Y a-t-il un bon web designer en France?

Par le 2 September 2009
dans Changer les règles

C'est quoi cet oeil? Vous avez deviné? Oui c'est un détail d'un billet de 20 dollars américain. Et à qui il appartient cet oeil?

Je pose cette question mais je connais la réponse: c’est oui, bien-sûr! Comme partout dans le monde, en France il y a des web designers qui sont talentueux et passionnés. Mais ma question n’est pas à propos de ceux qui ont déjà pignon sur rue, qui vivent déjà de leur art, mais plus à propos de la nouvelle génération qui arrive, pleine d’énergie, prête à tout bousculer sur son passage, prête à changer les règles, prête à faire une révolution. Où est-elle?

Ma relation avec les web designers

Pourquoi cette question accrocheuse? Parce que depuis plus d’un mois, je cherche un ou une artiste pour m’aider à habiller Révolution personnelle. Et je fais chou blanc. Carrément. Comme mon blog est en français, je voudrais vraiment collaborer avec un francophone. Mais je ne peux  pas trouver un web designer talentueux à qui j’arrive à faire partager ma vision des choses pour ce projet. Mon budget est de 250 euro pour le header avec les différents boutons correspondants et l’intégration sur wordpress.

Le budget vous fait bondir au plafond? Avec ça je ne recevrai tout juste qu’un bouton par un designer digne de ce nom? Oui, en général c’est un peu la réaction que je reçois. C’est apparemment la vision des choses de la majorité des designers.

Lorsque je travaille sur un projet, j’aime être dans une situation ou chaque membre de l’équipe est respecté et y trouve son compte. A 250 euro, ça vous parait difficile de comprendre le respect que je puis avoir pour un ou une web designer? Et pourtant, prenez juste le temps de comprendre mon point de vue et dites-moi si ma vision des choses est bancale.

La réussite est un marathon, pas un sprint

Un web designer est une pièce maîtresse de la vie d’un blog ou d’un site web. Pour moi, ce n’est pas quelqu’un qu’on embauche une fois et puis qu’on jette comme un vieux pinceau. Non, il va travailler dans le temps, en collaboration avec le blogueur pour améliorer par petites touches le design selon le feedback et l’évolution du site. Il va aussi habiller les ebooks, la newsletter, etc… Quand un blogueur et un designer font équipe, ce dernier devrait se sentir aussi responsable que le premier pour le succès du site.

Pour moi, si mon designer me propose spontanément de petites retouches et qu’il m’explique pourquoi ça serait mieux pour le confort des visiteurs, il y gagne ma fidélité à long terme. Pourquoi irais-je chercher ailleurs quand je collabore avec quelqu’un qui se sent impliqué? En plus de ma fidélité, il y gagne mon estime, de multiples budgets pour les mises à jour et un lien direct à partir de mon blog.

Voilà ma vision: le long terme. Plus un web designer s’investit, plus à long terme il y gagnera en plaisir de travailler, en budgets et en notoriété, ce qui est peut-être le plus important. Plus mon blog se développera et plus on cliquera sur le lien vers son portfolio, ceci amenant de nouvelles propositions de travail.

Alors qu’est-ce qui est le mieux? Gagner 500 euro tout de suite (la proposition moyenne que j’ai reçue) ou s’investir, tenter sa chance tout en gagnant en expérience et en notoriété? Le risque ne me parait pas énorme. Au pire vous gagnerez 250 euro et un peu d’expérience. Je me trompe? Est-ce que ma vision des choses est incohérente? Peut-être, alors j’aimerai bien que des designers m’expliquent comment ils se voient réussir dans leur art.

Toute une éducation à changer

Il y a encore une chose qui m’étonne. Ça fait longtemps que je n’ai pas vécu en France (j’habite en ce moment au Japon) et je suis surpris par un sujet qui revient systématiquement dans les mails que j’échange avec les designers qui ont fait l’effort de me contacter. C’est le contrat. Le sacro-saint contrat. J’avoue ne pas comprendre. Et pourtant, j’explique clairement que je cherche quelqu’un en freelance.

Je pense que si la première chose dont vous parlez avec moi c’est le cadre légal, ça m’en dit long sur votre personnalité. Un besoin de sécurité et une peur du risque me font penser qu’ils vont se retrouver dans votre style. Notre cerveau n’est pas compartimenté. Si vous êtes passionné par le design, je pense que ce devrait être la première chose dont vous parlez.

Évidemment, je n’en veux pas du tout aux nouveaux designers de réagir comme ça. Ce n’est pas de leur faute. C’est tout simplement ce qu’on leur a expliqué depuis leur naissance. Un bon diplôme, un bon contrat et voila le tour est joué! Euh non, au XXIème siècle pour ceux qui ont encore des doutes, diplôme et contrat ne garantissent pas un emploi à long moyen court terme.

Donc pour réussir, je pense qu’il faut se démarquer. Être original. Travailler sur des projets qui vous plaisent et dont vous sentez le potentiel. Tout ça pour construire votre expérience et établir votre réputation. Ça prend du temps et ça demande de l’énergie. Mais, expérience et réputation sont, à mon humble avis, les deux seuls sésames de l’emploi pour les décennies qui viennent.

Où travaillent les web designers?

Je ne connais pas la réputation des web agencies en France et je suis sûr que comme partout, on trouve de tout. Mais à la fin du mois, il y a des budgets à respecter et des taxes à payer. Les agences ne peuvent donc embaucher qu’un nombre très limité de designers.

Et les autres? Où sont-ils? S’il veulent vraiment s’établir, ils doivent créer leur propre niche, non pas en perdant du temps à réaliser un site grandiose et des cartes de visites ultra originales mais en mettant les mains dans le cambouis et en travaillant sur différents projets pour gagner en expérience et établir leur réputation.

A moins qu’un bon nombre d’entre eux, faute de trouver un emploi, rentre dans le rang et se reconvertisse dans des choses moins glorieuses, tirant ainsi un trait sur leurs rêves. C’est dommage, parce qu’ils étaient sûrement doués et auraient pu apporter leur art à notre société.

Et vous?

Encore une fois, pour moi, (je sais, j’insiste un peu, là) expérience et réputation sont les deux seules clefs pour bien vivre dans les décennies qui viennent. Avec des revenus confortables, un métier qui vous passionne et une totale liberté de travail. Ceci est d’ailleurs valable pour n’importe quel profession, artistique ou pas. Dans d’autres pays, ils sont nombreux à l’avoir déjà compris.

Alors, ma vision des choses est juste ça, ma vision. Une petite goutte d’eau dans un océan d’opinions diverses. Mais si j’ai pu vous faire réfléchir un peu, alors là mon pari est gagné. C’est d’ailleurs le pourquoi de ce blog.

Je sais que je n’ai pas tout juste, loin de là. Je ne considère pas connaître toute la vérité, surtout que je maîtrise très mal le marché français. Je suis toujours prêt à écouter car j’aimerai comprendre ce qui se passe dans la tête des jeunes designers français. Vous êtes talentueux, vous avez de l’énergie. Alors donnez-moi votre point de vue soit dans les commentaires (poliment merci) ou soit en me contactant par facebook ou twitter.

Ah, et si vous êtes tenté par l’aventure, vous l’aviez sans doute remarqué, je recherche un ou une web designer. 😉  (A suivre)

Mise à jour: J’ai trouvé cet excellent article qui traite du même sujet, un peu différemment. Il y a de très bons commentaires.

(Photo: AMagill)

Commentaires

20 commentaires pour “Y a-t-il un bon web designer en France?”
  1. Bonjour,

    Je veux bien revoir mes tarifs par rapport à ma proposition de départ, en acceptant votre budget. Nous sommes le 3 septembre et je commence à travailler le 1er octobre… à vous de me dire si ça vous intéresse ou non ! 😉

    A.D.

    • Jean-Philippe says:

      Merci Aurélie d’avoir été la première à ouvrir le feu 🙂
      Apparemment vous avez trouvé un travail. Félicitations! Mais votre point de vue est-il en accord avec ma vision des choses?

  2. Je suis d’accord avec vous : pour avoir eu l’occasion de travailler avec une personne, dont les ressources étaient très modestes et qui débutait son activité… N’ayant que peu de moyens financiers, et sachant qu’Internet l’aiderait à se lancer, il lui fallait un site Web, mais pas trop cher. Le principe appliqué fut alors ce que vous décrivez… un petit budget pour initier le projet et une maintenance gratuite pour la suite !
    Je débutais alors et cela me faisait plus un peu d’argent de poche qu’un véritable revenu ; maintenant, les choses ont changé et je dois bien vivre d’une source de revenus plus conséquente ! D’où des tarifs qui peuvent paraître parfois élevés, surtout pour un projet de blog, donc de site personnel (et pas professionnel en tant que tel). Je pense que ce genre de “détails” peut se discuter ; après tout, si le prestataire et le client se comprennent et sont sérieux, où est le problème ? 🙂
    Personnellement, quand je me lance comme ça dans un projet de site, c’est avant tout pour concrétiser une idée, discuter avec les clients (on en apprend partout !) et découvrir des secteurs d’activités qui me sont inconnus. Mon but premier n’est pas d’engranger de l’argent ! Il en faut bien sûr, mais ça ne fait pas tout !

  3. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Aurélie pour la sincérité de votre réponse 🙂

  4. Merci de votre intérêt pour mon travail.

    Gentiment interrogé sur le sujet par mail par Jean -Philippe, je me permet de répondre ici, parce que cité dans son article.

    Dans tous mes projets j’ai pour habitude de travailler en ayant pour objectif d’aimer le travail réalisé autant que le client. Si un des deux n’aime pas, ou est géné par quelques détails, on change. Je partage donc dans ce sens l’idée d’investissement et de collaboration, qui doit s’inscrire sur du long terme.
    Souvent, c’est un travail qui va se poursuivre, et dans le temps, c’est un client régulier (mais c’est pas garanti, jamais, même avec de la bonne volonté).

    Je suis totalement contre l’idée de renvoi d’ascenseur. Quand j’ai commencé, on m’a souvent, très souvent même, dit : je connais du monde, ton travail va etre vu, et puis j’aurais d’autre travaux à commander après, etc. Tout travail mérite salaire, de celui du boulanger à celui du graphiste. L’estime ou le linking ne paye pas mes factures. On s’entends sur une somme d’argent, même petite, et sur un travail à fournir, le tout par contrat, et le reste, si il y en a, c’est du bénéf’ (souvent pour le commanditaire comme pour le graphiste).
    De plus, pour info, le fait qu’un blog soit vu augmente les droits d’auteurs, donc le “tarif” global en général.

    Cependant, c’est vrai qu’au départ, quand on a pas de book solide et de référence, on est bien obligé de prendre ce qui passe. Il m’est arrivé de travailler pour des tarifs vraiment dérisoires et j’ai pu à force augmenter mes tarifs. Il faut etre très fort pour gagner correctement sa vie d’entrée en freelance. Il vaut mieux travailler pour peu que rien faire.

    J’avoue quand même que 250 euros, c’est vraiment peu (pour quelqu’un qui est en règle, il faut enlever 50% pour les charges – sociales, impots, matériel, logiciels, serveurs, etc) ce qui laisse 125 euros. Ensuite il faut compter 2 heures travaillées pour une heure payée, donc en gros, au SMIC, il doit y avoir 8 ou 9 heures de travail. C’est court. Et au SMIC.
    Il suffit donc juste de bien s’entendre sur le travail à fournir.

    Je rajoute que je parle toujours d’argent rapidement. On s’entend en général sur un projet, mais ensuite on discute argent. Comme avec un garagiste. Ou n’importe quel travail artistique.
    J’ai beaucoup l’habitude de travailler avec des anglo-saxon, très décomplexés à ce niveau là. C’est peut-être pour ça.
    En général, c’est un bon filtre pour savoir si le client est sérieux !

    Voila ma maigre expérience. j’espère que ça répond à vos interrogations.

  5. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Julien d’avoir pris le temps de faire une réponse détaillée. Je suis sûr que votre témoignage sera très utile aux designers qui débutent et qui veulent devenir des professionnels.

    C’est très intéressant de voir comment vous avez débuté et je retiendrai en particulier un de vos conseils:

    “Il faut etre très fort pour gagner correctement sa vie d’entrée en freelance. Il vaut mieux travailler pour peu que rien faire.”

    C’est vraiment un point important et dans n’importe quel art ou service! Il faut bâtir son expérience. En piano on dirait qu’il faut faire ses gammes. 🙂

    Malcolm Gladwell, dans son livre ‘Outliers’, explique qu’il faut au moins 10000 heures de pratique pour maîtriser un savoir-faire. Il donne en exemple Bill Gates ou les Beatles. Quelque soit le chiffre exact, il faut pratiquer, pratiquer, pratiquer. C’est comme en sport! Et le seul moyen d’acquérir cette expérience vitale, c’est d’accepter, au début, les petits boulots pas très bien payés.

    En conclusion, ce n’est pas toujours le plus talentueux qui réussit, mais celui qui s’accroche le plus et qui s’améliore au fil du temps. Pour en arriver là où vous êtes aujourd’hui, vous avez dû travailler vraiment dur et votre succès actuel n’en est que plus mérité. 🙂

  6. “Il faut etre très fort pour gagner correctement sa vie d’entrée en freelance. Il vaut mieux travailler pour peu que rien faire.”

    Je dis ça parce que je suis autodidacte et que mon parcours s’est construit petit à petit, en partant de rien. Le designer qui sort d’une école tiendra (et il aura raison) un tout autre discours.

    Maintenant, je le concede, je travaille énormément. Pour faire même une confession, j’ai travaillé des années sans gagner un SMIC en travaillant 60h par semaine sans vacances. Forcement ça paye. Mais je suis pas un bon exemple à suivre. Ça a été ma méthode pour palier à mon inexperience.

  7. Jean-Philippe says:

    @Julien Là, vous avez eu largement vos 10000 heures 😉 et en donnant ces chiffres vous donnez courage à ceux qui n’ont pas de diplôme. Tout le monde à sa chance! (et je ne parle pas seulement de design)

    Merci pour cette précision

  8. Oui je suis assez d’accord avec ça. Même si les cartes de chances sont pas vraiment bien distribuées à la base… Je comprend bien qu’on ne soit pas d’accord pour faire la moitié des sacrifices que j’ai fais. Et je comprend encore mieux qu’on n’ai pas la possibilité de les faire…

  9. Jean-Philippe says:

    Je suis d’accord Julien 🙂
    N’empêche… Hats off!

  10. Sam says:

    Tout à fait d’accord avec Julien. Un travail est un travail, et le réseautage ne paie pas les factures.

    Je suis dans le même cas que lui, a l’exception prêt que je n’ai pas débuté de rien mon activité et pour palier au problème du “fait moi un prix, t’aura d’autres jobs”, j’ai pratiqué un système de parrainage : Redonnez moi du travail ou faites moi venir qqn et vous aurez des rabais intéressant pour la suite.

  11. Jean-Philippe says:

    Merci Sam 🙂 Oui, je pense aussi que le système de parrainage est une bonne idée à explorer.

  12. Marie-Aude says:

    Bonjour,

    je viens de découvrir votre blog par hasard, et comme d’habitude, quand ça m’intéresse, je lis plusieurs articles, et c’est finalement celui là qui m’a donné envie de réagir, car très proche de ce que je vis souvent, en tant que fournisseur web.

    D’abord une petite chose 🙂 il me semble que les prix que vous indiquez sont ceux pratiqués par les webdesigners français, et pas francophones. Au Maroc, par exemple, vous pouvez sans doute facilement trouver pour moins cher que vos 250 euros … peut être avec d’autres difficultés.

    Ensuite, – et cela va avec le contrat – vous parlez d’investir dans une relation à long terme, de gagner de futurs budgets, et un lien.
    Vous êtes sans aucun doute sincère, mais vous êtes vous demandé le nombre de fois où nous recevons ce genre de propositions sans qu’elles soient suivies de quoi que ce soit de concret ? Ou alors avec un effet cliquet, le prix bas consenti au début devenant la norme… sur laquelle on va en plus nous demander un rabais.

    Personnellement, je sépare totalement ce que je fais à titre professionnel, et ce que je fais à titre gratuit (et je fais pas mal de choses). Quand je suis dans la sphère professionnelle, je facture au prix que j’estime normal.

    250 euros pour un en tête personnalisé et des boutons de qualité, cela me parait effectivement très bas. Le professionnel paye des charges, il a aussi un temps facturable et un temps “non facturable”.
    Pour moi la base de facturation pour les interventions ponctuelles, qui n’est pas excessive, est entre 70 et 90 euros de l’heure, selon les tâches (une intervention ponctuelle, c’est plus mangeur de temps parasite qu’un gros dossier).

    A vous de voir si vous pensez que le professionnel peut en trois à quatre heures prendre le temps de comprendre ce que vous souhaitez, pour que le graphisme vous soit adapté, faire une création originale, et éventuellement des corrections si vous lui demandez ?

    Vous demandez un webdesigner talentueux. Vous voulez de la qualité professionnelle. Elle a un prix.

    Si ce prix est en dehors de votre budget, ce qui est tout à fait possible, compréhensible, acceptable, alors il y a d’autres solutions, et notamment les forums de création graphique, les “petits jeunes” qui ont besoin de se faire un portfolio, etc. Mais c’est un autre circuit, et une autre façon de fonctionner.

    (PS : je fais des sites webs, mais je ne me considère pas comme une webdesigner talentueuse, donc ce n’est pas une offre de service ^^)

    Bonne année

  13. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Marie-Aude pour avoir expliqué en détails votre point de vue que, j’en suis certain, de nombreux autres webdesigners partagent. Bonne année à vous aussi au Maroc. 🙂

  14. François says:

    Bonjour, et merci pour ce blog que j’ai découvert qu’aujourd’hui et que je place vite en favoris.
    Je trouve la discussion très intéressante et mon point de vu sur le sujet rejoint celui de Marie Aude et Julien.
    Je serais très intéressée de connaitre l’attitude que vous avez adopté, Jean-Philippe, depuis la rédaction de ce billet, en septembre. Continuez vous de penser que les webdesigner français sont trop frileux ? Avez vous révisé votre jugement par rapport aux remarques ? Allez vous essayer de trouver d’autres pistes pour faire réaliser votre prestation ? Allez vous revoir votre offre ? Abandonnez vous l’idée ?

  15. Jean-Philippe says:

    Merci François pour vos compliments et pour toutes ces questions ! En fait, je prépare un nouvel article sur le sujet parce que, bien sûr, nous évoluons tous… ou pas ? 😉

  16. Boréale says:

    Il faut savoir que les graphistes (je pense pouvoir mettre les webdesigners dans le lot) galèrent déjà largement pour se faire payer décemment. Pour ce que je peux voir autour de moi, travailler jour et nuit pour des salaires de misère n’est pas rare, et 10 ou 15 ans d’expérience n’empêchent pas de galérer…

    Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que c’est une activité “artistique”, peut-être parce qu’on connait tous un p’tit gars de 15 ans qui fait des bidouilles sur Photoshop, mais les clients des graphistes croient généralement :
    – que tout ça est juste l’affaire de quelques clics de souris, dans une heure c’est fini ;
    – que le graphiste est un professionnel différent des autres : qui n’a pas de factures à payer, qui fait ce qu’il aime (jour et nuit bien entendu), et qui se paiera sur l’espoir d’être vu.

    Au passage, dire à un graphiste qu’il peut gagner moins car il gagnera en visibilité est une manière très sûre de l’exaspérer. Qu’il y ait du vrai là-dedans n’enlève rien au travail fourni, mais surtout, le graphiste a déjà entendu cette phrase 4 millions de fois ! “Et en voilà encore un qui veut me faire miroiter la lune…”, voilà ce qu’il peut se dire à la 4 000 001ème…
    Bref, un Tiens vaut mieux que deux Tu l’auras.

    Quand je vois mes amis graphistes, je me dis que c’est un vrai sacerdoce… crois-moi, si c’était l’argent qui les attirait ils auraient déjà changé de trottoir…
    Mes quelques rares incursions dans le domaine vont dans le même sens : si je suis trop large au début (ce qu’il s’est passé), ça me retombe dessus après.
    Comme l’écrivait une webdesigner plus haut, il y a un effet cliquet, si tu commence à faire un “prix de démarrage” au début, le client s’attend à payer au rabais à chaque fois.
    Et puis surtout, pour ce que j’ai pu constater, il n’y a pas de long terme qui tienne dans ces conditions : c’est quoi une collaboration “de long terme” si l’une des parties peut légitimement se sentir lésée dès le début ? C’est une collaboration qui ne tardera pas à se casser la gueule.

    Par ailleurs, tu sembles incriminer l’esprit français dans ton article. Je ne te suivrai pas là-dessus. Venant de quelqu’un qui est très critique sur beaucoup d’éléments de la culture française, c’est plutôt cocasse de la défendre ici… Il se trouve que je suis plusieurs sites américains sur les freelances, et les histoires de non-paiements, surtout à l’international, des freelances juridiquement fragiles comme des pailles sont assez courantes, et édifiantes. Ca m’amène à penser que tu trouverais la même préoccupation du contrat chez les Américains…

    Je suis blogueuse aussi, et j’ai aussi pensé à me faire épauler pour créer mon portfolio en ligne. Je n’ai encore fait appel à personne, mais ce qui est sûr, c’est que si je fais appel à un webdesigner je le paierai décemment. Je voudrai établir entre nous un accord qui convienne aux 2 parties, pour qu’on soit à l’aise dans nos baskets, et pour que la relation dure.

  17. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Boréale d’avoir pris le temps d’écrire ce long commentaire pour développer ton point de vue, cela me permet de mieux comprendre les choses.Je respecte ta position et évidemment je ne suis pas d’accord. 🙂

    Mais ça tu le savais déjà.

    En fait, depuis que j’ai écrit cet article, je me suis rendu compte que peut-être le design n’était pas si important que ça pour mon blog. Ce dernier a connu une certaine croissance et je me rends compte maintenant que le design n’est pas primordial pour ce que je fais. Je m’excuse si je parais insultant pour les webdesigners, ce n’est pas mon but du tout. C’est le contenu est prioritaire.

    J’ai finalement utilisé mon budget design pour mon ebook gratuit et ai collaboré avec des Américains d’une grande flexibilité de travail. D’ailleurs j’ai l’intention de leur confier le design et la mise en page du prochain. Je ne tire pas de leçons de ces faits. A chacun et chacune de penser ce qu’il ou elle en veut.

    Mon opinion n’a donc pas changé, d’autant plus que j’ai reçu quelques mails privés de webdesigners français qui travaillent à l’international. Ils m’ont tous confirmés leurs débuts très difficiles et leurs galères jusqu’au jour où ils ont percé.

    Je reconnais la difficulté de gagner sa vie dans ce domaine, et d’ailleurs dans tous les domaines artistiques, y compris pour nous les blogueurs. Pourtant je reste persuadé que l’on peut vivre décemment de son art, à condition d’être prêt à faire des sacrifices à ses débuts. C’est ce que j’applique à moi-même, en ce moment. 🙂

  18. Walczak says:

    Bonjour,

    Je tiens juste à commenter ce billet pour une expérience personnelle qui m’a beaucoup appris sur le métier de Webdesigner, et infographiste en général.

    Je sors d’un DUT SRC obtenu en 2008, pas possbile de trouver du travail salarié (crise?) donc en janvier 2009 je m’installe en Freelance et je commence à travailler en sous-traitant pour une agence de communication.

    Les tarifs? 12e pour une carte de visite quelque soit le travail, 5,50€ pour une publicité quelque soit le travail, 400€ un site complet quelque soit le travail, j’en passe et des meilleurs, mais j’ai accepté.

    Après un an, j’en profite pour augmenter un peu les tarifs : 450€ pour un site Joomla, toujours 5,50€ pour une pub, 16€ pour une carte de visite (ce qui est très peu mais bon, il faut bien gagner de l’argent surtout quand derrière on vous dit que si on augmente trop on largue les ammares. Et bien vous savez quoi? trop cher pour cette personne, qui est parti voir un webdesigner pour un site à 200€ maximum (bien entendu lui ne baiosse pas son prix de vente de site, il augmente juste sa marge…) et maintenant il ne veut pas me payer une facture pour un plan de ville (très fastidieux à réaliser) pour 120€ et un cinquantaine de publicités. Il veut même m’envoyer au tribunal pour concurrence déloyale (??? je n’avais pas de clauses de non-concurrence…)

    Enfin tout ça pour dire qu’aujourd’hui, j’ai l’impression comme dit Boréale que tout le monde croit qu’une création se fait en un clic, que nous ne payons pas de cotisations (je viens de payer 56€ de cotisations et honnêtement ça fait mal).

    Je ne dit pas que vos tarifs demandés pour le header sont bas, je dis seulement qu’au fur et à mesure d’une collaboration (surtout que j’avais fait des travaux gratuitement quand il s’agissait de communication internet à sa société, j’étais débutant…) il faut faire quelque concessions et arriver à accepter une augmentation de tarifs.

    A ce jour, pour moi, le métier de webdesigner est tué par des pseudo-professionnels qui vendent à un tarif dérisoire, souvent sans payer de cotisations, et c’est pour cela que, malgré ma passion pour ce métier, je vais devoir arrêter cette activité, car plus assez de projets, et trop de problèmes en moins d’un an et demin avec des mauvais payeurs et des escrocs.

    Désolé d’avoir laissé ce message un peu hors-sujet peut être, mais ça fait du bien.

    Bonne continuation! ^^

    Walter

  19. Je n’ai pas tout lu, honte à moi, mais sur une grande résolution ton blog est difficile à lire, çà mériterait une taille au dessus pour le typo (je sais je peux le faire moi même).

    Pour réagir à l’article, je ne fonctionne pas comme çà, par brêche, un petit bouton par ci, un bout de header par là, un champ input à droite, des bordures à gauche ..

    Reprenons tout depuis le début, un webdesigner ce n’est pas QUE du graphisme.
    Avant tout, pour être bref, lorsque l’on développe un site web, on passe par des étapes, le sitemap, le wireframe, ensuite seulement le design et encore cela dépends s’il exitse une charte ou pas.

    Si vous arrivez à obtenir le même résultat en travaillant par petit bout vous êtes trés fort et devriez travailler pour beaucoup plus cher.

    Un vrai webdesign c’est un ensemble, une harmonie générale propre au site web, une ambiance, une atmosphère et la seule atmosphère que vous obtiendrez en travaillant en pointillisme c’est une atmosphère chaotique, donc voilà pourquoi un webdesigner est cher, parce que c’est un vrai métier avec un vrai savoir faire et non un pseudo quelque chose à la portée de tout le monde.

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