu ? :s Merci beaucoup !

  40. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Eliana pour ton long message. 🙂

    Il y a une chose que je voudrais te dire tout de suite, c’est que je trouve ton commentaire très digne. Il a de la retenue tout en étant analytique et clair. Je me dis que tu dois être quelqu’un de très intéressante.

    Ce que je vois aussi c’est que tu as des choses que tu ne peux pas contrôler. Les décisions parentales (ils font de leur mieux pour t’aider), l’absence de facebook, la campagne, la forêt, qui peuvent être aussi des atouts.

    Après, même si tu ne vas pas aux fêtes, même si tu n’as pas toutes les opportunités de rencontrer tes amis, cela ne veut pas dire que ta vie te passe sous le nez. Je suis certain que tu fais des choses qui te passionnent, chez toi dans la forêt, non ?

    Ceci dit, si tu veux vraiment sortir, rencontrer plus d’amis, il te faut trouver un terrain d’entente avec tes parents. Qu’est-ce qui leur permettrait de te laisser sortir plus souvent ? Sous quelles conditions ? A quelle heure devrais-tu être de retour ? (Ce sont juste des exemples de questions) Ou alors est-ce que tes amis peuvent venir chez toi ?… Ensuite, pour mettre en confiance tes parents sort peu et rentre tôt, au début. Je suis certain que ce genre d’accord est tout à fait possible. 🙂

    D’un autre coté, chez toi, tu lis et écris. Mais c’est formidable ça ! Ce sont des choses qui te seront utiles plus tard. Peut-être même qu’un passion peut naitre de tout ça.

    Il n’y a pas de règles sur comment vivre sa jeunesse, ce n’est pas, par exemple, parce que tu vas sortir beaucoup que tu vas t’épanouir en temps qu’adulte. Tu ne rates rien, tu vis des expériences différentes, c’est tout et tout cela crée ton unicité et ta valeur.

    A toi de voir maintenant ce que tu sens le mieux et ce que tu veux faire. 😉

    PS : Je confirme, facebook est plutôt une perte de temps. Et moi aussi je suis beaucoup resté dans ma chambre pendant mes années lycée. Cela ne m’a pas empêché plus tard de devenir DJ. 😀

  41. Eliana says:

    Ok, merci beaucoup Jean-Philippe. Ta réponse est superbe. J’ai essayé de parler avec ma mère pour qu’elle me laisse un petit peu plus de liberté (car mes parents discutaient beaucoup avant de me laisser faire quelque chose et j’avais pris pour habitude de ne presque plus rien leur demander car j’avais peur qu’ils me disent non). J’ai été contente qu’elle me réponde qu’elle ferait un effort. On verra comment les choses évoluent. J’aimerais que parfois ils me répondent spontanément “Ok !”. Puis c’est vrai que lire et écrire ça peut faire naître une passion, ça en est déjà une je pense. En plus tu as raison en disant que ça peut être un atout ma forêt car elle m’inspire quand j’ai envie d’écrire. Enfin merci beaucoup, vraiment. C’est sympa de me faire partager quelque chose de tes années lycées. Puis ça me rassure. Ça me rassure de ne pas être seule à rester beaucoup dans ma chambre (ce que j’ai tendance à beaucoup croire) et aussi d’avoir peut-être une petite pointe d’unicité :p. D’après ce que je lis sur ton blog, tu es également encore plus unique que les autres. A+ !

  42. Jean-Philippe says:

    Bravo Elianna ! Essaie de maintenir ce dialogue avec elle. Mais attention, elle ne doit pas te faire une faveur, sinon tu te places en situation de dépendance, de “bon vouloir”, ce qui n’est bon pour personne.

    Par exemple, si après quelques jours elle n’a toujours pas reparlé du sujet, tu peux la brancher de cette façon :”Tiens, tu sais, j’apprécie tes efforts et je me suis demandée ce que moi je pouvais faire en échange. Alors voilà…” et tu lui proposes une liste de choses qui l’aideraient vraiment à la maison. Puis tu lui demandes ce qui lui serait le plus utile et tu t’engages à le faire…

    Ainsi tu crées un dialogue, tu communiques et cela adoucit les tensions, les doutes et les hésitations. Tu lui fais sentir que tu as bien la tête sur les épaules et que tu peux gérer une sortie le soir. 🙂

    Ceci dit, cela ne fonctionne pas toujours (je dis ça pour tous ceux et celles qui lisent ce commentaire et qui ont des parents forcement différents) mais cela reste un excellent exercice pour apprendre à communiquer. Très utile pour le futur !

  43. Thomas says:

    @Eliana : j’ai 23 ans et je me souviens m’être trouvé dans le même questionnement que toi pendant le Lycée. Est-ce normal de ne pas sortir comme la plus grande majorité des jeunes de notre âge ? Eh bien sur le moment j’avais réellement le sentiment de passer à côté de quelque chose et de ne pas être dans le coup. Plus tard, quand j’ai pu sortir comme bon me semblait, je me suis rendu compte que j’avais bel et bien une case qui me manquait : impossible de m’amuser en boîte avec les autres car cela n’avait pas de sens pour moi que de boire, boire, boire et danser jusqu’à l’épuisement pour entendre le lendemain : Woaw quelle superbe soirée.

    Du coup, j’en ai profité pour faire d’autres choses, rencontrer des personnes dans d’autres cadres (plus propice à de réels échanges, même si on peut super bien s’amuser en boîte aussi).

    Et si cela peut te rassurer, j’ai par la suite rencontré pas mal de jeunes dans cette situation 😉 Je crois qu’il ne faut pas avoir peur de vivre différemment, de s’écouter et de se dire : “ok, je ne fais pas ça, mais je fais autre chose”. Et si toi tu te sens déboussolé un jour dans une disco, dis-toi bien que ceux qui voudront te traîner en piste pour te draguer seraient bien moins à l’aise dans la forêt en train d’écouter le bruit des feuillages… dans le silence 😉

    Enfin, plus tu oseras affirmer ta différence, plus tu vas rencontrer des gens qui admires cette différence. En tout cas, c’est ce qui s’est passé pour mon cas.

    Bonne suite à toi et merci à Jean-Philippe qui permet le débat, l’échange et la révolution constructive 😉

  44. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Thomas pour cet important témoignage ! Les exemples c’est ce qu’il y a de meilleur pour comprendre que l’on est pas seul, qu’il y a des millions de personnes exactement comme soi (Bon, là on est déjà 3 !)… Et en plus tu l’exprimes très bien. Merci pour Elianna et tous les autres. 🙂

  45. Eliana says:

    Merci beaucoup à Jean-Philippe et à Thomas. Vous m’avez beaucoup aidé ! J’ai lu vos réponses et je me sens moins seule et rassurée. :D. Ce n’est pas si grave finalement, il faut même être fier de ce que l’on est. A+++

  46. Sam says:

    Bonjour, on voit bien que c’est un point de vu adulte ça. Je suis lycéen, et par exemple dans ma classe on a à peu près 3 profs potables, le reste c’est l’hôpital psychiatrique ou la maison de retraite mais contrairement au comportement adulte on en rigole bien, de toute façon nous devons être avec eux 1 an alors autant le prendre à la légère sinon ça devient vite lourd, comparé aux adultes on se plaint généralement beaucoup moins. On peut râler parfois mais souvent on rebondit très vite et on utilise cette énergie à faire quelque chose.

    Après niveau pensée négative, toute la journée on nous répéte soit qu’on est nul, désagréable, bête, pourquoi on est au lycée ?, on ne réussit rien puis de toute façon qu’est ce que c’est chiant de nous faire cours ! Parfois si les professeurs arrêtaient leur plaintes souvent totalement égo-centriques, et liées à des complexes vis à vis de leur situation on gagnerait niveau pensée positive et temps de cours.

    Et non si on nous donnait le programme sans cours on ne s’en occuperait pas, pourquoi ? Car le programme ne nous servira pas, il ne nous sert ni dans la vie quotidienne, ni pour notre culture. Si on me donnait le programme de français je ne lirai pas la moitié des livres conseillés, pas qu’ils m’ennuient mais ce n’est pas ma priorité car à mon âge je suis curieux, et en faisant 8-17h tous les jours, en rentrant à la maison à 18h on est des zombies grâce à l’éducation nationale, donc le Zola je ne le lis pas et je passe direct au Thoreau, Tolstoï ou Rousseau histoire de lire ce que j’aime vraiment et qu’on ne me “vole plus mon temps”

  47. Jean-Philippe says:

    @Eliana Merci et bonne continuation !

    @Sam Merci pour ce long commentaire qui rejoint bien ce que je dis. 😉

  48. Mathilde says:

    Merci Jean-Philippe. Superbe article, qui, en effet, ne s’adresse pas qu’aux lycéens, mais à tout les râleurs (du moins, je m’y retrouve en tant que raleuse). Je pense que ca va m’aider un peu à changer mon comportement. Mieux vaut tard que jamais.

Commentez ce billet