Ci-gît qui ?

Une petite prière ou un bon fou-rire ?

Cet article constitue ma participation à cette rencontre amicale, “À la croisée des blogs” qui est un événement inter-blog dédié au développement personnel. Il est publié mensuellement et chaque nouvelle édition traite d’un thème original. Ce mois-ci c’est Yoann Romano, du blog éponyme, qui en est l’organisateur et qui nous a proposé de plancher sur “Quelle sera votre autobiographie ?

Voici donc mon autobiographie :

“Il aurait fait rire une personne. ;)”

C’est tout ?… Oui, c’est tout.

Je trouve que ce serait même très bien comme épitaphe – avec le smiley s’il vous plait.

J’insiste.

Voilà comment je voudrais que l’on se souvienne de moi, pour peu que quelqu’un se rappelle de moi après ma mort. J’ai bien conscience de notre sottise qui est de croire que l’on se souviendra de nous, “après”.

Peut-être deux générations de notre famille se raconteront nos faits d’armes mais pas plus, il ne faut pas se faire d’illusions. Sauf pour les très-très célèbres, qui entreront pour un temps, dans les livres d’Histoire, nous sommes tous et toutes destinés à retourner à la poussière de l’oubli.

Rions un peu

Vous allez peut-être me dire que je suis un peu sinistre avec cette autobiographie-épitaphe. Mais je pense ne pas être trop loin de la vérité, vous le savez comme moi. Il ne faut pas se voiler la face sur l’après. Autant se concentrer sur le présent.

En faisant sourire les autres.

D’où cette inscription qui pourrait sembler arrogante si je ne l’avais formulée au conditionnel. Car il y a au moins une personne que j’ai fait rire. Qui ?

Moi.

Quand je rédige un texte comme celui-ci ou celui-là, je me fais beaucoup rire. Je sais, en disant ça je dois vous paraitre présomptueux, mais c’est vrai. Cela devient même parfois très embarrassant car je travaille souvent dans des cafés. Pour peu que je trouve ce que j’écris rigolo, mes voisins de table passent de la surprise, à l’irritation puis à une réelle inquiétude face à ce maniaque qui, penché sur son portable, pouffe, glousse, ricane, pour finalement essayer désespérément d’étouffer un fou- rire (avec larmes) qui veut absolument sortir. Ah, les petits plaisirs de la vie !

L’autre personne qui, je crois, sourit à mon humour est ma compagne – sauf quand je commence à m’esclaffer tout seul en public.  Honnêtement, je pense que de temps en temps, je la fais sourire. Néanmoins, comme j’ai un éventail humoristique assez limité, elle me reproche maintenant de sortir toujours un peu les mêmes blagues…

Rions franchement

Pourquoi j’insiste tellement sur le rire, les blagues, l’humour ? Je pense que c’est un des éléments les plus importants pour créer une bonne relation entre deux êtres humains. La vie n’est pas toujours facile, et nous autres, nous aimons trop souvent barboter dans notre propre misère en prenant les autres à témoin.

Le rire lui, c’est le soulagement – temporel – à tous les maux. Quelque soit notre niveau de peine, de tristesse, de détresse, un sourire, ça aide. Faire rire quelqu’un c’est le ou la respecter, lui dire qu’on les tient en très haute estime. Par contre, parler encore et encore de ses malheurs à son interlocuteur, c’est lui manquer de respect en l’entrainant dans ses propres problèmes.

Je vous encourage, comme moi, à travailler votre humour. Même si vous n’êtes pas sûr de vous. Croyez-moi, ce n’est pas pire que d’être dans un café, plié de rire le nez dans votre ordinateur, entouré de Japonais qui se posent des questions sur votre équilibre mental.

Et puis, les experts en séduction ne me diront pas le contraire, ceux qui rencontrent le plus de succès auprès des femmes, sont bien ceux qui savent les faire rire. Un “brûlé-vif” de la vie sera intéressant une fois, mais pas tous les matins au réveil.

Rions aux éclats

Même au niveau de la société, rire est important. Là, ce sont les humoristes professionnels qui ont un rôle important à jouer. Ils nous aident à faire passer la pilule quotidienne des mauvaises nouvelles qu’on ne devrait pas regarder à la télé. Ils adoucissent les fins de weekend difficiles et les bas de la vie conjugale.

En 1986, deux monstres sacrés du rire français, Coluche et Thierry Le Luron disparurent à quelques mois d’intervalle. Je suis certain que leur absence soudaine – en dehors du choc de la nouvelle –  eut des conséquences sur le moral des Français. Si mes souvenirs sont bons, c’est bien à cette époque là qu’on a parlé de “morosité” de façon plus marquée. Il faudra, je crois, attendre 1990 pour retrouver un groupe de comiques, Les Inconnus, capables, à nouveau, de faire rire la France entière.

Je ne suis pas l’actualité nationale mais y a-t-il, en ce moment, un humoriste qui fait rire tous les Français ? D’un autre côté, parle-t-on à nouveau de morosité ? Bien sûr, l’un n’entraine pas l’autre mais l’humour, joue réellement un rôle de lubrifiant social.

De toute façon, vous pouvez toujours vous rabattre sur les sketches des anciens. Par exemple, suite à cet article de Mohamed Mouras sur son blog Sème un acte, je me suis fait plus de deux heures de Coluche sur Youtube à rigoler franchement sous les traits d’humour de l’Enfoiré.

Parti mais toujours vivant. C’est beau, non ?

D’où mon épitaphe – à un bien plus modeste niveau.

Pleurons de rire

Alors voilà mon autobiographie-épitaphe, toute simple. D’autres visent à changer le monde, à s’engager, à accomplir telle ou telle chose et c’est tout à fait respectable. Moi, j’en reste aux petites bases de ma révoperso et à l’humour.

Pourtant, si vous me rencontrez, n’espérez pas avoir affaire à un boute-en-train, qui va vous faire rire aux larmes. Mes objectifs sont plus modestes, comme vous amener à vous détendre et à passer un bon moment avec moi. Votre sourire suffira d’ailleurs à me combler.

En plus, je n’ai pas de talent particulier pour l’humour, je ne suis pas un raconteur d’histoires (je les oublie tout le temps) et pourtant je fais mon possible pour faire sourire mes interlocuteurs. Et ça, nous le pouvons tous et toutes, sans exception !

Nous pouvons faire sourire, déjà en étant nous-même et en osant faire un trait d’humour, même s’il tombe à plat. C’est en pratiquant que l’on devient meilleur car on s’entraine et, même si l’on ne fait pas rire par notre humour, on fera toujours rire à cause de cet humour. Le but est quand même atteint, non ?

Alors, si plus de gens poursuivaient cet objectif, ça nous éviterait – parce que certains petits chefs n’ont pas d’humour – beaucoup de guerres et de génocides.

Mourir de rire

Enfin rassurez-vous, même si vous pensez être incapable de faire sourire votre entourage, de toute façon, nous finirons tous par faire rire un jour, même au sein de notre famille. Qu’est-ce que vous croyez qu’ils vont se raconter, “après” ?

“Oui, tu vois en 2009, l’aïeul, il avait commencé un blog. Révolution personnelle que ça s’appelait.”
“Ah bon ? Mais c’était un homme d’action alors !”
“La gloire de la famille tu veux dire, et nous sommes ses descendants. Il y avait une de ces profondeurs dans ses articles ! Quelle chance et quelle fierté pour nous !”

Non, le genre de choses que l’on va se raconter dans la famille, ce sera plutôt ça :

“Alors, le petit malin, il a voulu jouer les pilotes de rallye avec la voiture de ses parents et en faisant glisser le véhicule au frein à main sur la route verglacée, il l’a plantée dans le fossé !”
“Ah, le grand-père c’était un manche quand même !”
“Mais attends, il a fait mieux…”

Le tout se terminant dans un éclat de rire général autour de la table familiale…

C’est pas mieux comme ça ?

Ceci dit, à ce moment-là, j’exigerai – d’outre-tombe – une correction sur mon épitaphe :

“Il aurait fait rire une plusieurs personnes. 😉 ”

(Photo : Swami)

Commentaires

20 commentaires pour “Ci-gît qui ?”
  1. Ah! Jean-Philippe,

    Corrige ça tout de suite ! N’oublie pas tes fidèles lecteurs.

    Tu pourras dire “J’ai fait rire des centaines de personnes”.

    RIP, mais le plus tard possible !

  2. Jean-Philippe says:

    Merci MarieBo ! Oui, j’ai bien l’intention d’être là encore pour un moment. Je suivais l’idée du thème proposé. Si je peux faire sourire et réfléchir par l’écriture, c’est parfait. 😉

    …et puis il y a des enfants à venir et à accompagner vers leur épanouissement. Je ne voudrais rater ça pour rien au monde ! 🙂

  3. Rémy Bigot says:

    Tu vas pas nous laisser, hein? 🙁
    Triste, quand on y pense, heureusement, il nous reste du temps, ou pas…. A méditer.

  4. Jean-Philippe says:

    Merci Rémy ! Triste ? Peut-être pas, surtout si tu fais des choses que tu aimes, comme ça tu n’as pas de regrets. Et je crois que c’est ce que tu fais, non ? 😉

  5. Bon je commence bien entendu par un 🙂 (sourire)
    Superbe texte qui m’a fait sourire tout du long. Tu fais souvent ces paragraphes crescendo dans tes textes, je trouve ca sympa on sent qu’on tend vers quelque chose et on se demande quoi, jusqu’a finalement decouvrir ce petit quelque chose qui fait qu’on attend avec impatience le prochain texte. (ne t’inquietes pas je me tiendrais a carreau, cette fois…10 lignes pas plus).
    Pour ma part je me suis toujours dit que j’aimerai qu’on ecrive sur ma tombe “ici vit un homme bien” je crois que c’est le plus important pour moi. Dans un premier temps faire croire que j’ai ete enterre vivant et dans un second temps laisser l’image d’un homme…bien, voila tout

    Merci pour cet article Jean-Philippe et aussi pour le lien 🙂

    Mohamed Semeunacte (qui n’a jamais promis que les remerciements seraient dans les 10 lignes lol)

  6. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Mohamed pour tes compliments ! Je trouve aussi que ton épitaphe est très noble et pleine de respect envers les autres. D’autre part, tu peux laisser des commentaires de plus de 10 lignes parce que souvent ça débouche sur un nouvel article sur ton blog. 😉

  7. mona lisa says:

    Tu peux m’ajouter dans la liste de ceux que tu auras fait rire (intérieurement quand je suis devant mon PC).

    Une humoriste qui me fait mourir de rire, c’est Florence FORESTI : je vais voir son prochain spectacle (the “motherfucker tour”) à la fin du mois.

    Quant à moi, je n’aurai pas d’épitaphe : je n’ai vraiment pas l’intention de mourir (ha ha ha !?)

  8. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Mona Lisa pour tes sourires “jocondiens” ! Merci aussi pour la référence à Florence Foresti. Je vais voir sur YouTube pour la découvrir un peu plus et j’espère rire un bon coup. 🙂

  9. Olivier says:

    C’est magnifique !
    Le hasard a voulu que je lise ce si joli texte en écoutant Jean Ferrat : Que c’est beau la vie !

    Hasta la Vista, Siempre !

  10. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Olivier !
    C’est un sacré hasard ça. Mais en tout cas, ça tombait parfaitement. Allez je vais m’en écouter un peu, évidemment encore sur YouTube. 🙂

    Mise à jour : Encore un hasard, Je viens de découvrir que Jean Ferrat est mort récemment. Ce qui est bien, c’est qu’il nous laisse de beaux textes comme la chanson que tu citais au-dessus. 🙂

  11. Nathalie says:

    C’est génial!
    Je peux mettre une chanson de toi sur (encore un petit coup de pub gratuit) YouTube. 😉
    Car tu as des talents de chanteur aussi !! et de musicien!! Eh oui ! j’ai tout gardé !!
    😉 🙂

  12. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nathalie ! Décidément tu gardes tout, une vraie archiviste. 😉

  13. Eric says:

    C’est vrai, il ne faut as trop se prendre au sérieux! 😉

  14. Jean-Philippe says:

    Merci Éric ! Oui, c’est la clef d’une vie agréable, avec moins de stress. Dès qu’on se prend trop au sérieux, c’est fini, on perd le sens de la réalité…

  15. Milène says:

    Décidément, je passe toujours d’excellents moments ici ! Merci Jean-Philippe.

  16. Jean-Philippe says:

    Décidément (ter !) Milène, tu me surprends toujours avec tes commentaires, mais ils sont les bienvenus. 🙂

  17. Mama Zen says:

    Ha ha ! 😀 Quel excellent épitaphe!

    Merci Jean-Philippe, comme dit Milène, moi aussi je passe toujours un bon moment quand je passe sur ton blog 🙂

    Sincèrement,
    Mama Zen

  18. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Mama Zen ! C’est donc décidé, mon autobiographie est vraiment complète. 😉

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