Le lit parapluie est mon ami
Par Jean-Philippe le 20 February 2014
dans Changer les règles, Ma vie en sashimi
Ma sœur nous a rendu visite et elle nous a offert un lit parapluie.
Ça n’a l’air de rien mais ce fut une expérience traumatisante. Elle aurait pu me mener à la catastrophe et à me faire douter de tout ce qui fait de moi… un être humain. 🙂
Finalement, ma conclusion, c’est qu’on apprend tous les jours.
Vous en doutiez ?
Si oui, c’est peut-être pour cela que vous n’avancez plus dans la vie. C’est peut-être pour cette raison que vous êtes bloqué dans votre train-train quotidien. C’est également pour cela que vous ne pouvez voir tout ce dont vous êtes capable.
Là, vous devez vous demander : qu’est-ce qu’il raconte ? De quoi il parle ? Qu’est-ce que c’est que tout ce charabia ? Quel rapport entre un lit parapluie et mon métro-boulot-dodo ?
Et si je commençais par le début ? 🙂
Expérience
Donc, je vous le disais, ma sœur nous a rendu visite.
Je sais, c’est une nouvelle clairement révolutionnaire qui va vous ébranler ! En plus, avec une amie, elles nous ont offert un lit parapluie. Là oui, c’est de la news hyper importante ! Si vous ne savez pas ce qu’est cet objet, c’est une sorte de lit pour bébé, transportable, qui se plie et se déplie facilement.
J’insiste sur le dernier mot.
(NDLR : Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, le petit samouraï nous a rejoint le 16 janvier dernier. J’en ai parlé sur facebook et sur cette page. Dites, j’ai vraiment l’impression de faire du Paris-Match ou du Voici dans ce premier paragraphe…)
Bref, nous déballons ce fameux lit parapluie et au bout de 10 minutes d’assauts acharnés, impossible de l’ouvrir complètement, de façon à pouvoir y poser un bébé dedans. Les 4 barres du haut du lit qui doivent s’enclencher ne le font pas. Le lit se replie sur lui-même comme un… parapluie.
Nous restons encore plusieurs minutes devant ce tas de tubes qui ne veulent pas tenir et, à tour de rôle, tentons de créer quelque chose qui ressemblerait à un vrai lit pour nourrisson.
Rien n’y fait. Ces maudits côtés ne veulent pas s’enclencher et le manuel est aussi clair qu’un menu gastronomique en chinois.
On songe à retourner ce produit assurément défectueux. (Ô humain présomptueux…)
Et puis, dans un geste désespéré, je cherche une quelconque vidéo sur YouTube qui pourrait nous aider. Et là, je tombe sur ça.
Nous sommes sauvés ! Hugo* aura un lit, en voyage !
Le principe du lit parapluie, c’est qu’il fonctionne comme un… parapluie. Il faut donc bien pousser au centre, comme on ouvrirait une ombrelle, de façon à ce que la pression exercée bloque les côtés en place.
Nous entendons avec ravissement les 4 tubulures s’enclencher. Clic, clac, clac, clac !
Et nous rions devant notre “bêtise”. 🙂
Que c’est-il passé ?
Analyse
Lorsque nous faisons face à une situation inédite, nous avons toujours deux possibilités. Mais ça, nous les adultes, nous l’avons pratiquement oublié.
Car nous nous focalisons toujours sur la plus commune. Nous analysons la situation et recherchons dans notre mémoire la solution la plus logique au problème qu’on essaie de résoudre. Elle a été apprise dans notre passé et par économie de temps, nous en avons fait notre solution par défaut.
Elle nous permet aussi de ne pas gaspiller l’énergie nécessaire pour le fonctionnement de notre cerveau.
En effet, si à chaque fois qu’on voulait se verser une tasse de café, on devait réfléchir à la meilleure façon de le faire… vous imaginez l’état de notre monde (et de la moquette). Non, on connait la solution, elle est intégrée à notre inconscient et nous nous versons, sans même nous en rendre compte, une bonne tasse.
Le souci, c’est lorsque nous nous trouvons face à un problème inédit (un lit parapluie). Instinctivement, nous essayons de trouver la solution qui se rapproche le plus du problème dans la “banque de données” de notre cerveau.
Évidemment, “comment verser du café” est rapidement éliminé mais tout ce qui se rapproche au montage d’un objet avec des tubes qui se déplient va surgir. Ainsi, nous allons choisir celle qui nous parait la plus logique (les enclencher) et après, toutes les autres solutions seront balayées pour économiser de l’énergie. Nous ne verrons plus les autres possibilités.
Et voilà comment on se retrouve à trois devant un cadeau, ne sachant que faire pour qu’il fonctionne et pensant déjà à se faire rembourser cet achat “défectueux”. 🙂
C’est d’ailleurs comme cela que l’on tue la créativité et l’esprit critique des enfants à l’école. Une classe, c’est l’endroit où l’on nous impose “la” solution à un problème donné. On nous demande juste de la mémoriser et de la régurgiter au bon moment. Au bout d’environ treize ans de scolarité, vous voyez le résultat.
Impossible d’ouvrir un lit parapluie. 🙂
Rebellion
Bon j’exagère un peu mais vous voyez bien que je suis dans le vrai, non ? Cela ne vous est jamais arrivé à vous de vous trouver dans une situation pareille ?
Notez que dans le cas du lit parapluie, la solution est venue dès que nous avons arrêté d’essayer d’utiliser celle qui nous paraissait la plus logique, pour chercher des alternatives.
C’est là le point-clé.
Nous aurions très bien pu dire que notre savoir-faire était le meilleur possible et que si le lit ne voulait pas tenir ouvert, c’est que lui avait un problème et qu’il fallait le ramener au magasin pour se faire rembourser.
En gros, cela signifie… abandonner.
Vous me voyez venir ? 🙂
Notre existence est faite de multiples lits parapluies.
Chaque jour, nous rencontrons des problèmes, des choses qui ne marchent pas comme habituellement, des situations inédites.
Et que faisons-nous ?
Nous appliquons nos solutions logiques (qui diffèrent d’individu en individu). Si elles ne fonctionnent pas, nous abandonnons. C’est à dire que nous râlons, nous critiquons, nous rejetons la faute sur quelqu’un d’autre mais, à aucun moment, nous ne cherchons une solution différente.
Franchement, je vais vous dire, ce n’est pas de notre faute. Des générations d’éducation au “bachotage existentiel” ont modelé notre société telle qu’elle est aujourd’hui.
On demande, on exige, on proteste mais on oublie que le plus formidable outil pour résoudre tout cela, c’est nous-même.
Ainsi, on se sent démuni(e) face à l’avenir (qu’il soit professionnel ou personnel) alors qu’en nous, nous possédons tout ce qu’il nous faut pour rejaillir et nous épanouir. Pas pour nous éteindre comme une vieille chandelle.
Et si nous relevions la tête (et les lits parapluies), ensemble ?
Voilà comment faire… 😉
(A suivre)
*Hugo se prononce “You-Go”, comme son prénom en japonais : 有吾. Vous suivez ?
Bonjour Jean-Philippe,
Serait-ce une amorce vers le prochain CB ? 😉
Une gosse bise à You-Go !!!
Il y a de fortes chances MarieBo ! Merci et je transmets ta bise à l’intéressé. Je suis certain qu’il saura pleinement l’apprécier. 😉
Franchement, je vais vous dire, ce n’est pas de notre faute.
Mais si c’est notre faute. Ne pas se remettre en cause, au moins une fois par jour, ne pas remettre en cause nos habitudes et nos apprentissages, c’est notre faute.
En même temps, tu es excusable pour ce lit parapluie. On vit dans une société douce, soft, et forcer ce n’est plus dans nos habitudes. (Le moindre effort ?)
Si tu avais été un peu plus bourrin, tu aurais forcé à défoncer le lit parapluie. Et là, il se serait ouvert… ou aurait cédé (donc “à rembourser” :o) )
Mais j’aime bien l’idée de “je renonce devant le dernier effort, le plus gros, celui où il faut forcer et en pas céder à la pression”… jusqu’au déclic salvateur !
Pour l’école, tu as raison, treize ans de solution unique, ça formate dur.
Heureusement que les parents sont là pour équilibrer !
Enfin, peut-être. 😉
Bon courage avec ce lit. Durée de vie, moins de deux ans.
Après le petit d’homme passe par dessus pour sortir.
l’Amibe_R Nard
Merci l’Amibe pour tes commentaires toujours aussi délicieux !
C’est vrai que je n’avais pas pensé à cela… dans deux ans il n’y aura plus de problèmes de clic ou de clac. De toute façon, sur le côté (face à gauche sur la photo), il y a un zipper pour ouvrir une petite ouverture. Voyons combien de temps il va mettre avant de découvrir cette “porte” secrète. 😉
Durée de vie deux ans ?
A moins d’y prendre goût …
😉
Didier, on sent l’homme d’expérience qui parle… 😀
Ayant fait des études très poussées dans l’ouverture de lits parapluie après avoir eu plusieurs enfants,je peux dire sans prétention que je suis devenu un expert. Mais je me souviens parfaitement de mes débuts O combien difficiles. Mon esprit était aussi ouvert qu’une coquille d’huitre fermée, ce qui me donnait un champ de vision plutôt restrein, sur le monde qui nous entoure. Je me suis réveillé un jour, pour mettre au placard, la notice , cherchant plus à analyser le problème, et trouver la solution par moi-même. Quel bonheur pour moi, de constater qu’en sortant du formatage de notre inconscient, certaines perspectives s’ouvrent à nous. Depuis ce temps, mon lit parapluie est mon ami, je peux même vous préciser que nous deux sommes devenus inséparables.
Cordialement
David Duprat
Merci beaucoup David pour ce témoignage ! Je devrais faire la même chose. 😉
Bonjour
ma réponse n’a rien à voir avec le sujet mais j’ai vu dans le blog d’olivier que vous indiquez que si nous achetions un kindle , vous pouvez nous fournir la version epub en vous contactant. Cependant je n’ai trouvé aucun moyen de vous contacter
Merci de me dire comment procéder
Laurent
Pas de souci, je vous contacte en privé. 😉
Ca me rappelle le sketch de Laurence Foresti sur la difficulté de déplier une poussette. Elle avait imaginé un groupe d’ingénieur dont le seul but était de rendre la tache le plus difficile possible.
Une conspiration de gens compliqué pour des choses simple…