Le théorème du pissenlit

Par le 23 February 2012
dans Article invité

Qui a soufflé ?

(J’ai le plaisir d’accueillir Florence Clerfeuille, du blog A mots déliés, qui est l’auteur de cet article)

Nous avons tous des événements fondateurs dans notre vie. Des tournants qui nous ont construits, ou déconstruits puis reconstruits. En tout cas, qui nous ont fait évoluer. Changer.
Mais nous agissons également sur les autres. Nos actes, même anodins, peuvent avoir une grande influence sur eux. À l’instant même, mais aussi quelques heures ou quelques semaines, voire même des années plus tard.
J’ai ainsi expliqué sur mon blog comment une graine semée presque par inadvertance par l’un de mes professeurs il y a trente ans a participé à faire de moi ce que je suis aujourd’hui.

Tous jardiniers

« Qui parle sème ; qui écoute récolte » disait Pythagore. Nous semons beaucoup. Souvent. Pas qu’avec la parole : cela vaut pour l’écrit aussi.
Parfois, nous le faisons consciemment. Avec un objectif bien précis : celui de voir grandir et prospérer notre « bébé ». Qu’il s’agisse d’un arbre fruitier, d’un concept, ou d’un enfant, nous l’entourons de soins. Le couvons du regard. Lui prodiguons toute l’attention nécessaire. Et nous émerveillons à chacun de ses petits pas.
Mais d’autres fois, nous ne réalisons même pas que nous avons semé quelque chose.
« Qui parle sème ». Et la graine risque d’autant plus de pousser haut et loin qu’elle est semée dans une bonne terre. Une terre souple, neuve, avide, enthousiaste. Une terre jeune.

Chacun son tour

Les professeurs le savent bien : ils contribuent à former de futurs adultes. À faire pousser de nouveaux talents, de nouvelles idées. Ils reconnaissent les terres exigeantes. Celles qui vont donner de multiples fruits. Mais ils ne soupçonnent pas toujours ce qui va pousser dessus.
Grâce à Internet, j’ai retrouvé mon professeur.
Je lui ai tout raconté.
Il n’avait pas oublié la petite fille curieuse de tout que j’étais alors… mais n’aurait jamais imaginé un tel parcours !
Il a été un maillon d’une chaîne. C’est désormais mon tour d’être le suivant.

Semeurs d’envie

Vous connaissez certainement le logo de Larousse, l’image de cette femme qui souffle sur une fleur de pissenlit en graines. Le slogan joint est on ne peut plus clair : « je sème à tout vent ».
Enfant, vous l’avez forcément fait s’il y avait des pissenlits près de chez vous. Il n’y a même pas besoin de souffler : juste en cueillant la fleur, ou en la secouant à bout de bras, les graines s’envolent. Et vous restez là, subjugué, à les suivre des yeux aussi longtemps que possible.
Les graines vous échappent. Mais elles voyagent. Parfois longtemps. On peut même les oublier. Jusqu’à ce jour où vous découvrez une plante de toute beauté plantée là, sous vos yeux.
Comment est-elle arrivée là ?
C’est comme cela que je suis devenue biographe. 😉

Une logique imparable

Les mots sont aussi des graines. En racontant des histoires, en écrivant des nouvelles, vous semez dans l’esprit des gens. Des idées, des envies, des rêves, des « pourquoi pas ? »
Certaines graines pousseront haut et fort, envers et contre tout. D’autres se mettront en sommeil. D’autres, bien sûr, ne donneront rien. Mais au final, beaucoup de jolies fleurs auront éclos grâce à vous.
Semez ! Semez à tout vent. Il en restera toujours quelque chose.
C’est cela, le théorème du pissenlit. 🙂


Florence Clerfeuille, que vous pouvez retrouver sur son blog A mots déliés, est une passionnée d’écriture. Pourtant, elle a d’abord choisi d’être analyste, puis de faire de longs et passionnants voyages avant de se décider à vivre de sa plume. Bien lui en a pris car en devenant écrivain public et biographe, elle allie son goût pour les phrases bien tournées à rencontre de gens formidables : vous ou moi, qu’elle couchera peut-être dans une prochaine biographie.

——

Florence – qui édite certains de mes livres – vient de sortir un ouvrage passionnant sur la profession de biographe. Devenir biographe est un manuel complet qui permet au débutant de se lancer en toute confiance dans le métier et au professionnel d’affiner ses armes de prospection et de marketing. Le livre de Florence est tellement complet qu’il est en fait utile à tous ceux et celles qui utilisent l’écriture comme métier.

Parmi les dizaines d’astuces qu’elle partage dans Devenir biographe, j’en ai découverte certaines que je ne connaissais pas  et qui me sont utiles. Franchement, ce livre sera amené à devenir “la” bible des biographes et autres écrivains publics. De plus, je le dis sincèrement et sans arrière-pensée puisque je ne touche aucune commission sur les livres vendus par Florence.

En clair, il n’y a pas de lien affilié si vous commandez Devenir biographe, avant d’aller semer vous-même, aux quatre vents. 😉

(Photo : Thorsten Becker)

Commentaires

15 commentaires pour “Le théorème du pissenlit”
  1. morgan says:

    Deux personnes m’ont grandement influencé et m’ont aidés a voir la vie autrement:

    -Un prof d’arts plastique au lycée, un homme d’une gentillesse époustouflante. Comme c’était sa dernière année avant d’aller à la retraite, il a décidé de partager quelques documents sur le 11 septembre et il remettait en cause cet évènement, il parlait d’organisations qui complotaient pour dominer le monde!
    Puis il a fini en écrivant sur le tableau “ZEITGEIST”, il nous disait de chercher ce mot sur google et de regarder le documentaire de 2h qu’on trouverai.
    J’ai chercher ce mot sur google et le documentaire que j’ai trouvé m’a passionné, en fait ça a changé ma vision du monde, de la société…

    -La deuxième personne est une assistante sociale, je la voyait pour des problèmes familiaux.
    Un jour, lors d’un énième rendez-vous, je lui parlait d’un évènement grave que j’ai vécu et je lui disait en souriant mais j’essayait de me retenir je n’arrivait pas a me contrôler et là elle me sort une phrase qui m’a changé ma vie, “ne te retient pas de sourir, c’est normal c’est un moyen de défense inconscient”.
    Depuis ce jour, je m’intéresse à la psychologie c’est devenu une passion et cette passion m’a conduit vers le développement personnel, je vois la vie et les gens d’un autre angle désormais.

    C’est fou a quel point des personnes qui ne sont pas des proches m’ont influencé, j’aimerai savoir parfois si moi-même j’ai influencé quelqu’un.

  2. Jean-Yves says:

    J’aime beaucoup cette analogie avec les graines que l’on sème 🙂

    C’est tout à fait ca, et les graines ont besoin d’être arrosées régulièrement (surtout au début) pour donner vie.

  3. Florence says:

    @Morgan Je suis sûre que nous influençons tous d’autres personnes. Le plus souvent sans le savoir. Les parcours se croisent ; nous rencontrons des personnes importantes pour nous (ou qui laissent leur empreinte sur notre existence) et puis nous nous éloignons d’elles. Le temps passe et il n’est pas toujours facile de reprendre contact.
    Pour ma part, je suis ravie d’avoir retrouvé mon prof 🙂

    @Jean-Yves Merci. En plus, c’est presque de saison 🙂
    Dans ma vie de tous les jours, j’aime bien voir mes réalisations comme de petits cailloux qui dessinent un chemin.
    L’idée de la graine s’est imposée, même si aucune graine ne fait pousser des cailloux 😉

    @Jean-Philippe Merci de m’avoir acueillie chez toi. C’est un plaisir de semer des graines ensemble 🙂

  4. Aude says:

    Décidément, tout me pousse à l’écriture en ce moment ! Arrêtez d’arroser mes graines d’écrivain, ça va pousser trop vite, elle n’auront pas pris le temps de mûrir tranquillement !
    Super, j’adore toutes ces paraboles…
    ça me rappelle aussi Miguel RUIZ et ses 4 accord toltèques, enfin surtout le premier et le dernier :
    – que votre parole soit impeccable : car nous ne sèmerons ainsi que de “bonnes” graines autour de nous,
    – et faites toujours de votre mieux : ben, oui, tous les jours on arrose comme on peut, du mieux qu’on peut, et parfois il pousse des trucs qu’on n’aime pas, alors on les arrache et on réoriente sa vie pour mieux prendre soin des graines de joie de vivre et de paix intérieure… mais toujours en faisant de notre mieux, dans la douceur, et dans l’observation de ce qui germe !!!
    Vive l’écriture !

  5. MarieBo says:

    Bonjour Florence,

    Quel plaisir de te retrouver ici !

    Comme je te l’ai mentionné, j’ai été très touchée par ton écoute et ta capacité d’accueil de la parole des personnes dont tu fais la biographie.

    Au-delà de conseils pratiques, incontournables dans le rôle d’une biographe, tu nous donne des leçons de vie qui s’appliquent dans de nombreux contextes.

  6. Florence says:

    @Aude Ne t’inquiète pas : les graines les plus vivaces s’épanouissent de toute façon. Et j’ai comme l’impression que chez toi, l’envie d’écrire est l’une de ces graines pleines de ressources 😉

    @MarieBo Je suis aussi très touchée par ce que tu dis de mon “accueil de la parole” (j’aime beaucoup l’expression :-)). C’en est presque gênant ! D’autant plus que je ne suis absolument pas dans l’optique de “donner des leçons”. Ce qui me motive (mais tu l’as certainement compris :-)) c’est le partage et la transmission.
    Ce n’est pas pour rien que je suis devenue biographe 😀

  7. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Florence pour ton article qui vient enrichir mon blog de belle façon ! Et aussi merci de partager une petite tranche de ta vie qui est un exemple concret de ce que l’existence peut développer comme talent. Mais, à condition de lui donner une chance, c’est à dire en semant. Alors semons, semons. 😉

  8. ChrisToonet says:

    Ce pissenlit nous dispense de si bonnes graines qu’il ne pouvait mieux être logé chez l’auteur de “Como el viento” pour nous les partager ! Encore une motivation de plus pour venir sur ce blog, et aussi, maintenant d’aller faire connaissance avec celui de Florence ! Merci à tous deux !

  9. Florence says:

    @ChrisToonet Je n’avais pas réalisé le lien entre “Como el viento” et le pissenlit ; tu fais bien de le relever.

    C’est effectivement un peu la même idée !

    Non pas qu’il faille se laisser porter en se disant que le vent nous amènera là où nous devons aller, mais au contraire utiliser son énergie pour larguer les amarres 🙂

  10. ChrisToonet says:

    Florence ! Exact ! Il ne s’agit pas de se laisser porter ! Par contre l’image du pissenlit associée au vent reflète bien le coté aléatoire de nos rencontres, que celles-ci soient avec des gens, des lieux ou des livres, ou encore bien d’autres choses ! Le vent emporte et nous ne recevons que ce qui passe à notre portée, si toutefois nous sommes suffisamment ouverts à celà !
    J’ai parcouru ton blog et y retournerai ! J’en ai profité pour découvrir ta région via GoogleMaps !

  11. Florence says:

    Merci de ta visite, ChrisToonet, tant sur mon blog que dans la région.
    C’est une terre accueillante, tu sais 😉

  12. Jean-Philippe says:

    Merci ChrisToonet pour tes commentaires toujours aussi pertinents que poétiques ! Cette région, le Tarn que je découvre, est belle et mérite ta visite. Nous en parlions encore cette après-midi avec Florence… eh oui, les blogueurs se rencontrent, même à Albi. 😉 (C’est plus simple qu’à Tokyo…)

  13. Max says:

    Article très sensé ! Vous savez ce que l’on dit d’autre? Dieu nous à créé avec deux oreilles et une bouche ! Pour écouter deux fois plus qu’on ne parle !
    Merci pour ton blog !

  14. Jean-Philippe says:

    Merci Max pour ton commentaire ! …et excellente citation. 😉

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