Le jour où vous êtes mort

Par le 25 February 2010
dans Vous êtes bloqués?

La vie et la mort en équilibre... parfait !

Parfois, lorsque l’on veut agir, bouger, changer, se lancer, on a beaucoup d’hésitations. On voudrait commencer au bon moment. Sous les meilleurs auspices. Avec la bénédiction des dieux. Si les vents sont favorables. Si on sort les bons chiffres. Si l’horoscope est de notre côté. Si le tarot tire les cartes de la chance. Si les lignes de notre main sont bien claires…

En attendant, le temps lui, il s’écoule, seconde après seconde. Il n’attend pas les signes positifs, les conditions parfaites. Il passe. Point.

Et vous ? Vous passez ou vous stagnez ?

Midi 20

J’ai déjà parlé de nombreuses fois de l’importance d’agir. De toutes les choses – illusoires – qui nous bloquent dans notre avancée. Je vous ai proposé des méthodes pour vous aider et je ne suis pas le seul à le faire. En fait, vous n’avez aucune excuse pour ne pas progresser. Et pourtant, vous n’avez toujours pas bougé bien que vous en ayez le désir profond.

Que faire dans ces cas-là ? Moi, je ne peux rien pour vous. Les autres non plus. De toute façon, le changement doit venir de vous sinon cela ne fonctionnera pas. Vous retournerez très vite à la trop confortable case départ.

Mais, il y a un cas où de nombreuses personnes finissent finalement par changer, en bien ou en pire d’ailleurs. C’est lorsqu’elles font face à l’idée de la mort. Le fait de comprendre dans sa chair que notre temps est limité semble transcender tout le monde. Bon, évidemment ce n’est pas ce que je vous souhaite, mais j’ai pensé qu‘il serait intéressant de prendre l’exemple d’autres personnes qui ont fait face à cette ultime situation.

J’ai donc choisi 3 exemples parmi de nombreux autres parce qu‘ils m’ont touché. Pour parer à toute critique sur la “morbidité” de cet article, je vous répondrai que oui, je parle de notre propre mort, pas de celle d’un proche. Oui je parle de mort mais pour mieux l’opposer à la vie, là où on peut vraiment agir. (Essayer d’atteindre vos buts quand vous ne serez plus de ce monde…)

La dernière leçon

Randy Pausch était un professeur de l’université Carnegie-Mellon aux États-Unis, marié et père de 3 jeunes enfants. Venant d’apprendre qu‘il était condamné par un cancer incurable contre lequel il se battait depuis un an et sachant qu‘il ne lui restait que quelques mois à vivre, il décida quand même d’offrir une ultime conférence.

Randy Pausch n’était âgé que de 46 ans. Qu‘auriez-vous fait à sa place ? Je ne me permettrai pas de juger votre réponse car, moi-même, je ne saurais pas comment je réagirais dans ces conditions mais le professeur étonna bien du monde par cette décision. Sa famille, ses collègues et ses anciens élèves qui assistèrent à cette conférence en 2007 furent encore plus étonnés par son contenu. Randy Pausch lança un véritable plaidoyer pour une vie joyeuse à la poursuite de ses rêves d’enfance.

Cette dernière conférence, qui heureusement fut filmée, vous pouvez la découvrir sur YouTube. Elle se propagea comme une trainée de poudre sur internet et notre professeur devint rapidement une célébrité en Amérique. Un journaliste du Wall Street Journal qui assistait à ce discours final écrivit un article et ensuite proposa au professeur de rédiger ensemble un livre sur les leçons offertes par Randy Pausch.

Ainsi, avant son décès, cet universitaire qui aurait pu se laisser sombrer dans le désespoir – comment lui en vouloir ? – décida d’aider les autres à bien vivre, alors même qu‘il savait sa fin proche. Écoutez-le ou lisez son livre et jugez par vous-même. J’ai visionné sa conférence, par chance, peu de temps après qu‘il l’eut donnée et elle m’a profondément marqué. Je garde toujours avec moi certaines de ses phrases chocs qu‘il continua à distiller jusqu’à son décès.

On ne bat pas la mort en vivant longtemps, on bat la mort en vivant pleinement.” – Randy Pausch.

Le génie au bout des doigts

Peut-être connaissez-vous le nom de Michel Petrucciani ? Je savais que c’était un grand pianiste de jazz qui était atteint d’une grave maladie osseuse, mais sans plus. C’est grâce à cet article d’Argancel du blog céclair que j’ai pu en découvrir plus sur ce jazzman hors pair et à la facon dont il avait décidé de vivre sa vie. Il savait qu‘elle serait courte mais il ne savait pas au juste quand elle s’achèverait.

Cela m’a donné envie de mieux le connaître, de l’écouter jouer, parler et vivre “sa” vie. Avec une épée de Damoclès au-dessus de votre tête, vous vous posez moins de questions.

Pour reprendre les mots d’Argancel à propos du pianiste au jeu ultra rapide : “Les gens qui l’ont côtoyé le décrivent comme un homme généreux, prêt à s’enflammer à tout moment, une boule d’énergie et d’humour tout à la fois. Michel [Petrucciani] savait que ses jours étaient comptés. Il ne perdait pas de temps.”

Pourquoi attendre alors ? Pourquoi repousser au lendemain ce que l’on a envie de tenter, d’accomplir. En travaillant d’arrache-pied, en étant passionné, la réussite nous attend peut-être, mais c’est surtout le fait de vivre complètement sa vie qui est le plus important, laissant ainsi un bel exemple aux autres.

Je ne crois pas au génie, seulement au dur travail.” – Michel Petrucciani.

Les mots pour le dire

Gabrielle Bouliane était une artiste américaine, spécialisée dans le slam, un genre qui se trouve à la croisée de la poésie et du rap et qui a été popularisé par Grand Corps Malade en France. Diagnostiquée avec un cancer incurable en novembre 2009, elle fit un dernier slam en public en décembre de la même année. Un mois après cette ultime prestation, elle décédait, entourée par sa famille.

Son message vidéo, est très court, il ne dure qu‘à peine 5 minutes. Mais quelles 300 secondes ! On ne peut rester insensible à son texte qui vous prend complètement à rebrousse-poil. Là, elle ne fait pas dans la dentelle. Chaque seconde est comptée ! Son message est donc très cru et direct.

C’est peut-être ce que coup de pied aux fesses qu‘il vous manque. Regardez sa vidéo, écoutez ses rimes. Sentez l’équilibre fragile entre la vie et la mort dans ses mots, dans sa voix, dans ses gestes. De quoi avoir envie de se lever immédiatement et de commencer, tout de suite, là, à vivre.

Vous m’entendez ? […] Ne gaspillez pas votre putain de précieux temps !” – Gabrielle Bouliane.

Midi 21

Peut-être que vous allez courir dans la pièce d’à côté pour serrer très fort un être cher en lui disant un mot gentil. Peut-être que vous allez finalement honorer la vie en commençant votre projet de créer une oeuvre d’art – dans le sens large du terme – . Un tableau, une poterie, un blog, un voyage, un dessin, une start up, un gâteau, quelque chose qui a un sens pour vous. Allez-y, tout de suite, le temps nous est compté !

Il faut célébrer la vie le plus possible en sortant de la routine qui nous rend insensible à la finesse et à la beauté de l’existence. Car c’est bien de cela qu‘il s’agit. A travers leurs exemples, Randy Pausch, Michel Petrucciani et Gabrielle Beauliane nous montrent comment respecter la vie. On peut leur faire confiance, ils en connaissent la réelle valeur. Pourquoi ne pas les écouter ?

Nos blocages, nos hésitations, nos peurs ne doivent pas nous stopper. La mort viendra tous et toutes nous cueillir, un jour. Notre avantage, si s’en est vraiment un, c’est que nous ne savons pas quand cela se produira. Profitons-en !

Le philosophe grec Epicure avait une façon très simple, et je trouve, très intelligente de voir la fin de l’existence. En gros, il disait : “La mort, il n’y a pas à s’en inquiéter. Tant qu‘on est en vie, elle n’existe pas et quand on est mort, on n’est plus là pour s’en inquiéter.”

Vous êtes en vie. Vous êtes là.

Aujourd‘hui est peut-être le jour où vous êtes né.

(Photo : notsogoodphotography)

Commentaires

77 commentaires pour “Le jour où vous êtes mort”
  1. isabelle says:

    Bonjour à toutes et tous,

    J’ai cherché à mettre fin à mes jours le 11 mai dernier. 19 jours d’hospitalisation et une vie complètement éclatée, car je suis morte à moi même ce jour là.
    J’avais choisi après des mois de réflexion. Personne n’a à jugé et moi à justifier.
    J’aime à croire qu’il y aura un avant et un après et que ce désespoir s’ouvrira à un véritable révolution personnelle, même si déjà de longues années de travail perso derrière moi.
    Un jour la vie, l’envie peu vous quitter totalement pour laisser un gouffre, un vide, un néant tel que la seule solution semble, le suicide.

  2. Jean-Philippe says:

    Merci Isabelle pour votre courageux commentaire.

    Comme je le dis souvent, une révolution personnelle ça peut se commencer à n’importe quel moment, à n’importe quel âge, à n’importe quel niveau. Il n’y a pas besoin de diplômes ou de tampons spéciaux. Personne ne donne un “top départ” comme personne ne peut nous stopper. On commence où on est et on acquiert ses propres victoires, petit à petit. 🙂

    Alors maintenant, dans quel direction voulez-vous aller ?

  3. kinthia says:

    Bonjour !
    J’ai vu la vidéo sur you tube de Randy Pausch, mais j’avoue mes défaillances en Anglais … N’y a-t-il pas la version en Français ?
    J’espère ne pas faire répéter quelqu’un …
    En tout cas que de courage !

    J’ai mis votre site en favori, il y a beaucoup à lire et c’est très intéressant. Alors merci !

  4. Jean-Philippe says:

    Désolé kinthia, mais cette vidéo n’existe pas, à ma connaissance, en sous-titrage français. Merci pour la mise en favoris. 🙂

  5. Alberr says:

    Bravo pour tous. les témoignages de vie et même de non-vie cherchant la vie..
    L’autre jour au supermarché, je faisais la queue,3 personnes devant moi, j’étais pressé, ça semblait bouchonner un poil, je regarde, et je vois une dame, la trentaine, rmplissant son chariot et payant avec sa carte, son enfant (2-3 ans) assis dans le caddy..
    jusque là, rien ‘extraordinaire, mais cette dame se démenait avec un corps difforme et 2 doigts au bout de chaque main, du coup, j’ai eu honte de mon exaspération et je n’était plus pressé..!

  6. Alberr says:

    Suite
    ..comme quoi la pensée peut vite changer, mais la réalité est toujours la même!
    Une personne ou une condition peut nous rendre très heureux ou malheureux en peu de temps.
    Rien n’est bon ou mauvais, c’est notre pensée qui le rend bon ou mauvais!

  7. Jean-Philippe says:

    @LoX Merci pour le lien !

    @Alberr Je te remercie pour ce partage de ton expérience ! Les caisses des supermarchés sont un endroit excellent pour travailler sur ça. Tu peux y examiner tes pensées, les voir surgir alors que la caissière n’arrive pas à scanner un produit et doit appeler du renfort, les sentir danser autour de toi pendant que la cliente proteste sur le prix et demande une vérification d’étiquette.

    Pas besoin d’aller voir un psy, passons à la caisse ! (Un peu facile comme jeu de mot…) 😀

    PS : Merci Alberr, tu viens de me donner une idée d’article. 😉

  8. Robbe says:

    j’étais morte plusieurs fois. Et je me suis relevée car j’avais envie de vivre malgré mes drames.

  9. Alberr says:

    Ne rencontrons-nous pas la vie quand nous prenons conscience de nos pensées sans les juger et que nous ressentons la futilité et l’inutilité de la plupart de celles-ci?
    Eckhart Tolle disait que la seule chose que nous vivons est le moment présent, le passé étant terminé,sans possibilité de le changer, et que le futur n’existe pas, quand il arrive, c’est le moment présent!
    Les choses, évènement peuvent être exceptionnelles ou excécrables après être passées par notre jugement, mais sans jugement, elles sont juste ce qu’elles sont!

    • Merci Alberr pour ton commentaire ! (Je vois que cet article t’inspire.)

      J’ai beaucoup lu Eckart Tolle dans les années 90 et il m’a aidé à forger cette pensée simple et “non-encombrée”. Mais, forger est une chose, le vivre à 100% en est une autre. 😉

      • Alberr says:

        Absolument, comme il disait, le principal est de prendre conscience de nos pensées sans les empêcher et de les voir comme .. des pensées. D’ailleurs, suivant notre humeur, elles produisent des effets fort différents, ne nous identifions donc pas à nos pensées, mais ressentons ce qu’il y a derrière nos pensées et celles des autres, ce qui fait l’essence de l’être humain..

  10. hans georg says:

    Que des évidences on n’apprends strictement rien que des mots creux creux vides rien . Quand on a des énormes blocage vos conseils ne font que culpabiliser les plus fragiles. Vous êtes mortels donc profitez de la vie, car on peut mourir jeune . Vous pensez que ces pensées simplistes font avancer ?

    • Merci hans georg pour votre commentaire. Je n’ai vraiment pas la prétention d’être un grand penseur (vous l’avez bien vu !) et de vouloir faire “avancer” le monde. Ce que je partage dans mes articles, c’est simplement mon ressenti, simpliste peut-être, mais en tout cas sincère. Si cela peut aider certaines personnes j’en suis très heureux et c’est pour cela que j’écris (articles et fictions). 🙂

      Je suis désolé de ne pas avoir pu vous aider et je vous recommande de faire votre recherche vers des auteurs plus “pros” que moi. Ensuite, n’hésitez pas à revenir ici partager vos découvertes pour qu’elles profitent au plus grand nombre. 😉

      • Alberr says:

        Les mots ne sont que des mots, creux pour certains, mais c’est plutôt ce qu’il y a derrière, le ressenti, ce qui nous donne à méditer avec notre coeur et non avec notre tête (qui juge tout!)
        , car les mots ne peuvent que très maladroitement traduire l’émotion ressentie face à la beauté d’un paysage, d’une peinture ou d’un concert..
        La vie est bien au-delà des mots..

  11. Isaac Frelon says:

    Je suis impressionné par votre travail, tant de mots de qualité qui plus est. Je suis jaloux. Génial cet article.

    • Merci beaucoup Isaac ! Pas de jalousie s’il te plait, je viens de lire ton blog et j’y vois une plume vive, agile et acérée (frelonesque ?). Voilà un début de blog prometteur que je vais suivre de près. A toi de tenir la distance… si tu le veux. 😉

  12. Isaac Frelon says:

    Merci sincèrement je suis flatté ! Je vais tout faire pour tenir la distance en tout cas.

  13. MarinaB says:

    bonsoir à toutes et à tous ,

    j’enchaîne ce soir sur cet excellent article.
    j’aime le fait que tu te sois lancé sur ce sujet que peu de gens aborde finalement d’une manière instructive.
    C’est un sujet qui me tient à coeur..
    j’ai commencé à écrire aujourd’hui sur
    Comment la mort s’avère être La meilleure alliée qui soit afin d’apprendre à vivre plus intelligemment…. ET Qu’inversement , en vivant pleinement , nous avons aussi nos petites morts que nous savons traverser sereinement , celles à nos habitudes , à nos limites, à notre passé , à nos objets et à nos illusions… ainsi apprendre à vivre , c’est aussi apprendre à mourir…

    dans le fond , c’est elle , la mort qui me réconcilie le mieux avec la vie..

    merci Jean Philippe. Je suis très contente de t’avoir rencontré de façon bien virtuelle certes mais en donnant le meilleur de nous mêmes, on peut se toucher..;;; Marie-Antoinette

    • Houla, c’est très joli ce que tu dis Marie-Antoinette ! Et je suis tout à fait de ton avis. Alors, continue à écrire sur ce sujet et partage ensuite avec nous. 🙂

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