La voie humaine

Rumer, une voix choisie

Quand je découvre un nouvel artiste, quelque soit son domaine, j’aime rechercher sur wikipédia son histoire, ses influences, d’où il vient, qui étaient ses parents, sa famille, où ont-ils vécu, qu’est-ce qui a bousculé leur vies ?

Je le fais pour les artistes ou autres professionnels célèbres parce qu’avec la complicité du net, c’est très facile de se familiariser avec un condensé de leur vie en quelques minutes. Alors que je parcours rapidement les paragraphes, ce sont des années qui défilent, des drames qui se nouent et se dénouent, des souffrances et des joies passées qui s’engouffrent dans mon cœur pour y laisser leur petite marque.

Si je le pouvais, je ferais la même chose avec votre vie.

Oui, la vôtre. 🙂

Biographies

Il y a quelques jours j’écoutais une chanson d’une chanteuse, Rumer que je ne connaissais pas et que j’ai découverte suite à un très bon article de Chris Guillebeau (en anglais) sur les voyages. En écoutant cette chanson (YouTube) sa voix et surtout ses paroles, “I am alive and I am thankful for this time”, j’ai voulu en savoir plus sur elle.

Née en 1979 dans une famille anglaise établie au Pakistan, elle apprend à 11 ans, lorsque ses parents divorcent, que son vrai père est un Pakistani qui travaillait chez eux. Elle reste auprès de sa mère qui décède alors qu’elle a 23 ans et c’est à cette époque qu’elle compose ses premières chansons avant de rencontrer le succès quelques années plus tard.

Son nom m’interpelle. En fait, son vrai nom est Sarah Joyce. Son nom d’artiste, Rumer, vient d’un écrivain anglais, Rumer Godden. Qui est-elle ? La magie de wikipédia me permet immédiatement d’en savoir plus. Auteur à succès décédée en 1998, avec plus de 60 livres à son actif, elle a grandi au Bangladesh qui faisait alors partie des colonies britanniques. Une fois ses études terminées en Angleterre, elle s’installe à Calcutta où elle ouvre une école de danse pour enfants anglais et indiens qu’elle dirigera pendant une vingtaine d’années, jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

Elle aussi, elle divorce et part s’établir au Kashmir avec ses deux filles, Jane et Paula, où elle vit d’abord sur un bateau puis dans une large maison. Elle y démarre une plantation d’herbes pour infusions, avant de revenir en Angleterre et de se consacrer pleinement à l’écriture.

Alors voilà, en quelques lignes nous venons de vivre deux destins, l’un qui ne fait que commencer, prometteur, et l’autre achevé, portrait final d’une existence toute en relief.

Quand je vois l’énergie déployée par ces femmes, leur désir de s’exprimer, de laisser une trace pour les autres, je ne peux que me lever et moi-même participer.

Comme vous.

Que ce soit de manière artistique ou pratique (on a tous besoin d’un comptable) chacun apporte sa petite touche à ce grand fleuve des émotions humaines qui serpente entre joies et tragédies.

Autobiographie

J’aime ce qu’il y a dans l’humain une fois qu’il a retiré ses artifices protecteurs, j’aime communiquer avec lui, échanger, le découvrir, l’honorer.

Si je vous rencontre un jour et que nous passions un certain temps ensemble, vous me verrez vous questionnez en douceur mais sans relâche – un défaut de mon passé d’animateur radio – pour savoir quels ont été les évènements qui ont modelé votre vie, pour connaitre ce qui vous fait vibrer, ce qui vous fait avancer. D’ailleurs le dernier à y être passé, c’est Olivier Roland.*

Et là, c’est fou ce que l’on découvre ensemble lorsque vous m’autorisez à vous explorer. Je n’ai jamais connu une personne qui n’eût une histoire, un élément de vie qui ne méritât pas d’être conté. Sur facebook, tout le monde, moi y compris, possède un sourire numérique figé mais dans la vraie vie, les portes des cœurs s’ouvrent doucement à ceux qui ont la patience d’écouter.

Nous avons tous et toutes une histoire à raconter. Bien sûr, la plupart d’entre nous n’entrera jamais dans wikipédia mais, nous accomplissons bien mieux que ça. Par nos œuvres, nos travaux, notre labeur et la plus belle création qui soit, nos enfants, nous envoyons des messages vers le futur pour participer, directement ou indirectement, à une meilleure humanité.

Même si vous n’avez pas vécu en Inde, même si vous n’avez absolument rien d’exotique à raconter. Même si vous dites que votre vie est plutôt banale, délimitée par un simple triangle métro-boulot-dodo, elle cache des trésors dans les replis de votre passé. Parfois, ils sont difficiles à mettre en mots, douloureux, parfois ils sont subtils, comme une simple odeur, un regard ou un toucher que nous n’avons pas oublié et qui nous revient en mémoire.

Pierre Denier, l’auteur de l’excellent blog Haut les cœurs !, a dit quelque chose que j’aime beaucoup à propos de ceux qu’il aide à passer de bons entretiens et qui cherchent désespérément à mettre en valeur leur CV :

“J’entends souvent « Ce que je fais n’a rien d’exceptionnel » : mais tout est exceptionnel chez chacun !” (Extrait d’une passionnante interview chez Leluxedetresoi.com)

Cinématographie

Le plus difficile finalement dans une vie, ce n’est pas de réussir, c’est de prendre conscience de sa propre valeur, en temps qu’être humain. Tout est là. Après, on peut décider de l’exploiter ou non et cela, aux yeux des autres, nous classifiera à un certain niveau social.

C’est ce qu’on appelle le statut. L’image extérieure.

Mais le plus important c’est ce qui se passe à l’intérieur. Et en nous, il y a cette petite voix qui dit que nous sommes exceptionnels, que nous avons de la valeur même si à l’extérieur cela ne se voit pas.

Et puis, c’est vrai. Je vous mets au défi de me dire que vous êtes nul à 100%. Impossible n’est-ce pas ? Vous allez avoir cette conscience qui va vous rappeler que vous possédez du talent pour ceci ou cela.

Où tout cela nous amène ? A prendre conscience de tout notre potentiel, ce qui est la première étape. Ensuite, libre à nous de l’exploiter et ce serait dommage de ne pas le faire. Cette richesse qui est en nous, tous ces évènements qui nous ont sculptés font de nous un être unique qui se doit de partager sa sagesse.

Pourquoi ? Parce que plus on partagera, plus on communiquera et plus on se comprendra entre humains. Cela prend du temps – ça fait des milliers d’années que nous avons commencé – mais cela amène au respect de l’autre et donc à des actions mesurées et pour le bien de tous.

Un exemple ? Comment en est-on arrivé à bâtir sur zone sismique une centrale nucléaire qui maintenant fuit de tous les cotés et qui menace la plus grande mégalopole du monde ?

Où est le respect la-dedans ?

Il a bien fallu qu’à un moment des hommes et des femmes ferment les yeux sur les dangers d’un tel projet et s’il l’ont fait c’est bien parce qu’il n’avaient pas de respect pour les autres et donc, pas de respect pour eux-mêmes. Ils ne connaissaient sans doute pas leur vrai potentiel et se sont contentés de “réussir” académiquement plutôt que humainement.

La clef est là.

Quand je demande de l’aide pour Aidons le Japon, l’immense majorité des blogueurs et des lecteurs répondent présent. Et ceci me donne de l’espoir pour le futur.

Faire ce qui est juste, ne demande pas de grands efforts et est naturel chez nous. C’est seulement lorsque nous avons la faiblesse de trop calculer que tout s’écroule.

Autobiographie

Faire appel à l’humain en nous est la seule solution que ce soit pour vivre une existence meilleure, bâtir des projets, recueillir des dons ou sauver la planète de nos abus.

Oui, une seule solution pour tous nos problèmes. Comment se fait-il alors que nous allions à contre-courant ?

Être un vrai Humain, c’est aller vers ce qui nous parait important, sans compromission. Une tâche qui semble quasi impossible pour les grands décideurs du monde d’aujourd’hui. Les deux Rumer ont été plus courageuses, je trouve.

Rumer Godden a sans aucun doute, de part sa vie, marqué de nombreuses autres personnes. Elle a servi d’exemple, de mentor, de symbole. Rumer la chanteuse a pris le relais et il est nul doute, que dans le futur, d’autres jeunes femmes un jour, à leur tour, soient de nouvelles “Rumer”.

A leur niveau, les deux artistes sont allées de l’avant, vers ce qui leur paraissait être leur responsabilité : faire passer leur message à leur façon, pour les générations à venir.

Elles ne sont pas exceptionnelles. C’est parce qu’elles ont tout simplement suivi leur petite voix qu’elles le sont devenues.

A nous de faire de même.

(Photo : Kevin Westenberg/wikipedia)

*J’ai interrogé Olivier Roland, blogueur à succès bien connu, pour comprendre comment lui, grand scanneur devant l’éternel, a-t-il pu se focaliser sur un seul blog et le faire fructifier à long terme. Cette interview est offerte à l’achat de mon nouveau guide, Reconquérir sa vie.

Commentaires

7 commentaires pour “La voie humaine”
  1. Joel says:

    Deuxième article que je lis ce soir et qui me parle autant, un plaisir en relief puisque j’écoutais la musique proposée en lisant.

    Le premier article dont je parle m’a fait comprendre que je dois laisser plus de place à mes amis dans ma vie, car ils sont le meilleur reflet que j’ai eu l’occasion d’observer. Et c’est samedi passé que j’ai effectué un voyage dans le temps. Certains m’ont rappelé qui j’étais à cette époque. Je m’en suis éloigné mais je commence à me retrouver et ça me plait.

    Cet article-ci me rappelle que je dois laisser plus de place à la musique dans ma vie. La musique a cette capacité de vider l’esprit et de ressentir des émotions différentes de celles que je suist sensé ressentir sur le moment. A moins que justement mes choix soient portés sur ce que je voudrais ressentir. Comme cet ami qui, le coeur brisé, passe ses journées à écouter Portishead, s’enfonçant un peu plus dans la souffrance.

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Joel de partager tes réflexions. La musique est effectivement très importante. Sans elle, point de relaxation et d’inspiration. J’ai écrit deux articles consacrés à des morceaux précis et que j’aimerai bien partager ici. 🙂

  3. AMie says:

    Ah ! La musique !
    Parfois, on a aussi celle du cœur, ou des oiseaux dans le jardin, ou du marteau-piqueur dans la rue…
    Le silence n’existe que dans la mort. Enfin, je suppose. 😉

  4. Jean-Philippe says:

    Merci AMie ! La musique adoucit les mœurs dit-on… et c’est si vrai. 😀

  5. Quel talent pour l’écriture Jean-Philippe ! Je suis sur que tu aurais des choses à nous apprendre sur le sujet, si tu veux venir en parler sur Web Entrepreneur Débutant ce serait avec plaisir.

    Tu m’avais dit que tu avais été journaliste je crois mais je ne savais pas que tu avais été animateur radio, tu peux nous en dire un peu plus ? Je pense que ça explique pourquoi tu es si bon au micro (cf. ta vidéo pour aidonslejapon.org qui nous a tous remués avec Yoann Romano et Alexis Santin).

    J’espère que vous allez bien à Tokyo.

    Aurélien

  6. Pastelle says:

    Un immense plaisir de te lire.
    On ressort de là différent. Reboosté.
    Déjà j’ai découvert que j’étais une scanneuse, c’est quand même plus positif que procastineuse.
    Et puis ces mots. C’est vrai, chacun renferme de petits trésors, des pépites merveilleuses.
    Merci à Coumarine qui m’a conduit ici. 🙂

  7. Jean-Philippe says:

    @Aurélien Merci pour tes compliments ! Eh oui, en temps que scanneur, j’ai touché à différentes choses. D’accord, j’en parlerai sur Web Entrepreneur Débutant. Salut à Yoann et Alexis. 😉

    @Pastelle Merci beaucoup ! Si tu es une scanneuse et en plus si tu viens de la part de Coumarine, là tu as droit au traitement VIP. 😉

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