Lettre aux futurs bacheliers ou pas

Votre avenir est brillant, promis !


Alors ça y est, vous l’avez réussi. Bravo !

Alors ça y est, vous l’avez raté. Bravo !

Avoir le bac est une grosse affaire chez nous. C’est quelque chose que l’on fait miroiter au fil des années scolaires. Et plus on s’approche du verdict final et plus on a le trac. Plus on a peur. Plus on se demande ce que deviendra notre vie si on échoue. On se dit que notre vie sera sans doute “foutue” sans lui.

En fait, les plus chanceux sont peut-être ceux qui passent à côté. 🙂

Troisième F

Pourquoi je m’intéresse au bac ? Parce que, tout récemment, le bac s’est intéressé à moi. Et j’ai été étonné par le nombre d’élèves qui voulaient simplement savoir s’ils avaient “tout juste” aux questions relatives à mon article. Je ne les blâme pas car c’est la façon dont on les éduque. Avoir juste. Avoir la bonne réponse. Être comme les autres. Rentrer dans le rang. Ne pas avoir la tête qui dépasse.

Je généralise beaucoup mais la première chose à faire, vous les ados qui lisez ces lignes, c’est d’arrêter de croire tout ce que les “adultes” vous racontent. “Passe ton bac d’abord” est le genre de phrase passe-partout qui ne mène à rien. C’est juste une façon pour des parents mal informés de répéter des lieux communs. La preuve ? Ce n’est pas parce que vous allez avoir des diplômes que votre vie sera plus facile. Elle risque même de se compliquer. Demandez autour de vous à tous les “bac + 5” qui cherchent désespérément un boulot et qui sont, comme l’on dit, “sur-qualifiés”.

Et je n’irai même pas argumenter sur les stratégies employées par le système scolaire pour vous faire passer ce bac, comme le bourrage de crâne. Qu’on ne vienne pas me dire que ce système favorise l’éveil des élèves. Où est la passion d’apprendre dans tout ça ? Où est le plaisir de découvrir de nouvelles informations dans un domaine qui nous passionne ?

Seconde A

Parce que moi, ce qui me touche, ce sont tous ceux et celles qui ne réussissent pas le bac et que l’on commence à considérer comme des ratés de la société. Lorsque l’on a 18 ans, on est encore un peu fragile, on ne connait pas le grand monde du travail, on ne sait pas ce qui se passe de l’autre côté.

Si vous ne vous en doutiez pas encore, moi je suis là pour vous dire que le bac vous donne juste l’autorisation de continuer à étudier et ne fait que vous enchainer vers encore plus d’études et rien de vraiment concret. On reste dans la théorie et on évite la réalité. C’est une situation confortable mais dangereuse. Le jour où l’on doit vraiment faire face au marché du travail, est un grand choc.

J’aime bien, par exemple, le système anglo-saxon où beaucoup d’élèves prennent une année sabbatique à la fin de leurs études secondaires pour aller découvrir le monde et se rendre compte de ce qui est important : les autres cultures, comment les gens vivent ailleurs, la valeur relative de ses diplômes.

Généralement, après un voyage comme ça, on revient changé. 🙂

Première U

Mais si on a échoué au bac, n’est-ce pas encore pire ? Comment pourra-t-on trouver sa place dans la société ?

D’abord, je l’ai dit plus haut, la société ne va pas vous faire une place juste parce que vous avez un bout de papier avec un sceau officiel dessus. D’année en année, il y a de plus en plus de bacheliers et je ne crois pas que le nombre d’emplois augmente dans la même proportion. Partir dans cette folle compétition pour décrocher “le” job disponible contre 500 autres candidats n’est pas la meilleure façon de vivre sa vie et de s’épanouir.

Vous êtes d’accord ?

Non, le mieux, à mon avis, c’est de laisser le troupeau (ou la meute) s’entre-déchirer pour ce job et de faire son trou, de créer sa propre niche, tranquillement. Ce n’est pas facile (de toute façon les études ne le sont pas non plus) mais au moins, on a plus de chances et de possibilités, en se démarquant des autres et en poursuivant des voies qui nous plaisent, de trouver sa voie. Au moins, si on ne réussit pas, on aura eu beaucoup de plaisir et les connaissances acquises seront toujours transposables.

Et ne me dites pas que vous ne savez rien faire. Si c’est vrai, avec ou sans diplôme, vous n’irez pas loin. Et puis, pendant votre adolescence, il y a bien un domaine qui vous a passionné, un thème qui vous a intéressé. Vous avez des envies et des passions, alors ne laissez pas un diplôme ou un employeur étouffer ça !

Terminale X

Je pourrais vous citer des dizaines d’exemples de personnes plus ou moins célèbres qui ont réussi dans leur vie sans le bac (merci de les citer dans les commentaires) mais je préfère juste vous donner un exemple intéressant.

Olivier Roland, un garçon que vous ne connaissez peut-être pas, est un blogueur renommé qui vit la vie de ses rêves, possède des revenus très confortables, voyage à sa guise et a interrompu ses études avant même de passer son bac. S’il a pu le faire, pourquoi pas vous ?

Vous allez surement me dire qu’il représente un cas exceptionnel. Peut-être pour l’instant mais, si c’est vraiment le cas, c’est à cause des fausses idées que notre société se fait sur la valeur réelle des diplômes.

A l’école, les Olivier Roland, on devrait les repérer, les encadrer, les chouchouter et leur donner les moyens de se lancer car, la seule vraie école, c’est l’école de la vie, celle qui vous permet de découvrir les véritables interactions entre êtres humains, de comprendre leurs besoins et de les aider en partageant vos connaissances.

Attention, je ne rejette pas en bloc toute scolarité. Apprendre est important. Mais selon les institutions et les individus, elle peut vite atteindre ses limites utiles et n’ être qu’une perte de temps dans un cocon douillet, hors des réalités.

Il vaut mieux contribuer et apporter sa touche à la société. Cela donne confiance en soi. Nul besoin de rechercher à tout prix l’ultra richesse matérielle mais bien un confort de vie où l’on peut s’épanouir et, créer son propre bien-être. 🙂

Et ça, aucun diplôme ne pourra vous le donner.

(Photo : 米死米)

Commentaires

15 commentaires pour “Lettre aux futurs bacheliers ou pas”
  1. Merci de me prendre en exemple, Jean-Philippe, c’est un honneur 😉

    Je suis persuadé qu’avoir arrêté l’école à 18 ans pour créer ma première entreprise a été la meilleure décision de ma vie. Cela n’a pas été facile (j’ai failli déposer le bilan après seulement 6 mois d’existence), mais cela m’a permit de passer de l’adolescence à l’adulte, tout en m’apprenant des compétences rarissimes que je n’aurai jamais appris à l’école, dont la toute première est l’esprit entrepreneurial qui de manière générale créé un nouvel environnement plutôt que de le subir.

    Je pense que le système éducatif a pour principale fonction de créer des salariés obéissants. La vie a beaucoup, BEAUCOUP plus à nous offrir. Prenez les rênes de votre destinée en main !

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Olivier de revenir plus en détail sur ton parcours !

    Oui, il y a beaucoup à dire sur le système scolaire et je crois que le problème a été résumé de belle façon par Sir Ken Robinson lors de sa célèbre présentation enregistrée il y a 5 ans à TED.

    Tout ça ne changera pas rapidement mais ce n’est pas une raison pour rester les bras croisés. Comme tu le dis, il faut prendre “ses” rênes en main et ne pas hésiter à questionner, à se renseigner. En changeant de perspective (en se plaçant hors école), on découvre de nouvelles possibilités, impossible à voir de “l’intérieur”.

    Et c’est ce que tu as fait avec brio. Merci de nous avoir montré le chemin. 🙂

  3. nana fafo says:

    Aux étudiants. Le diplôme ou BAC c’est une carte d’accès. Il ne sert à rien mais si tu ne l’as pas sur le marché du travail “classique” on t’écarte. L’important c’est de savoir ce que tu aimerais faire dans vie, si tu vises un travail “classique” (avec un patron et des horaires fixes) tu devras d’abord avoir le(s) diplôme(s) demandés pour ouvrir la porte, mais ça ne signifie pas non plus que le travail est pour toi. Le monde du travail est vraiment bizarre, il veut des gens dans le moule avec des diplômes (des bac +5 pour être secrétaire…) et en même temps leur demande d’avoir des idées et de l’initiative. Si tu choisis la voie de l’entrepreneur, ce n’est pas simple non plus car sans “le diplôme” dans ton domaine tu vas manquer de crédibilité auprès des “institutions” qui sont censées t’aider (banque, assurances, comptable) et là tu devras encore te vendre pour te justifier et transmettre ce qui t’anime. Bref avec ou sans diplôme fais ce que tu aimes, car pour te “vendre” c’est là que tu auras un réel avantage : tu seras passionné(e). Et puis avec la formation tout au long de la vie, si en cours de route tu as besoin d’un autre “bagage institutionnel” il sera toujours temps de le passer. Bon courage “les jeunes” croyez en vous…

  4. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nana pour ton témoignage !

    Tu parles aussi d’expérience je pense et tout cela est très utile pour les futurs (ou pas) bacheliers. Tu as raison de bien montrer que dans les deux cas, il y a du travail à fournir et évidemment, faire ce que l’on aime est quand meme la meilleure solution. 😉

  5. amine says:

    bonne chance a toutes les personnes qui ont passés leur bac cette année,ce n’est que le début du chemin mais c’est un passeport qui peut changer la vie d’une personne.
    jean philippe,je te remercie de parler du bac sa me rappelle des souvenirs,j’ai eu mon bac en 1996.

  6. Jean-Philippe says:

    Merci Amine pour ton commentaire ! Oui tu as raison, ce n’est que le début d’un long chemin où les erreurs sont permises… et même recommandées. 😉

  7. AMie says:

    Diplomite aigüe, formatage et bons petits soldats d’entreprise sont les piliers de la scolarité française.
    Bon, j’exagère un peu… 😉
    Quelle société veut-on construire pour aujourd’hui et pour demain ? 😉

  8. Jean-Philippe says:

    Tu exagères à peine AMie ! Je pense que tu es tout à fait dans le vrai. Mais j’espère qu’un article comme celui-là et des commentaires comme le tien aideront les plus jeunes à ouvrir les yeux. 😉

  9. Salut Jean-Philippe,

    Tout d’abord merci pour tout ces partages, cela fait maintenant un moment que je suis ton blog, j’aime vraiment beaucoup tes articles, et je pense que l’on est sur la même “longueur d’onde”.

    Je voulais réagir à cet article qui me parle. En effet, j’ai 20 ans, j’ai eu un BAC S sans vraiment faire exprès à 17 ans et demi et j’ai décidé de tout arrêter et de monter ma boite, qui désormais tourne bien. Je me suis fait chi** des années dans ces études, simplement pour avoir un bout de papier qui aller me laisser “libre de faire ce que je veux, m’ouvrir toutes les portes” et qui au final n’est rien d’autre qu’un bout de papier.

    Lorsque j’ai arrêter les études, beaucoup me disaient que je faisait une erreur, que j’allais m’en apercevoir très vite, que sans diplôme je n’étais pas crédible etc…

    Lorsque je suis allé ouvrir mon compte pro, j’ai eu au faire au directeur de l’agence qui était enthousiaste de voir un jeune se lancer, et m’encouragait à fond.
    Quand je suis allé voir l’assureur pour la RC, assez sensible dans mon domaine, il m’a demander si j’avais fait des études, et lorsque je lui ai dis que non, il a souri et m’a dis que 90% de ses clients créateurs d’entreprise n’avait pas de formation ou n’avait en tout cas pas été formé dans le domaine ou ils créent leurs boite.

    Et enfin, pour les clients (le plus important), rare sont ceux qui me demande si j’ai un diplôme, à partir du moment ou on a un siret, une structure, voir même des locaux, on est un entrepreneur… Simplement…

    Pour l’exco, je n’en parle même pas, pour lui je suis un client comme un autre qui lui paye une prestation.

    Pour moi, la grosse difficulté n’a pas été le manque de diplôme etc, lorsque l’on se forme correctement, en autodidacte, par expérience ou autre, et que du fait on est qualifié, cela se ressent tout de suite. La vraie difficulté à mon sens est de faire face au scepticisme de l’entourage, de la famille, des amis etc…

    Faire des études, c’est bien, mais encore faut-il savoir dans quel but on les fait 🙂

    Bien amicalement,

    Nico

  10. Julien says:

    J’ai la “chance” d’aimer mes études… je dis ça parce que cet amour est venu après mon bac.

    Mon bac, je l’ai passé parce que je n’avais pas de peine, que je m’intéressais aux sciences (sans toutefois trop savoir pourquoi) et parce que j’avais l’impression “qu’il fallait bien faire quelque chose”.

    J’apprécie tout a fais l’opinion de cet article, mais j’aurais envie d’y ajouter un point :

    Ne quittez le bac que si vous avez un projet, une envie, une passion.

    Pour tous les autres cas (vous êtes flemmard, vous avez un peu de peine, votre entourage ne vous encourage pas) : continuez.

    Car tant que vous ne savez pas ce que vous voulez faire, autant vous garder un max de portes ouvertes.

    ça a été mon cas : j’adore ce que j’étudie actuellement, mais jamais je n’y serais si je n’avais pas persévéré “à l’aveugle”.

  11. Mu says:

    Là où je suis d’accord c’est que le bac n’est qu’un bout de papier et qu’en soi il n’apporte rien mais pour le reste je ne suis pas du tout d’accord avec cet article.

    Si on regarde les grands dirigeants d’entreprise en France, la plupart sortent des grandes écoles (HEC, Polytechnique, ENA…) et ceux qui ont les postes les plus “protégés” et valorisant financièrement (contrairement à un ouvrier par exemple) ont fait des études et donc leur bac. Il y a des gens avec des diplômes et sans boulot (tu en parles, mais pour la plupart c’est plus la filière qui est à mettre en cause) et des gens sans diplômes qui ont réussi mais en proportion il y a plus de gens en galère sans diplôme qu’avec. Ne faisons pas de généralités avec des exceptions.

    Mu

  12. khemici says:

    je suis desolé mais je suis pas d’accord avec vous , pour moi le bac est un outil pour réaliser nos rêves donc il est indispensable .

  13. Ludo says:

    Je ne ressens pas ce texte comme un pamphlet anti-bac (Jean-Philippe dis-moi si je me trompe), mais comme une invitation à relativiser sur l’image que notre socio-culture a imprimée en nous à son sujet. Aborder ce sujet soulève forcément des réflexions sur notre système éducatif, et par extension, sur la société à laquelle il est sensé préparer élèves et étudiants…

    Le diplôme est un atout majeur pour trouver du travail, mais force est de constater qu’il ne fait pas tout. Quel que soit le diplôme, au sein d’une même promo, si on fait un bilan après 10 ou 20 ans, la disparité des parcours est grande, et les plus épanouis, ou les plus “gradés” n’en sont pas forcément les majors.

    Le bac garde, dans nos inconscients, une image de rite initiatique moderne, un passage obligatoire vers la “vie adulte” (comme l’était aussi en son temps le service militaire). Je garde de la terminale le souvenir (entre autres) d’une période d’angoisses récurrentes au sujet de l’avenir…

    Pourtant, rater son bac veut il dire rater sa vie ? Qu’auriez-vous envie de répondre à un jeune qui vous dit, du haut de ses 18 ans : “J’ai raté ma vie” ? Je parie que ce que vous lui diriez se rapprocherait du contenu du texte de JP ;o)

    Réussir ou rater sa vie, c’est une notion très personnelle. J’imagine qu’il y a autant de définition de la réussite qu’il y a d’êtres humains. L’épanouissement personnel est complètement décorrelé des valeurs sociétales : on trouve des gens épanouis (ou pas) à tous les échelons.

    La clé semble résider dans “ce qu’on fait avec les cartes qui nous ont été distribuées”, et l’école dans laquelle on en apprend tous les jours, où on est TOUS admis -avec ou sans diplôme- c’est l’école de la vie. C’est ce qu’illustre très bien Richard Branson quand il dit : “Passez trois mois à diriger une affaire ou à essayer d’en monter une et vous en apprendrez autant qu’en trois ans passés dans une business school.”

  14. Daniel says:

    Je pense que le bac n’a rien à voir avec le sucés d’un avenir .. Ce qui est important c’est surtout de faire des études.

  15. Jonathan says:

    Salut,

    À mon avis le problème du système scolaire en France est qu’il vise à former de bons fonctionnaires. Alors bien sûr un pays a besoin de bons fonctionnaires qui font tourner la machine mais l’impression que j’ai eu de mes 22 années passées dans le système éducatif français et qu’il ne laisse aucune place aux différences.

    Le pire c’est qu’il est également anxiogène. J’ai le souvenir de certains profs (qui sortent eux-mêmes de ce système) qui nous disaient mot à mot : si vous êtes nuls en math vous allez vous retrouver au chômage. Ou alors qui brisaient nos rêves : vous voulez êtes écrivain ? Ah ah ah, la bonne blague, vous feriez mieux de réviser votre physique ou d’apprendre par coeur votre leçon d’histoire. Personne qui vous disait : “Ah tien, c’est intéressant ça ! Et tu écris quoi ? Fais-moi lire tes textes !”, non personne…

    Jonathan
    http://lechoixdubonheur.wordpress.com/

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