Sortir de son cocon, pour avancer

Cours, cours, tel le papillon de ta vie...

Dans tout ce que nous avons envie d’entreprendre, il y a toujours un petit côté qui nous fait hésiter, un petit côté qui nous fait peur parce que nous sortons de notre confort quotidien.

Souvent, ce cocon dans lequel nous nous prélassons depuis des mois ou des années est très difficile à briser. Parfois même impossible à déchirer. Le papillon qui est en nous ne peut pas s’épanouir. Nous restons bloqués, en nous plaignant de nos circonstances peu favorables ou du monde qui nous entoure.

Pourtant, la seule personne responsable de cette situation, c’est bien nous. 🙂

Sciences naturelles

Mais bien avant le papillon, tout commence avec la chenille que je trouve déjà bien jolie et qui pourtant, un jour, se met en tête de s’enrouler comme une momie avec un fil gluant. Quelle idée ! Pourquoi faire ça ? La nature ne lui plait plus à la chenille ? Elle ne s’arrêtera d’ailleurs qu’au moment où elle sera complètement enroulée, isolée, coupée du monde.

Lorsque nous voulons nous lancer dans une idée de projet, de changement dans notre vie, nous sommes un peu comme cette chenille. Après l’excitation de l’idée de départ, nous avons des doutes, des peurs, des angoisses qui surgissent et, petit à petit, nous commençons à tisser autour de nous une barrière de protection, pétrie de toutes les bonnes raisons pour ne pas y aller. Ce projet là, que nous voulions tenter, n’est pas raisonnable. Les circonstances ne sont pas les meilleures. Il faut attendre un peu.

Nous sommes tellement efficaces que nous finissons par ne plus voir du tout notre objectif premier et nous restons dans notre bulle protectrice, ne voulant surtout pas changer quelque chose dans notre existence. Ainsi, le temps passe pendant que nous nous roulons dans le cocon de nos excuses, pour nous protéger.

Nous oublions alors une chose. C’est que le monde entier se moque bien de ces excuses et continue sa route en avant.

Blocages

Si j’étais un prof de sciences, je vous dirais quelque chose d’essentiel au sujet de la nature : on ne peut pas l’arrêter. La chenille se mue rapidement en chrysalide et cette dernière sort très vite du cocon provisoire dans lequel a eu lieu la transformation.

Ainsi, la chenille ne reste pas chenille, c’est l’évolution normale des choses. On a jamais vu une chenille faire la grève.

“Ah non, là je ne la sens pas. Si ça ne vous dérange pas, je vais encore rester quelques temps dans mon cocon.”

Et la chenille de laisser la nature en plan en refermant son cocon et en refusant de se transformer. 😉

C’est un peu ça qui se produit pour nous. Les idées qui nous traversent l’esprit, “oh, je tenterais bien ça !”, les envies qui nous tiraillent, “Ah, je partirai bien vivre là-bas !”, les projets que nous échafaudons, “Je vais me lancer comme auto-entrepreneur !”, tout cela passe à la trappe. Nous freinons des deux pieds. Nous refermons le cocon.

Imaginons. Que se passerait-il si la chenille refusait vraiment de changer ? Elle finirait comment ? Toute fripée et sans vie ? Voilà ce qui nous attend si nous restons dans notre cocon. Une existence en demi-teinte. Pleine de regrets et de faux plis. Recroquevillée sur elle-même.

Est-ce que c’est vraiment ça, la vie ?

Transitions

Heureusement, nous le savons bien, ce scénario catastrophe n’est pas possible pour la chenille. Elle se transforme, elle ne résiste pas à la pulsion qui la pousse à changer.

Elle devient donc chrysalide.

Avez-vous déjà observé de près l’une d’entre elles, collée sous une feuille ou une brindille ? Elle n’est pas belle du tout. On dirait un petit monstre gris qui n’est pas du tout attirant.

Lorsque nous commençons tout changement, il y a toujours une période plus ou moins difficile d’ajustement à notre nouveau cadre. A ce moment-là, il faut vraiment pousser, car c’est une phase sombre où nous avons beaucoup de doutes sur notre projet, notre but. Nous quittons le confortable pour l’inconnu et seul un inconscient ne s’en inquiéterait pas.

Cette période de transition est nécessaire afin que nous nous ajustions à de nouvelles circonstances qui constitueront le socle de notre nouveau bien-être, après.

Alors, tout comme la chrysalide qui reste fermement attachée à la feuille qu’il pleuve ou qu’il vente, nous devons continuer à avancer, fermement collés à notre vision, notre objectif. Sachant ce qui viendra ensuite.

Une vie riche et bien vécue

Un jour, un matin, alors que chacun vaque à ses occupations, là-bas, au fond d’une forêt, sur la fine branche d’un arbre ordinaire, un petit “miracle” se produit. Comme surgi des entrailles d’un monstre antédiluvien, une petite tête et des antennes apparaissent, coupant l’enveloppe maintenant sans vie de la chrysalide.

Un papillon est en train de naitre à la vie.

Les débuts sont difficiles. Il lui faut s’extraire de sa gangue et, ensuite, attendre un moment afin que ses ailes, nouvellement déployées, sèchent sous le soleil bienfaiteur.

Nous aussi, nous sentons le but proche, l’objectif à portée de main. Mais ce n’est pas le moment de baisser les bras. Nous avons déjà tant accompli. Il ne faut pas se montrer impatient en voulant trop vite en terminer et bâcler les dernières étapes qui ruineraient l’ensemble du projet.

Prenons le temps.

Et puis lançons-nous pour l’envol final. 🙂

Un papillon n’hésite pas. Quand sa voilure est parfaitement sèche, il s’élance.

Il est fier de ses couleurs.

N’ayons pas honte de nos réussites. Ne soyons pas arrogants mais n’hésitons pas à en profiter, à en jouir. Après tout, nous avons travaillé dur pour en arriver là.

C’est vrai aussi que toute chenille ne devient pas papillon. Tout projet ne réussit pas du premier coup. Mais au moins, en tentant et en nous lançant, nous gardons en nous la force de l’existence, cette pulsion qui veut que tout change, tout se transforme. La vie en nous est bien présente, et dans notre quotidien stressé et surchargé, on aurait tendance parfois à l’oublier.

Le papillon virevolte, battant des ailes de toutes ses forces, petit joyau multicolore qui flotte dans l’air, magique.

Sa vie est courte, mais il en profite à chaque instant.

La nôtre est bien plus longue. En profitez-vous vraiment ?

(Photo : aloshbennett)

Commentaires

11 commentaires pour “Sortir de son cocon, pour avancer”
  1. Nicolas says:

    Il est 09h00, Marseille, déjà 30° C et la ville est en pleine ébullition. Bruit de camions sur le boulevard, motocyclettes qui répandent des trainées de bruit, commerçants qui ouvrent leurs boutiques. Les mouettes rieuses sont parti se coucher après avoir piaillé à l’aube.

    Ma journée sera-t-elle calme, se lassera-t-elle séduire par le vol du papillon ?

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Nicolas pour cette belle prose ! Je ne savais pas que tu pouvais écrire de belles choses comme ça. On en redemande ! 😀

    PS : Et puis oui, tu peux te laisser séduire par le papillon car c’est toi qui choisit tes pensées… 😉

  3. eskimo says:

    On a jamais vu une chenille faire la grève.
    “Ah non, là je ne la sens pas. Si ça ne vous dérange pas, je vais encore rester quelques temps dans mon cocon.”
    🙂

  4. Jean-Philippe says:

    Merci eskimo pour le commentaire ! Rester dans son cocon, tout un programme. 😉

  5. Ludo says:

    « Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l’appelle la naissance. »

    J’ai appris, il y a quelques jours, que lors de la transformation de la chenille se développent des cellules imaginales, qui seront les futures cellules du papillon. La résistance au changement est sévère chez la chenille : il a été montré que son système immunitaire combattait les cellules imaginales !
    L’inconfort semble donc faire partie du cycle normal du changement… Mais on a un sacré avantage sur la chenille : on sait ce qu’il y a après 😉

  6. Jean-Philippe says:

    Très intéressant ce que tu me racontes là Ludo, et très belle image ! En plus, ça me donne plein d’idées pour des histoires. Merci beaucoup. 😀

  7. ALAIN says:

    Comment est bien beau mais lorsque sa femme et malade les enfants font des études dans le privé je suis un ouvrier maison à payer se nai pas facile

    • Je comprends très bien Alain, vous avez des responsabilités et vous ne pouvez pas tout envoyer en l’air (sans jeu de mots avec le papillon). 😉

      A mon avis, la meilleur façon d’avancer, tout en assumant comme vous le faites courageusement votre situation, c’est de vous donner un petit ballon d’oxygène avec un mini projet qui vous tient à cœur, quelque chose qui vous libère l’esprit et vous permet de recharger vos batteries pour bien repartir. 🙂

      Un jour, votre épouse sera je l’espère en meilleure santé, vos enfants auront grandi et votre maison sera payée… rendez-vous vous compte ce sera déjà un sacré accomplissement, non ? 😉

      • Anna says:

        Ce billet est très vieux mais je tenais à ce que vous sachiez qu’il sert encore en 2020. J’ai appris hier qu’à 17 ans j’allais devoir quitter le cocon familial pour aller faire mes études dans une ville où je ne connais personne. Ces études en elles-mêmes, si bien sûr elles m’intéressent, m’angoissent terriblement parce que j’ai peur de ne pas être à la hauteur, de me tromper de parcours. Enfin bref, c’est sûrement le plus effrayant saut dans le vide que j’ai jamais fait. J’ai beau être optimiste il est impossible de faire taire mon angoisse ou même la tristesse de quitter ma famille et surtout ma sœur avec qui on est très proche. Votre billet m’a permis de prendre conscience qu’être vulnérable et avoir peur est normal et surtout fait parti du processus. Il est important je pense de s’en rendre compte afin d’être indulgent avec soi même et surtout de pouvoir travailler dessus.
        Merci donc pour le temps que vous avez pu passer à écrire ce texte qui a le mérite de sécher mes larmes et de me permettre d’enfin m’endormir.

        • Voilà Anna, vous avez tout compris ! Revenez voir votre commentaire dans un an et, j’en suis certain, vous sourirez avec tendresse en mesurant tout le chemin et tous les horizons que vous vous serez ouverts, entretemps. Bon vent ! 🙂

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