Le temps des semailles

Par le 23 November 2009
dans Apprenti philosophe

Ils sont pas beaux ces quadrupèdes pleins de vitalité. On a presque l'impression qu'ils vont bouger !

L’Homme fluide génère des réactions passionnées et je trouve ça formidable ! Merci à tous ceux et à toutes celles qui font l’effort de partager leur point de vue dans les commentaires ou de manière plus privée. Je m’avoue surpris par l’intensité plutôt positive de ces messages. Ceci dit, certains d’entre vous restent sceptiques quand à cette possibilité.

Et je les en remercie.

L’automne

Tel le cultivateur qui bénit la pluie d’une fin d’été, je leur dit merci pour leur sincérité qui, comme l’eau nourrit les récoltes, nous permet d’enrichir cette conversation.

Je suis d’accord avec ceux et celles qui affirment que nous ne sommes pas encore des Hommes fluides. Mais le seul fait, de placer cette fluidité comme une possibilité dans le futur montre que la porte est entrouverte, même pour ceux qui ont des doutes. Cette ouverture stimule ma détermination.

Comme je l’ai dit dans l’article et comme je le répéterai souvent, ce potentiel est en nous. Nous avons cette immense chance de pouvoir redéfinir dès maintenant la signification de l’expression “être humain” pour plusieurs générations. En effet, une saison de l’histoire des hommes est en train de s’achever. Un nouveau soleil va se lever et c’est à nous de préparer la terre nourricière. Resterons-nous là les bras croisés, face à cette jachère ? Non, je pense que nous valons mieux que ça ! Nous prenons conscience, par l’intermédiaire des nouveaux outils technologiques, de notre pouvoir. Pour la première fois dans notre Histoire, nous avons la possibilité de peser lourdement sur la direction que l’humanité va prendre. Nous travaillons pour un futur que nous ne verrons sans doute pas mais dans lequel nos enfants, eux, vivront. Que voulons-nous leur léguer ?

L’hiver

Ceux et celles qui se sont enthousiasmés pour les Hommes fluides me prouvent que le désir est là, prêt à éclore. Nombreux sont ceux qui veulent, en faisant leur révolution personnelle, briser le carcan dans lequel ils sont maintenus et, découvrir de nouvelles voies où ils contrôleront mieux leur destinée. Certains ont même déjà franchi le pas et sont partis en avant-garde.

Ceux qui hésitent, je les comprends aussi. Ils sont là, face au grand champ de l’Histoire humaine qu’ils n’osent fouler. Pourtant, sans doute qu’au fond d’eux mêmes, ils voudraient aussi le parcourir, y laisser leurs empreintes, leur idées et, ainsi participer au grand redécoupage de notre société. La disparition de l’ère industrielle, qui s’efface pour laisser la place à une l’ère de la connaissance, leur offre, nous offre, cette possibilité.

Alors cela fait un peu peur. Qui sommes-nous pour vouloir débroussailler les prairies sociales qui définiront nos communautés du futur ? Comment osons-nous envahir et redéfinir ce qui, habituellement, était du domaine réservé des bureaucrates ?

Nous sommes juste des êtres humains et nous prenons conscience de notre pouvoir. Si, ici et maintenant, nous commençons à défricher notre pré, chacun à notre niveau, rien ne sera plus comme avant. Si là, tout de suite, nous suivons notre sillon – nos idées -, nous allons redéfinir les principes du bien-être.

Le printemps

Commençons dès maintenant à labourer notre terre sociale et nous avons la possibilité d’y laisser notre empreinte numérique quasi éternelle. Car, nous qui créons de l’écrit, de l’audio ou de la vidéo, n’oublions pas que ces témoignages resteront probablement gravés à jamais sur des supports rendus indestructibles par le progrès.

Quand je lis de passionnants billets sur toutes sortes de sujets, je pense aux futures générations. Tous nos blogs, sauf accident, nous survivront très longtemps. Presque une éternité. Pensez bien que dans un distant futur, un ou une de vos descendants ou une personne totalement anonyme pourra lire et assimiler ce que vous aurez partagé à travers une vidéo ou un billet. Grâce à votre travail, toutes ces connaissances seront à portée de touche numérique.

Pensez-vous que ces lointains descendants n’auront pas de respect pour nous ? Pensez-vous qu’ils ne salueront pas notre travail ? Pensez-vous qu’il ne seront pas émerveillés par ces vaillants pionniers qui, à une époque lointaine et primitive – la nôtre – auront jeté les premières bases d’une nouvelle société ?

L’été

Il y a environ 15000 ans, un groupe d’hommes a fait face au même choix. Pris dans le tourbillon d’un changement, d’une idée naissante, ils n’ont pas hésité, ils se sont projetés dans le futur. Et pourtant, ils luttaient pour survivre dans un monde farouche et impitoyable. Un jour, ils ont pris conscience d’un changement, ils ont senti qu’ils avaient un message à faire passer. Ils ont utilisé les techniques les plus avancées qu’ils connaissaient pour tracer leur message pour l’éternité. Le hasard a fait le reste et aujourd’hui nous pouvons toujours consulter ces magnifiques courbes qui donnent vie à un passé figé, presque éternel. Il nous nourrit et nous donne à réfléchir.

Avez-vous pris le temps de regarder en détail les merveilleux dessins de la grotte de Lascaux ? Avez-vous noté la précision des traits ? La vie sauvage qui jaillit sous l’habileté de ces artistes anonymes communiquant avec nous, au-delà du temps ?

Et qu’est-ce qu’ils nous disent ces aurochs qui galopent, ces chevaux qui bondissent, ces petits cerfs qui s’enfuient ? Ils nous disent que la beauté existe partout et de tout temps. Elle est simplement dans l’oeil de celui ou de celle qui la crée. Elle est dans la patte d’un animal tendu dans l’effort. Elle est dans la corne pointue esquissée sur la paroi sèche. Elle est dans le geste beau et simple qui embellit l’oeil d’une femme. Elle est dans les quelques lignes touchantes d’un billet. Elle est dans l’authenticité d’un témoignage sur un blog.

Quand les hommes de Lascaux sont devenus les premiers artistes connus de l’Histoire, ils ne savaient pas qu’ils lançaient un mouvement qui deviendrait partie intégrante de ce que nous sommes. Quelqu’un dans leur groupe aurait pu les empêcher de gaspiller leur temps à mélanger des pigments et à tracer ces lignes dans des caves sombres, difficiles d’accès, qu’il fallait constamment éclairer à la torche. Chasser, nourrir le groupe, voilà qui était plus important. Pourtant l’évidence est là, des dizaines de milliers d’années après, comme sortie du disque dur de l’Histoire.

Ne minimisons pas l’importance de ce que tous et toutes nous faisons avec passion face à la routine quotidienne. Devant l’éternité, un modeste blog, une envie de changer de carrière, un besoin de peindre, un rêve d’être auto-entrepreneur, un désir de photographier peuvent paraître bien dérisoires. Mais toutes ces belles expressions bien humaines sont de petites graines dont nous ensemençons les terres du futur.

Et ce sont nos enfants, les Hommes fluides, qui en récolteront les fruits.

(Photo: Prof saxx)

Commentaires

7 commentaires pour “Le temps des semailles”
  1. Olivier says:

    Texte magnifique ! Le style est au top ! Ghandi disait que le bonheur est dans les yeux de celui qui regarde. Il avait raison. Nous regardons l’évolution de ton blog, apprécions sa fluidité, et nous constatons que nous sommes heureux !

    Olivier. Sempre Vivu.

  2. Jean-Philippe says:

    Merci Olivier pour le beau compliment! 🙂

  3. cobaye007 says:

    Quand tu parles de fluidité, j’imagine l’homme comme un fleuve.
    Puissant, tumultueux, dangereux, mais aussi calme et majestueux.
    Qui peut aussi bien détruire, qu’irriguer.
    Qui apporte la vie tout comme il charrie les déchets.

    A nous de définir quel fleuve nous voulons être.
    Merci au passage à la référence à mon blog :o)

  4. Jean-Philippe says:

    Merci cobaye007 pour cette belle image!

    C’est une autre façon d’imaginer l’Homme fluide et c’est très bien car, plus nous apportons des images claires pour symboliser ce qui est en train de se produire dans notre société, plus nombreux seront les internautes conscients de leur pouvoir. 🙂

  5. Marie Ben says:

    Soyons fluides…avant d’être gazeux 🙂

  6. Jean-Philippe says:

    C’est notre destin final. 😉 Merci Marie!

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