A chacun son Atlantique

Aller au bout du monde, pour se connaitre. Aller au bout de soi-même, pour se découvrir.

Quand avez-vous, pour la dernière fois, pris des risques ?

C’est une question qui peut vous surprendre mais posez-vous vraiment la question. Est-ce que c’était hier, la semaine dernière, il y a trois mois ?

Ou alors, est-ce que vous devez vous creuser un petit peu plus la tête pour trouver ? Ou finalement, vous n’avez plus le souvenir d’avoir pris un risque dans votre vie récente ?

Si c’est la cas, il serait peut-être temps de s’y remettre, non ?

Cap Horn

Quand je parle de risque, je parle de danger mais pas de stupidité. Il y a une différence entre traverser en courant une rue à fort trafic sans regarder ni à droite ni à gauche et, volontairement prendre une décision qui va bousculer le statu-quo de votre vie. Cela peut ressembler à de l’inconscience pour les autres mais le plus important c’est comment vous, vous la voyez, cette décision.

En fait, d’instinct, l’être humain n’aime pas le changement. Nous aimons les routines. Nous en avons tous et toutes. Nos petites “maniaqueries” nous donnent un semblant de stabilité et nous feraient oublier que le temps s’écoule, qu’il y a d’autres horizons à découvrir.

C’est bien là le piège. Tomber dans ce train-train nous fait croire que tout va bien mais ce n’est pas vrai. Pendant ce temps, la terre tourne. Pendant ce temps les jours passent. Pendant ce temps, les cellules de notre corps changent. Pendant ce temps, nos rêves s’évanouissent.

A notre époque, nous avons pleinement conscience de ces faits. Un paysan du Moyen-Âge lui, n’en avait peut-être pas vraiment connaissance mais, avec notre accès incroyable à l’information, nous ne pouvons plus nous voiler la face. Nous n’avons plus d’excuses.

Nous ne pouvons plus dire : “Je ne savais pas.”

Cap Fréhel

Je ne vous apprends rien en vous disant que la prise de risque est le seul moyen de réellement progresser dans la vie.

La routine, c’est la vie et la mort à petit feu. Le risque, c’est la vie et la mort avec éclat.

Est-ce que vous voyez bien la différence ?

Sur le papier comme ça, quel coté choisiriez-vous ?

Dans le confort de votre appartement, face à votre ordinateur, à votre portable, à votre smartphone, vers quelle version de la vie votre cœur penche-t-il ?

Bien sûr, nous répondons tous et toutes, la deuxième, sans hésiter !

Maintenant répondez encore une fois à la toute première question que je vous posais tout à l’heure, au sujet de votre dernière prise de risque. De quand date-t-elle ?

Ainsi, si vous vous demandiez pourquoi vous ne viviez pas pleinement ces-dernières années, vous avez maintenant votre réponse. 🙂

Détroit de Gibraltar

Pourquoi avons-nous si peur de la prise de risque ?

Il n’y a plus de mammouths pourtant. On ne risque pas de mourir de faim. Il y a toujours un moyen de s’en sortir. Nous ne sommes pas isolés dans un désert immense. La mort ne nous guette pas à chaque tournant.

Je pense que même si c’est dans la nature de l’homme de rechercher la stabilité, nos ancêtres, par exemple, prenaient des risques. S’ils ne l’avaient pas fait, nous ne serions pas là pour en parler.

Alors, notre société ne serait-elle pas la plus craintive de toute l’histoire de l’humanité ?

Prenez l’exemple des enfants. Ne sont-ils pas surprotégés ? Ont-ils encore le droit de courir dans les champs, de grimper aux arbres, d’utiliser un Opinel pour tailler une branche ?

Un esprit libre, entreprenant, ça se forge dès l’enfance, en prenant des risques et en apprenant de ses erreurs, parfois douloureuses.

Je ne sais pas comment sont les jeunes générations en France mais, pour avoir côtoyé pendant longtemps les jeunes Américains et maintenant les jeunes Japonais, j’ai observé en général que la prise de risque était pratiquement inexistante.

Mon expérience n’a pas de valeur scientifique mais j’ai aussi constaté que si je les encourageais, ils finissaient par finalement oser.

Détroit de Béring

Alors une fois devenu adultes, qu’osons-nous ? Quels risques prenons-nous qui viennent secouer notre stabilité matérielle ou mentale ?

Ce qui me fait bondir, c’est que beaucoup de gens me donnent une réponse du style, “oui mais je dois penser à l’avenir.”

L’avenir de quoi ? Dans moins de cent ans, vous et moi ne serons plus de ce monde, alors cela nous fera une belle jambe d’avoir pensé à “l’avenir”.

Et qu’on ne vienne pas me dire qu’on doive se sacrifier pour l’avenir de ses enfants. D’abord, cela leur donne un mauvais exemple et ensuite, c’est les porter bien bas dans notre estime que de penser qu’ils seront incapables de se débrouiller seuls, une fois qu’ils auront atteint l’âge adulte.

Je crois que notre société, ouverte comme elle l’est maintenant, nous piège. Nous avons tout à notre disposition. Les prises de risques ne sont plus nécessaires. Mais en échange, cette même société, à coup de marketing (le nom moderne de la propagande), nous demande de nous tenir sagement dans notre coin, sans faire de vagues.

Et en grande majorité, nous obéissons.

Les sirènes d’une stabilité, certes ennuyeuse mais soigneusement ouatée par les média, sont irrésistibles.

Un peu comme Faust, nous vendons notre âme.

Cap de Bonne-Espérance

Et donc, c’est une grosse erreur.

Le progrès, au niveau personnel ou général, vient de la prise de risque.

Charles Lindbergh, le célèbre aviateur américain, le premier à traverser l’Atlantique en avion et sans escale, aurait dit, après son exploit : “Quel genre d’homme peut vivre une vie sans danger ? Je ne crois pas à la prise de risque stupide. Mais sans aucune prise de risque, rien ne peut s’accomplir.”

Où est votre Atlantique ? 🙂

Quelle est la chose que vous vous refusez par (fausse) sécurité ? Nos vies peuvent changer en une seconde, une catastrophe naturelle, un accident, une mauvaise décision prise par un tiers peuvent tout faire basculer.

De plus, souvent, nous nous refusons des choses qui ne sont pas très risquées. Par exemple, quitter son emploi, pour se lancer en temps qu’auto-entrepreneur, pour partir dans un voyage au long cours en famille ou pour reprendre des études dans un domaine qui nous plait.

Où est le danger réel ?

Certes la prise de risque existe quand même mais elle est le carburant qui nous fera franchir notre Atlantique.

Elle nous fera progresser. Elle nous rendra, à certains moments, bien plus heureux.

Plus vivant.

C’est bien ça que nous recherchons tous, non ? 😉

(Photo : andre.vanrooyen)

Commentaires

12 commentaires pour “A chacun son Atlantique”
  1. k.role says:

    Je n’ai pas le culte du progrès. ni l’esprit d’entreprise et de conquête. Pourquoi serait-ce une tare. Je me demande….

  2. Jean-Philippe says:

    Merci k.role pour votre commentaire. Attention, je n’ai pas parlé de tare, chaque être humain est libre de mener sa vie comme il ou elle le veut. Simplement, j’encourage fortement chacun à créer quelque chose parce que je pense que cela rend la vie plus intéressante.

    Je suis certain que vous aussi vous avez des talents – nous en avons tous – et une fois développés, ils vous donneraient une autre vision de votre environnement. 😉

  3. Florence says:

    Chacun a sa propre notion du risque et plus que prendre des risques, je pense que le plus important, c’est de savoir oser. Oser dépasser ses limites, aller un peu plus loin, faire un peu plus… Rien de géant, mais un peu + un peu + un peu… ça finit par faire beaucoup et on agrandit son champ d’action. On s’ouvre de nouveaux horizons. On met les voiles, pour reprendre ton image de l’Atlantique 🙂

    Ce n’est pas toujours facile, surtout quand on a souffert de surprotection, comme tu dis, mais on se sent tellement bien quand ça réussit ! Comme quand on se remplit les poumons à fond et qu’on prend le temps d’expirer tout doucement en fermant les yeux.

    Sinon, pour répondre à ta toute première question, la dernière fois que j’ai “pris un risque” professionnel (mesuré, mais risque quand même), c’était… hier soir, à peu près à la même heure. Il est encore trop tôt pour savoir si cela a été payant 😉

  4. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Florence pour ton commentaire et surtout de partager ton expérience ! La méthode “à petits pas” est terriblement efficace et comme tu le dis, lorsque l’on se retourne, on voit le chemin parcouru.

    Chacun voit le risque à sa façon mais je crois que, suite à tes longs voyages en famille, tu pourrais donner des leçons à beaucoup. Mais tu es trop modeste pour ça. 😉

  5. Elie says:

    En ce qui me concerne, je n’ai pas réellement pris de risque, du moins… je n’en ai pas le souvenir. Malgré mon âge, je crois que je suis capable de prendre des risques, mais pas les risques que prennent les jeunes de mon âge, plutôt des risques qui en valent la peine et qui me feront me sentir plus mieux.

    Dès demain, je m’engagerai à prendre plus de risques !

    PS : J’aimerai dire que j’ai vraiment la sensation d’en savoir beaucoup lorsque je lis chacun de vos articles.

  6. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Elie ! Oui, prendre des risques (mesurés comme le disait Florence au-dessus) est important. C’est ce qui nous fait grandir. Ce n’est pas une obligation mais je crois que la vie prend une autre saveur en osant. 😉

  7. Florence says:

    Effectivement, donner des leçons, ce n’est pas trop mon truc. Je préfère partager 😉
    Montrer l’exemple, aussi. Je suis persuadée que c’est la meilleure stratégie d’éducation et j’espère que l’une des choses que mes enfants garderont de ces expériences à l’étranger (en plus de l’adaptabilité), c’est justement la faculté de relativiser les risques.

  8. Jean-Philippe says:

    J’en suis certain Florence ! On protège trop les enfants des inconnus, sous prétexte que le danger est partout, comme la télé se complait à le montrer. En faisant cela, ils n’ont aucune expérience de l’autre, ne construisent pas leur instinct.

    Par contre, comme toi, en les laissant faire – sous vigilance au début – à force de contacts, ils arrivent à déterminer ce qui est dangereux de ce qui ne l’est pas.

    On dit souvent aux enfants de ne pas parler à des inconnus, c’est plutôt l’inverse qu’ils devraient faire. 🙂

  9. amine says:

    en ce qui me concerne j’aime bien le risque mais calculer,agir mais réflechir avant,fonceur mais pas stupide.
    prendre des décisions peut changer une vie,il faut en tirer les conclusions et ne pas regretter les décisions,c’est mon opinion .
    a bientot jean philippe

  10. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Amine pour votre commentaire ! Je suis d’accord, il ne s’agit pas de devenir une tête brulée. Et puis, comme vous le dites si bien, il ne faut pas regretter ses choix qui, quels qu’ils soient, nous font progresser. 😉

  11. Milana says:

    Je vous félicite pour votre initiative. Vraiment, aucun mot ne peut qualifier l’extrême qualité de votre travail.

  12. amine says:

    merci jean philippe pour ta réponse symp,et merci de nous faire progresser a travers tes articles.

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