Ce que je vois, ce que je sens

Le yin et le yang ?

(Aujourd’hui, j’accueille avec plaisir Joël de Blog-invest qui est l’auteur de cette histoire.)

J’aime bien manger mais pourtant, maintenant, je n’ai plus envie. C’est bien que tout le monde ait compris cette fois-ci, parce que je n’apprécie pas quand on essaie de me faire manger quand je ne veux plus. C’est comme ça, un moment je veux et puis après c’est fini, j’en ai eu assez!

Par contre, j’ai envie d’avoir ce qui est près de moi mais comme je sais que je ne peux pas l’atteindre, je le montre avec un doigt. Dès que je l’ai en bouche, c’est automatique, l’eau commence à couler et je me sens mieux. C’est agréable et je profite de ce petit instant pour regarder autour de moi.

Je n’ai plus envie de manger et je n’ai plus envie de boire. Le plafond est joli, il parait si loin et si je tends la main pour essayer de le toucher, il semble encore plus loin. D’ailleurs, mes doigts sont amusants, je pense qu’ils bougent et puis ils bougent. Parfois, ils bougent même avant que j’y pense! Je vais essayer celui-là… puis celui-là… Ça fonctionne bien!

En les bougeant d’une certaine manière, j’arrive à saisir des objets. Celui-là, je peux le soulever très haut, et certains autres, je n’arrive pas du tout à les prendre. Parfois c’est facile et parfois c’est difficile. Comme ma position actuelle, elle n’est pas très confortable, je n’arrive pas à regarder ce qui se passe derrière moi et ça crie quand je me lève, j’ai peur et je me rassieds pour que ça ne crie plus.

Quand j’ai envie d’aller ailleurs, je jette quelque chose par terre. Justement, j’ai quelque chose en main et ça fait du bruit quand ça tombe! C’est quoi ça? Ça bouge tout seul et j’ai déjà vu. J’aime bien le prendre et le toucher mais dès que je m’approche, parfois, il s’en va. J’aime bien dire les choses que je vois “SSA SSA”, c’est toujours étrange de dire des mots.

Je pense à des sons mais ce que j’entends est différent. Quand quelqu’un me parle, je sais dire si c’est bien ou si ce n’est pas bien. A présent, ça a l’air bien et je sens une étreinte, c’est agréable mais je n’ai pas le temps d’en profiter car je dois faire attention. Mes pieds touchent le sol à présent, c’est un moment très délicat.

Ça va mieux maintenant. Je me penche et j’attrape un objet pour le lancer et le chat s’enfuit à cause du bruit. Je vais marcher vite pour le rattraper mais c’est difficile. Chaque pas est un nouveau défi et juste quand ça devient naturel, c’est la chute… comme en trébuchant sur le jouet que je viens de lancer. Mes pieds ne font pas ce que je pense et le sol s’approche rapidement.

Le choc me surprends toujours, ça fait un bruit à l’extérieur puis retentit un écho violent à l’intérieur. Je deviens comme paralysé et je crie. Je n’ai pas envie de crier comme cela car je n’aime pas et ça me donne envie de crier encore plus fort. C’est souvent à ce moment que je ressent une étreinte, différente cette fois-ci, et une chaleur qui ne me donnera jamais trop chaud… ensuite, je suis de nouveau heureux!

J’ai envie de jouer. J’adore aller dans ce coin, c’est pleins de couleurs différentes, de formes que je peux attraper, des lumières qui dansent au rythme des sons. Quand j’entends de la musique, ça me donne envie de bouger, j’ai déjà vu faire comme ça et c’est agréable. Je ne pense plus qu’à la musique, je n’entends plus que le rythme et les lumières dansent devant moi.

Une forme que je connais, cette forme que je sens dans mes doigts, toute lisse et qui bouge parfois toute seule. Je la mets dans ce jouet, ça fait de la musique et je ris! La boule est de nouveau près de moi, je la prends et la place sur ce jouet, elle dégringole, ça fait du bruit, de la lumière, de la musique,…

Je dois absolument montrer cela à quelqu’un! Je me retourne et je vois bien qu’ils me regardent et ils me sourient. Alors je recommence pour leur montrer comment on fait. Il faut prendre la boule comme ça, la lâcher juste là et ça fait de la musique, de la lumière et… un autre bruit encore, mais qui vient de derrière?

Je me retourne et je les vois qui tapent des mains en riant et moi, ça me donne envie de rire et de taper dans les mains. Je me lève pour mieux voir et puis je tape dans les mains. Je prends la boule, je la replace et la musique me donne envie de danser pendant qu’elle dégringole et que tout le monde applaudit.

La boule roule sous mes jambes et s’éloigne cette fois-ci, je veux aller la prendre et la replacer dans le jouet. Le chat saute dessus et l’envoi rouler encore plus loin, c’est dur de marcher vite pour la rattraper. Il y a beaucoup de choses qui m’empêchent d’avancer vite: des cubes, des balles, des triangles, des jouets, toutes ces couleurs attirent mon regard. Je tombe et me redresse aussitôt.

J’évite celui-ci, je contourne celui-là et je marche en fixant la boule qui roule. Le chat l’attrape et j’arrive trop tard. Je vais plus loin, je baisse la tête car je me suis déjà cogné aujourd’hui, je tends le bras et… la boule est à moi! Il ne reste plus qu’à la mettre sur le jouet qui fait de la musique et de la lumière. Où est-il? Si loin…

Mais j’ai envie de faire encore rouler la balle. Je m’approche du jouet et avancer me parait plus facile. Rien n’est dans le chemin, je vais à gauche puis à droite et le jouet est juste devant moi. Je place la boule et elle dégringole… C’est très curieux, ça m’amuse moins, ça ne m’amuse plus. J’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose de beaucoup mieux et j’ignore ce que c’est.

Je laisse la boule rouler vers moi, je la prend et la regarde. Puis je regarde où je l’ai trouvée et tout cet espace que j’ai parcouru. Lorsque je suis allé chercher la balle, il n’y avait pas de musique, pas de lumière, pas de boule qui dégringole, personne ne tapait dans les mains… mais cela n’était pas important.

Joël est l’auteur de Blog-invest, un blog qui associe harmonieusement développement personnel et investissements financiers.
Sa philosophie ? Il la définit lui-même ainsi : “Si la majorité des gens de notre monde civilisé ne consacrent pas beaucoup de temps à leurs enfants et donnent la priorité à leur carrière, alors je suis fier d’être en marge de cette société qui compte beaucoup trop de “hamsters dans la roue”. A l’aide de mon blog, j’essaie de comprendre comment mes congénères tombent dans ces travers et pourquoi ils préfèrent y rester au lieu d’en sortir. Mais il est évident que ce que je préfère partager avec les visiteurs de mon blog, c’est comment en sortir.”
Alors si vous avez aimé cette belle histoire, pour mieux connaitre Joël, vous apprécierez aussi d’autres articles extrait de son blog :

Votre pire client
L’autre version de “apprendre à apprendre”
500 jours pour devenir celui que j’ai toujours voulu être

(Photo : bitzcelt)

Commentaires

10 commentaires pour “Ce que je vois, ce que je sens”
  1. Joel says:

    Merci beaucoup pour ton accueil Jean-Philippe. Il s’est passé beaucoup de choses depuis la rédaction de ce texte que je (re)découvre d’un oeil nouveau.

    C’est un honneur d’être publié sur RevoPerso.

  2. AMie says:

    Merci à vous deux, Jean-Philippe pour accueillir et Joël pour partager.
    C’est trop bon de se projeter dans l’enfance -l’Atlantique de notre enfance… 😉
    Et OK avec la philosophie “enfants prioritaires sur la carrière”. Certes, je suis une femme mais le père de mes enfants a fait comme ça et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
    Nos enfants sont notre seule richesse. Mais qui a dit ça ? 😉

  3. Jean-Philippe says:

    @Joel C’est un plaisir de t’accueillir ! De plus, tu as une belle plume et une façon de dire les choses de manière originale. Il n’y a qu’à lire tes divers commentaires pour s’en rendre compte. 😉

    @AMie Merci beaucoup pour ton commentaire ! Oui, les enfants sont des messages que nous envoyons dans un futur que nous ne verrons pas (ce n’est pas de moi). A propos, toi aussi tu sais bien écrire… 😉

  4. Elie says:

    Merci pour ce bel article ! Ce texte m’inspire beaucoup de choses…

    Je vais profiter de mon jeune âge (13 ans seulement) pour réfléchir à ma vie future, et en particulier à ma famille. Merci encore pour vos conseils !

  5. AMie says:

    ” A propos, toi aussi tu sais bien écrire… ” Comment sais-tu ça ? 😉

  6. Jean-Philippe says:

    @Elie Voila comment on peut toucher quelqu’un avec un beau texte. Je suis content et je pense que Joel l’est aussi. 😉

    @AMie Ah, mais je suis habitué à tes commentaires pleins d’images et de finesse. 🙂

  7. AMie says:

    Et nous, on ne s’habitue pas à tes textes pleins d’images et de finesse…
    On en redemande toujours. 😉

  8. Elie says:

    Ah, Jean-Philippe, j’ai pensé que vous pourriez publier un article sur les Origamis, cet art de plier du papier en toutes formes.

    Mais après, ce n’est qu’une idée. 😉

  9. Joel says:

    En effet, je suis très heureux que mon texte touche une personne de treize ans.

    Sans entrer dans les stéréotypes, j’ai cotoyé beaucoup d’ados et j’en avais presque oublié la vivacité et l’ouverture d’esprit de cet âge. Je pourrais redécouvrir tout en douceur avec mes deux enfants d’ici quelques années!

  10. Jean-Philippe says:

    @AMie Merci ! 😀 J’attendrai donc encore tes commentaires pointus. 😉

    @Elie Excellente idée ! Contactons maintenant la muse…

    @Joel Tout à fait d’accord. Leur énergie est incroyable et tu vas donc en profiter aussi, très bientôt. 😉

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