Les restrictions sont une bénédiction

Par le 11 January 2010
dans Vous êtes bloqués?

Où va-t-il comme ça ? Il s'appelle Santiago...

J’aurai presque pu dire “amen !” après un titre comme ça. Non sérieusement, serais-je devenu un adepte d’une secte mystérieuse qui encourage la pratique du moins ? En fait, ça dépend de ce que vous appelez le moins. Les tendances actuelles vers la simplicité, le minimalisme (lien en anglais) ou la décroissance ne sont pas surprenantes. Nous vivons dans une société (celle des pays riches) où nous avons trop. Beaucoup trop. Les conséquences en sont catastrophiques pour la santé, la vie personnelle et même le travail. Alors, en quoi les restrictions peuvent-elles nous aider à atteindre nos buts ou à changer notre existence par petites touches ?

État des lieux du trop plein

Regardez chez vous. Vous avez sans doute des placards trop pleins, un garage ou une cave regorgeant de cartons, des tiroirs remplis à ras bords de choses que vous utilisez rarement. Vous avez de multiples choix lorsque vous voulez aller au restaurant, vous pouvez choisir de nombreuses destinations lorsque vous prenez quelques jours de vacances. Au travail, vous possédez sans doute de multiples outils pour vous aider et vous travaillez sur plusieurs dossiers à la fois, tout en répondant aux emails et à twitter.

Cela à de quoi donner le tournis. Le fait d’avoir de nombreuses options fait que sans doute vous hésitez. Par exemple au travail, avant de prendre une décision, vous avez la possibilité de consulter de nombreuses sources. Vous reportez même votre décision car vous hésitez entre les différentes options possibles. Que faire ? Réunir encore une fois votre équipe pour écouter leur idées et en ajouter de nouvelles à votre éventail de décisions ?

Les enfants, eux aussi ne sont pas épargnés. Ils sont maintenant couverts de jouets. Je sais que ça part d’un bon principe mais au-delà d’un certain nombre, un petit garçon ou une petite fille va être noyé sous la masse et, quelque soit celui qu’il ou elle choisira pour jouer, sa satisfaction sera quelque peu diluée dans l’océan des possibilités ludiques. Devenu ado, il ou elle ne comprendra pas la valeur d’un objet ou d’un cadeau, pensant que tout lui est dû.

Pour l’internet c’est la même chose. Nous avons trop de choix, trop d’options. Nous pouvons passer une journée entière en surfant les news people, en jouant, en nous instruisant, sans nous concentrer sur les choses importantes à accomplir. Je le sais bien car il m’arrive souvent d’être fasciné par wikipédia. Les heures passent ainsi très vite!

Des restrictions salutaires

D’un autre côté nous trouvons le moyen de nous plaindre en disant “je n’ai pas assez de…” (à vous de remplir.) D’argent ? D’amour ? D’amis ? D’énergie ? De vacances ? De tout ? On se retrouve tous dans ces différentes catégories. Pourtant, comme le titre de l’article l’indique, ce sont ceux à qui il manque quelque chose qui sont le plus chanceux. Ceux qui ont le moins d’options. Ce sont eux qui ont le plus de chance d’avancer et de faire de grands progrès.

Bien sûr, je parle ici de ceux qui ont leur besoins de base comblés. De ceux qui mangent à leur faim et qui ont un toit sur la tête. De ceux qui ont reçu une éducation et sont libres d’exprimer leurs opinions. En gros, c’est vous et moi. Au-delà de ces simples conditions, plus vous allez accumuler et plus vous perdrez contact avec la réalité.

En effet, si vous avez moins de choix, vous allez prendre votre décision plus vite et vous allez avancer. Si vous n’avez que deux options pour régler une situation, il est clair que vous n’allez pas passer autant de temps à réfléchir que si vous en aviez 10. De plus, en choisissant rapidement, vous créez un mouvement en avant, un changement, donc automatiquement d’autres choix qui seront peut-être bien plus intéressants que ceux de l’autre personne qui est toujours dubitative devant ses 10 options.

Autodidacte

Le bienfait de ces restrictions va bien plus loin. Vous pensez peut-être que vous n’êtes pas assez talentueux pour poursuivre cette voie qui vous tente. Ah bon ? Qu’est-ce que vous en savez ? Peut-être que vous n’avez pas toutes les compétences nécessaires mais si vous êtes intéressé(e) par ce que vous faites vous allez apprendre tout en travaillant sur votre idée.

C’est comme les diplômés. C’est bien si vous l’êtes. Mais si vous n’avez pas le diplôme requis pour poursuivre une possibilité, vous pouvez toujours vous lancer. Sauf dans certains secteurs où le savoir pur est lié à la fonction, vous pouvez très souvent vous perfectionner tout en avançant. Apprendre sur le tas. C’est le cas dans le commerce où il n’y a pas besoin d’avoir un diplôme pour réussir à faire décoller son entreprise.

Si vous n’avez pas “le” diplôme requis, vous allez sans doute travailler encore plus pour prouver votre valeur. Ceux qui sont diplômés, souvent, s’endorment sur leurs lauriers. Après tout, “ils” sont qualifiés. Ils ne se remettent pas en question et donc perdent très rapidement leur efficacité.

Quelque soit votre situation, dites-vous bien que c’est la meilleure qui existe pour vous. Ne pensez pas “Ah, si seulement j’avais plus de choix !” Que vous commenciez bas ou très-très-très bas, ça ne change rien. C’est même meilleur pour vous. Votre soif d’apprendre et  de réussir feront le reste. Vous assimilerez très vite certaines notions en faisant au tout début, les erreurs à ne pas commettre plus tard. Et puis, en cours de chemin, vous apprendrez constamment.

Alors vous n’avez pas d’excuses. Les conditions ne seront jamais parfaites. Le monde a besoin de vos talents maintenant ! Lancez-vous. Faites un choix. Prenez la pilule bleue ou la pilule rouge mais choisissez, vite. Prendre une option c’est progresser. Même si ce n’est pas la meilleure de toutes, ce sera quand même la meilleure au moment où vous la choisirez. 🙂

(Photo : Hamed Saber)

Commentaires

18 commentaires pour “Les restrictions sont une bénédiction”
  1. Thomas says:

    Encore un super article !

    Merci Jean-Philippe !

    ps : encore réveillé depuis 5h00… 🙂

  2. Jean-Philippe says:

    Bravo Thomas ! et merci pour le compliment. Bonne journée. 😉

  3. laurynn says:

    Excellent article !!! Depuis quelques temps je m’interresse de plus en plus au minimalisme … je l’ai vraiment découvert en lisant le livre l’art de la simplicité qui m’a vraiment fait prendre conscience que plus on possède plus on est pauvre intérieurement !! C’est difficile à accepter car depuis toujours on nous rabache qu’il faut avoir tel ou tel truc pour avoir vraiment réussi. Mais comme vous je pense que la solution est ailleurs j’ai d’ailleurs commencé il ya peu à faire le tri chez moi et j’ai été surprise de trouver autant de choses entassées et qui en plus ne servent jamais. Et je me sens mieux, plus libre !!
    Merci encore pour cet article qui m’encourage à continuer dans cette voie.

  4. Jean-Philippe says:

    Merci laurynn !

    J’ai aussi lu le livre de Dominique Loreau, L’art de la simplicité et même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle propose, je pense que c’est une excellente lecture pour tout le monde. Vivant comme elle au Japon, nous sommes influencés par cette culture ancestrale nippone minimaliste et esthétique.

    Et bravo pour ce premier pas ! Le tri matériel précède souvent le tri que l’on fait dans sa vie. 🙂

  5. Rémy says:

    Il est vrai qu’on passe notre temps à ce plaindre, j’ai eu une période comme celle-ci d’ailleurs.
    Plus on a, moins on est content? c’est fou !

  6. bretagne says:

    Eh bien moi je manque de TEMPS et pas question de m’expliquer comment l’organiser !!!(car il m’en manquera toujours )
    Bonne et heureuse année

  7. Nathalie says:

    Je vais faire en sorte de minimiser mes options, ça va pas être simple ! 😉
    Grazie et buona notte. 🙂

  8. Jean-Philippe says:

    @Rémy Oui, on passe tous et toutes par cette période. Le tout c’est de s’en rendre compte (pas toujours facile) et de la stopper. Ce que tu as fait je pense. 😉

    @bretagne Merci pour les voeux ! Il est évident que le temps vous manquera toujours… puisque vous le prophétisez vous-même. 😉 Mais je vous assure qu’il est possible de dégager du temps libre, pour faire des choses qui nous tiennent à coeur. 🙂

    @Nathalie Au début, le minimalisme est un art difficile, surtout lorsque, comme toi et moi, on a été habitué à une certaine abondance. Tout doucement, tu peux supprimer des choses inutiles, comme par exemple celles que tu n’utilises plus depuis des années et que tu gardes juste par sentimentalité. 😉

  9. aphil says:

    Bonjour ou bonsoir. Merci pour la réponse a mon commentaire. Hé oui je continue a alimenter mon blog, cette grande aventure…. lol
    D’ailleurs, un nouvel article : http://petiteterre.wordpress.com/
    années 60, 70, 80 et ensuite je sais plus ????
    Bonne soirée et lecture
    Phil

  10. Jean-Philippe says:

    @Stan Toi, tu as été enfant de choeur!

    @aphil Merci pour la mise à jour. 😉

  11. Nicolas says:

    Bravo pour cet article. PS: J’ai commencé à simplifier ma vie en me débarassant de ma télé, et en boycottant les informations. Je pense en effet que les informations que nous faisons entrer dans notre esprit ont un énorme impact sur notre réalité et sur nos pensées d’une manière générale.
    Il y a ainsi énormément de stimulis parasites qui nous détournent de notre attention, et de nos buts à réaliser, qui nous éloignent de la véritable expérience humaine. Simplifier sa vie, c’est l’enrichir considérablement. C’est remettre en route des processus créatifs trop longtemps bridés par une vie consacrée au divertissement (je pense notemment aux cartes de cinéma illimités qui ont fait de nous des spectateurs passifs au lieu d’acteurs profondément engagés dans la Vie) et aux loisirs passifs.
    Il est temps que tout cela disparaisse ou du moins soit réduit au strict nécessaire. Il faut réapprendre à faire la différence entre désir et besoin.

  12. Isabelle says:

    Bonjour à toutes et tous,

    Comme souvent l’article fait “mouche”.
    Je veux simplement partager avec vous le plaisir de mon bonheur tout neuf…
    En fin de droit Assedic, sans emploi depuis 8 mois….me voici amoureuse!
    Pas prévu au film, dans une recherche d’emploi, non ! le cadeau de la vie.
    Qui m’aide à faire mes choix, à affirmer, ce que pendant des années, j’ai simplement refusé. 48 ans pour en arriver à cet état de conscience, lié il est vrai à une histoire de vie particulière. Mais la saveur de ce que je “découvre” comme pour la première fois, valait le coup d’attendre.
    Belle journée Amis (es) du monde. Isabelle

  13. Jean-Philippe says:

    Félicitations Isabelle ! Tout ça va faciliter ta recherche d’emploi, te redonner une énergie nouvelle. Du haut de tes 48 ans, tu peux vivre pleinement cet imprévu comme il se doit. C’est une belle histoire qui commence… 😉

  14. Fab says:

    Toujours un plaisir de lire tes articles !
    Je n’ai plus de télé, je n’achète que ce dont j’ai besoin, et j’accorde plus de temps à ma famille, mes amis, mes loisirs, mes voyages !
    Et je vais essayer de partir au canada cet été avec un sac minuscule pour voir si je m’en sors, challenge perso 🙂

    @Isabelle : Ca fait plaisir à lire, et puis tout est plus facile quand on est deux à faire face aux problèmes de la vie !

  15. Jean-Philippe says:

    Merci Fab ! Ah, super cette aventure au Canada, ça va être quelque chose, du pur nomade digital. 😉

  16. Apisabehla says:

    Merci Jean-Philippe pour ce billet fort à propos et puisque nous sommes sous influence tintinième en France en ce moment, je dirai même plus à savoir voir autrement les restrictions. Je suis créatrice de possibles et je me suis rendue compte que les restrictions étaient un bon moyen de trouver d’autres possibles car elles nous obligent à découvrir d’autres manières d’imaginer de faire les choses. Derrière restriction, j’inclus aussi les significations suivantes : limitations, contraintes…Et si nous apprenions à aimer les contraintes et à les voir comme un moyen de faire preuve d’imagination ? de modifier notre regard sur les choses, la vie, les autres…un moyen de redécouvrir des essentiels aussi, de faire de véritables choix, de prendre le temps (eh oui il ne faut pas oublier les plus importantes limitations celles liées à la vitesse !). Voilà ce que m’a inspiré ton billet ce matin 🙂

  17. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Apisabehla ! 🙂

    Quelle est la signification du mot “tintinième” ?

    En tout cas, c’est un beau métier que celui de créatrice de possibles ! Tu dois donc connaitre, je pense, le superbe livre de Benjamin Zander (un grand chef d’orchestre) L’univers de la possibilité ? Si non, je te le recommande chaudement pour ajouter d’autres éléments à tes connaissances. 😉

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