Como el viento (3)

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(Comment acheter cette histoire complète ? Voyez plus bas. Ceci est la troisième partie d’une nouvelle qui a commencé ici)

Oui, comment résister ?

J’ai avancé ma main mais, au dernier moment, mon père l’a attrapée silencieusement, m’écrasant les doigts dans sa grande main, avant que je ne commette l’irréparable.

Un jour, plus tard, cette même montre tombe en panne, due aux traitements de choc que je lui faisais subir et je viens donc la récupérer chez notre joailler, après réparation. Monsieur Hubert met un genou à terre, attache la montre à mon poignet et place à nouveau son crâne immaculé juste au niveau de mes yeux. La tentation est grande mais le souvenir de mes doigts écrasés par la main paternelle m’empêche d’agir.

Une fois la montre bien fixée, monsieur Hubert ne se redresse pas. Il relève juste la tête et me fixe de ses yeux bleu clair.
“Tu le ne touches pas ?”
“Quoi monsieur ?”
“Mon crâne.”
“Non.”
“Tous les enfants qui viennent ici rêvent de le faire. Alors vas-y, je ne dirai rien à ton père,” me dit-il en clignant de l’œil.

Il baisse à nouveau la tête et cette fois-ci, j’avance ma main. Mon rêve va se réaliser. L’ inaccessible va être conquis. Je la pose doucement sur le haut de son crâne et la sensation de chaleur qui se dégage me surprend. Je ne sais pas pourquoi je m’attendais à quelque chose de froid. Comme un Everest, je suppose.

J’enlève la main et je pars en courant. J’entends derrière moi le rire de monsieur Hubert qui se redresse.

Je pose la main sur le haut de la borne 34. C’est rugueux et froid. C’est pas mon bijoutier ça. Je repars et je me rappelle alors qu’après cet épisode, je n’avais plus jamais eu envie de toucher son crâne. Un jour, monsieur Hubert me l’avait fait remarquer, comme s’il l’avait deviné. J’avais un peu rougi.

“Tu sais pourquoi ?”
“Non.”
“Ton but, c’était de toucher quelque chose qui t’attirait, qui te faisait rêver. Une fois que tu as mis la main dessus, ce n’était plus intéressant, n’est-ce pas ? C’est normal et ce sera toujours comme ça plus tard quand tu seras grand. Pense que tu dois toujours avoir devant toi un crâne qui brille à toucher, quelque chose qui t’intéresse beaucoup, beaucoup. Mais dès que tu l’obtiens, il faut en chercher un autre.”

Il avait prononcé ces derniers mots avec une certaine nervosité, vite. Plus tard, j’ai pensé que lui-même n’avait pas suivi ses propres conseils.

Et puis j’ai oublié.

Jusqu’à aujourd’hui.

Je tapote une dernière fois le haut de la borne 34, comme pour un petit hommage à monsieur Hubert et je repars, perdu dans mes pensées.

Le soleil est haut maintenant. Il y a quelques chevaux, petits de taille, qui broutent dans les pâturages. Il n’y a pas de clôture. Ils sont libres eux aussi et pourtant, il semblerait qu’ils ne s’échappent pas.

C’est quoi leur but à eux ? Quel crâne veulent-ils toucher ?

Et moi ?

L’image de ma guitare, ma Fender, me revient à l’esprit. Je ris à la bonne blague et je repousse dans un coin de mon esprit cette idée saugrenue.

C’est bizarre ces bornes qui me rappellent quelqu’un. Je cherche déjà des yeux la 33. Je ne veux pas la rater. On ne sait jamais.

Je passe quelques bosquets. La pente s’accentue et le paysage devient encore plus beau. La ligne d’horizon s’éloigne de plus en plus vers l’infini et le ciel n’en finit pas de décliner sa palette de bleus.

Et toujours ce silence bercé par un vent qui s’éloigne et qui revient.

Je l’aperçois de loin, la 33.

Elle est là, confiante, sure d’elle-même, pas trop loin du chemin. Elle paraît en meilleur état que les autres.

Je m’approche et je me rends compte que sa couleur est différente. Sa teinte est rosée et puis elle a l’air toute neuve. Mais oui, c’est ça, rien à voir avec tatie Louise et monsieur Hubert. Cette borne est toute neuve.

Je suis surpris. Et un peu déçu aussi. Je m’attendais à une autre pierre à l’âge vénérable qui allait me rappeler des souvenirs enfouis depuis longtemps dans ma mémoire trop sélective et pessimiste.

Je n’ai même pas envie de la toucher. Son “33” gravé sur le côté est trop propre. Trop clair. Trop parfait. Comme mon cousin. Jean-David.

Rien que de penser à lui, je sens la tension monter en moi.

Jean-David, c’est la grande réussite de la famille. Celui que l’on montre en exemple. Bac “haut-la-main”, grandes écoles, et départ pour les États-Unis où il a rapidement grimpé les échelons de sa “software company” comme il dit.

Millionnaire en actions et marié à une New-Yorkaise, sa venue en France est à chaque fois comme le passage du messie. Il sait tout et connaît tout le monde. Ces dernières années, j’ai même évité tout contact avec lui. Je m’en fous que son fils ait réussi à entrer dans la plus prestigieuse maternelle de tout l’est des US.

Je regarde la borne 33 dans toute son arrogance de pierre parfaitement taillée. J’ai envie de lui donner un coup de pied. Et puis mon regard est attiré par une autre pierre, grande tache blanche et noire, couchée dans les fourrés.

Je m’avance, je m’accroupis devant et j’arrive à peine à distinguer le chiffre 33 dans les mousses qui la couvrent.

Mon sang ne fait qu’un tour. Je me relève et je bondis vers “Jean-David”. Salaud ! Je vais te…

Je m’arrête d’un coup, en plein mouvement.

Et puis, j’éclate de rire. Je deviens fou ou quoi ? J’allais donner un coup de pied à une borne de couleur rose. Ça doit être le vin.

Si quelqu’un me voyait…

Je fais un tour d’horizon, mais non, je suis seul avec les quelques chevaux qui continuent à brouter en contrebas.

C’est juste des cailloux, je me dis. Tu vois dans quel état tu te mets pour des pierres. C’est peut-être parce que tu y attaches des étiquettes.

Et l’étiquette “Jean-David”, je la déteste. Pourquoi d’ailleurs ?

Je vais m’asseoir sur le rebord de la vieille pierre couchée à jamais et je sors le sandwich au chorizo que Paul m’a laissé. J’ai une faim de loup aujourd’hui. Je mords dans le pain avec plaisir tout en observant l’autre, 33, juste devant moi, droite comme un i.

Elle fait la fière, 33. Mais tu verras, toi aussi un jour, tu finiras couchée dans l’herbe, vieille roche rugueuse, usée par le temps et abandonnée de tous.

Dans la pierre rose, je vois le visage de mon cousin et son sourire de gagnant. Cela me rend nerveux, irritable. Pourquoi ? Il est comme cette borne, le symbole d’une belle réussite, sans aspérité.

Je sais, je sais, c’est la jalousie qui me prend mais je voudrais tant le voir douter, hésiter, pleurer.

Devenir un être humain ?

Plus tard, sans doute.

J’espère qu’alors je n’aurai pas le sourire vengeur.

Vous voulez connaitre la fin tout de suite ?

Como el viento

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(Photo : Arnofoto)

Commentaires

3 commentaires pour “Como el viento (3)”
  1. Nathalie says:

    je n’attends pas le mois prochain 😉 🙂
    Voilà j’ai l’histoire au complet 😉

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nathalie ! Ton soutien est vraiment précieux. 😉

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