Et si nous arrêtions de nous plaindre?

L'artiste en plein travail! C'est un peu vous ça...

(Cet article est un peu plus long que d’habitude. Emporté par mon élan, je me suis un peu laissé aller et ensuite je n’ai rien voulu couper. La faute à Zidane…)

Partout où vous allez, vous les entendez. Ils ont toujours quelque chose qui ne va pas. Que ce soit la santé, le travail, les autres, la télé, le temps, il semble impossible pour eux d’avoir une journée où tout se passe bien. Il ne peuvent pas avoir une journée avec une bonne nouvelle. Mais même si vous les avez entendus, méfiez-vous car vous êtes peut-être l’un des leurs, sans le savoir. 😉

Qui se plaint?

C’est vrai que c’est facile de voir chez les autres des défauts qu’on ne pense pas avoir. Alors si les autres se plaignent et que vous prêtez attention à leur jérémiades, il y a de fortes chances pour que vous aussi vous vous plaigniez de façon régulière.

Ne vous arrive-t-il pas de vous dire, lorsqu’un problème vous tombe dessus: “Pourquoi moi?” Quand vous pensez cette petite phrase, vous vous mettez en position de victime, vous perdez votre pouvoir. Vous abandonnez toute possibilité de contrôle, vous lâchez le volant, vous laissez la voile au vent. Tout simplement, vous perdez votre pouvoir de décision.

Vous êtes la victime et vous vous installez dans ce rôle. Que ce soit pour une corvée de vaisselle ou pour des évènements bien plus graves, le “pourquoi moi” est une sorte de protection contre quelque chose que l’on refuse, qu’on ne veut pas accepter. C’est dommage, car d’abord vous perdez beaucoup de temps et d’énergie à lutter contre un état de fait et ensuite, comme vous refusez d’agir, c’est le hasard qui décidera pour vous.

Par exemple, si vous perdez votre emploi, quelle qu’en soit la cause, vous êtes d’accord avec moi que le fait de se plaindre a peu de chances de vous redonner votre travail. Vous pouvez vous faire entendre, protester, crier. En général ce sera peine perdue. Vous allez gaspiller du temps et de l’énergie pour rien. Si vous réagissez complètement à l’opposé, c’est la même chose. Roulé en boule au fond de votre lit, vous pleurez et ne sortez pas de chez vous. Ça ne va pas vous faire avancer d’un poil.

Je ne critique pas ces réactions bien humaines qui, si elles sont courtes demeurent saines. Je ne me pose pas en donneur de leçons, car moi aussi j’ai déjà réagi comme ça et en est payé les conséquences. Se plaindre est totalement improductif, j’en suis maintenant totalement convaincu.

Mais il y a des alternatives efficaces. Si vous adoptez rapidement une attitude “proactive“, si vous analysez vos possibilités, si vous cherchez des stages de formations dans des domaines qui vous plaisent, votre énergie et votre temps seront bien mieux utilisés. Vous aurez plus de chances de retrouver un emploi dans un domaine où vous ne vous sentirez pas totalement perdu. Si vous restez dans le schéma “pourquoi moi”, lorsque finalement, fatigué, aigri et désabusé vous rechercherez un autre emploi, vos meilleures opportunités se seront sans doute déjà envolées et vous aurez de toute façon du mal à établir des contacts fructueux.

Accepter ce qu’on ne peut changer

Un pneu crevé en allant à un rendez-vous important est un bon exemple pour mieux se connaître. Cela vous est peut-être déjà arrivé. Quand vous arrêtez votre voiture sur le bas-côté, vous savez bien que vous ne pouvez pas regonfler le pneu par magie, que ça va prendre du temps pour le changer. Pourtant, vous ne pouvez vous empêcher de maudire le pneu, la route ou l’imbécile qui a laissé un clou sur la chaussée. Je sais bien, j’ai même donné un coup de pied rageur dans la roue, me blessant le gros orteil au passage… Ce qui a provoqué encore plus de fébrilité et d’énervement en moi pour changer cette fameuse roue. 🙂

Donc, refuser d’accepter la réalité n’est jamais bon. Je comprends que parfois elle soit difficile à avaler mais si nous nous concentrons surtout sur les pépins de la vie, en voulant changer des situations inchangeables, nous ne pourrons qu’être frustrés.

Pour les amateurs de foot, j’ai un autre exemple. C’est quelque chose qui me revient de temps en temps et dont je ne peux me débarrasser facilement. Parfois, je me dis que si Zidane n’avait pas donné ce coup de tête à l’Italien en finale de la coupe du monde en 2006, on serait champions du monde. On aurait 2 étoiles sur le maillot… Oui, je sais, cet exemple ne doit pas beaucoup rehausser mon image auprès de vous, mais c’est vraiment une situation inchangeable. J’en déprimerais presque!

Tout évènement est neutre

A la base, chaque évènement n’a pas de sens positif ou négatif. Un évènement se produit, c’est tout. Il est neutre. L’évènement n’a pas décidé de vous embêter, vous, spécialement. Alors si vous vous plaignez lorsque que votre pneu crève, vous donnez beaucoup de pouvoir à votre roue de voiture. C’est un peu stupide, non? Si vous vous plaignez d’une autre personne, c’est la même chose. Vous lui donnez tout le pouvoir et vous vous attachez, pieds et poings liés, au bon vouloir de votre “tourmenteur”. Et moi à la tête de Zidane.

C’est bien nous qui, à travers nos réactions,  “colorons” un évènement, qui au départ n’a pas de couleur. Nos pensées sont comme des tubes de peinture mais, nous sommes le peintre. Nous tenons le pinceau. A nous, en choisissant les bonnes couleurs, de créer une Joconde au sourire captivant. Pas une triste croûte. 🙂

Ajoutons à cela que plus vous vous plaignez, plus vous aurez tendance à vous plaindre, parce que dans votre esprit cela sera devenu un automatisme. Vous ne peignez alors qu’avec des tons gris. Mais en brisant ce cycle, en faisant votre petite révolution personnelle, vous vous offrirez une bouffée d’oxygène, la possibilité de vous dire: “non, ce n’est pas une roue de voiture qui va me dicter mes émotions, quand même!”

Et voilà votre Joconde qui s’esquisse…

Un chef d’oeuvre

Et si vous n’y arrivez pas? Et si votre roue de voiture, la tête de Zizou ou les autres vous dominent constamment?

C’est quand même vous qui avez pris la décision finale. Quelque part en vous, vous avez autorisé des objets ou d’autres à vous contrôler. Je ne dis pas que ce n’est pas bon. Je ne juge pas. C’est simplement votre choix. Peut-être votre style de vie. Il n’y a donc aucune raison de se plaindre.

Pourtant, dans la grande majorité des cas, si c’est nécessaire, vous pouvez changer les choses. Un évènement se produit et, vous agissez rapidement pour arranger la situation ou vous remettre sur les bons rails. C’est tout. Le frigo tombe en panne? Vous le changez ou vous le faites réparer. Il y a une fuite dans la salle de bain? Vous appelez le plombier. Votre copine ou copain vous lâche? Vous décidez d’en trouver un ou une autre plus digne de vous. Votre patron vous fait travailler jusqu’à 21h00, sans heures sup? Vous vous conformez à ses exigences, tout en cherchant un nouvel emploi. Votre télé ne fonctionne plus? Vous la jetez et vous ne la remplacez pas! 😉

Nous n’avons pas besoin d’être des victimes se plaignant de tous ces choses qui se produisent autour de nous. Garder une certaine élégance et un certain recul face à ce qui nous arrive est sain.

Vous ne pouvez contrôler les évènements extérieurs mais vous pouvez décider quelle sera votre réponse. C’est d’ailleurs la seule chose que vous pouvez réellement faire, tout le reste est hors de contrôle. Laissez ceux qui pensent pouvoir tout diriger, s’illusionner. Un jour, ils comprendront qu’ils auront perdu leur temps (leur vie?) à s’occuper des affaires des autres.

Pas vous. En réagissant rapidement, sans colorer de façon négative les évènements, vous profiterez d’une façon de vivre beaucoup plus agréable. Les autres seront même attirés par votre attitude sans plaintes et vous demanderont, quel est votre secret.

Alors, reposant votre palette de couleurs sur le chevalet, vous leur répondrez qu’il n’y en a pas. Vous êtes juste vous-même. Un artiste.

L’artiste de votre vie.

(Photo: krowla)

Commentaires

19 commentaires pour “Et si nous arrêtions de nous plaindre?”
  1. Nadia says:

    Se plaindre : une forme comme une autre de vider son sac, attirer l’attention, exister ?

  2. Jean-Philippe says:

    Merci Nadia! Je suis d’accord, à condition que ça ne dure pas trop longtemps. On a tous et toutes parfois besoin de le faire mais si cela dure et devient une habitude, je pense que ce n’est pas productif. 🙂

  3. Fenice says:

    Je rebondirais sur la conclusion de cet article en disant : chapeau l’artiste 🙂

    J’aime beaucoup l’idée du “tourmenteur”, où comment, passivement nous trouvons nous même un bourreau plutôt que d’assumer le fait que nous ne pouvons rien changer aux choses.

  4. Pierre-Yves L. says:

    Bonjour,
    Que j’aimerais arrêter de râler, de râler sur le marteau qui vient de m’écraser le pouce, de râler contre l’œuf qui vient de se suicider sur le sol… je râle beaucoup (contre les choses) et cela pollue mon existence et surtout celle de mon entourage… je vais tenté de devenir un artiste!!!

    merci encore pour ce billet ;o)

  5. Jean-Philippe says:

    @Fenice: 🙂 Mais nous sommes tous des artistes, et ça tu le sais bien! 😉

    @Pierre-Yves: Quand tu t’écrases ton pouce avec le marteau, je pense que c’est salutaire de pousser des jurons, ça aide à faire passer la douleur intense des secondes qui suivent l’impact.

    Par contre pour l’oeuf, là c’est différent… un oeuf qui se suicide, c’est triste, ce n’est pas beau à voir, c’est un exemple à ne pas montrer aux enfants. Un oeuf à l’âme suicidaire est d’ailleurs particulièrement fourbe. Il trouvera toujours le moyen de s’échapper et d’accomplir son hara-kiri. Donc Pierre-Yves, il faut le laisser accomplir son destin et ne pas râler… 😉

  6. Pierre-Yves L. says:

    Je ne regarderai plus un œuf s’écraser au sol de la même façon. je crois même que je rirai la prochaine fois et j’aurai une petite pensée pour vous 😉
    Bonne journée.

  7. Jean-Philippe says:

    Merci pour la pensée!… mais ne l’oubliez pas: c’est vous l’artiste. 🙂

  8. LaForêt says:

    Quelle fraîcheur !
    La vie se colore de magie. Merci pour ce billet 🙂
    Excellente journée à nous tous.

  9. Jean-Philippe says:

    Merci LaForêt!… et peignons! 😉

  10. Olivier says:

    Mille bravo pour tous tes articles. Et je cède la parole à Isabelle Huppert, dans “Ma mère”, de Christophe Honoré : “Nous devons continuer ensemble à refuser le monde de ceux dont la patience attend que la mort les éclaire. Nous devons être fiers de tourner le dos à tout cela !”.

    Hasta la vida, siempre !

    Alivu Ghjuvan emmanuelli.

  11. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Olivier! Il faudra que je trouve un moyen de voir ce film… 😉

  12. Alors que je fais des recherches pour la sortie de mon livre ” J’arrête de Raler” qui sera publie chez Eyrolles en Avril 2011, je tombe avec JOIE sur votre blog !
    Je vois que nous avons beaucoup de choses en commun ( notre message, je vis en Californie, je me leve a 5h, je ne regarde pas la tele, il me reste juste a éteindre mon ordinateur a 19h !!!)
    Je sens que je vais revenir souvent vous lire et je ne serais pas étonnée que un jour nous nous rencontrions !
    En attendons je diffuse cet article sur mon blog. Merci !

  13. et je suis Normande aussi ! (amusant)

  14. Jean-Philippe says:

    Superbe Christine ! Nous avons besoin de personnes comme toi pour insister sur ce fait. Ton livre sera le bienvenue et je te souhaite plein de succès. Cela voudra dire que beaucoup de gens changeront cette habitude. Merci pour ça. 😉

    PS : Étonnant ! C’est vrai que nous avons beaucoup de choses en commun…et on a dû se croiser puisque j’ai vécu à LA jusqu’en 2005. 😀

  15. Merci et bravo pour ce trés bon article.
    Es-tu ok Jean-Philippe que je le mette sur mon blog en te citant bien-sur ( je n’ai pas trouvé ton adresse courriel sur ton site pour t’écrire personnelement )
    Au plaisir

    • C’est, bien entendu, d’accord Jean-Pierre ! Merci pour la mise en avant. 🙂

      PS : Le fait que tu ne trouves pas facilement mon mail est voulu…

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