Notre plus grande richesse

Par le 31 August 2009
dans Solutions simples

Un exemple d'écriture sumérien. Même sur les bras!

Récemment je bavardais avec un ingénieur d’une grande entreprise japonaise qui se trouve diriger le département des ventes. Il rencontre beaucoup de succès avec son équipe car il est très imaginatif et arrive à créer des histoires intéressantes pour chaque produit qu’il met sur le marché.

A un moment, pendant notre conversation, il m’a indiqué que souvent, pris dans le tourbillon de sa journée de travail, il lui arrivait d’oublier les idées qui lui venaient à l’esprit. Là, je l’ai carrément stoppé d’un tranchant “comment ça, vous oubliez vos idées?”. Surpris par mon emportement, il n’a pas tout de suite compris les raisons de ma réaction passionnée. Après tout, nous sommes au Japon, le pays du zen. Et pourtant.

Une longue histoire

Si nous en sommes arrivés à nous développer en temps qu’espèce, il y a plusieurs raisons. Incluez les gènes, le climat, la chance, etc… mais l’une des singularités de l’être humain est de pouvoir écrire. Depuis que l’écriture s’est développée, il y a environ 5000 ans, entre autre chez les Sumériens de Mésopotamie (Irak), on a vu le rythme de notre évolution s’accélérer. Le fait de pouvoir écrire permet de passer tout le savoir de l’humanité à la génération suivante avec facilité. A condition qu’ils veuillent bien ouvrir les livres 😉

Cet acte d’écrire est tout aussi important au niveau individuel. Même pour une simple liste. Bon, dans le futur, personne ne sera intéressé par le fait que j’aie acheté 1 pain rond, 2 litres de lait et 3 boites de natto au supermarché local, mais pour moi c’est important. Si nous ne pouvions pas faire une liste de nos courses, nous aurions à la mémoriser. Il est probable que nous aurions développé une mémoire bien meilleure, mais néanmoins qui dit mémoriser dit moins de place dans le cerveau pour d’autres introspections. C’est pour ça que je me suis un peu emporté avec mon ingénieur.

Le pouvoir des petites notes

Dès que c’est écrit, d’une part vous ne pouvez plus oublier cette idée et ensuite vous libérez des neurones! Ils peuvent être alors réutilisés à des tâches très importantes comme jouer à la PSP ou au solitaire sur votre portable. Qui sait? Peut-être même qu’une autre idée va surgir et, si votre mémoire était déjà encombrée par 3 ou 4 petites intuitions, vous allez évidemment en perdre quelques unes. Parmi celles que vous perdrez se trouve peut-être un concept intéressant qui pourrait vous faire avancer dans la vie, dans votre art ou dans votre travail.

L’une des clefs de la créativité c’est donc d’écrire toutes ses idées sur papier. Plus vous en écrivez, plus il vous en viendra. C’est comme un muscle que vous entraînez. A mon avis, c’est même notre principale richesse, notre trésor secret, qui a bien plus de valeur que tout l’argent que vous avez sur votre compte d’épargne. Une idée, c’est sans prix. Une idée c’est le lancement d’une aventure. Le début d’une collaboration. la solution à un problème. La rime parfaite d’un élégant poème.

C’est une avancée. Un progrès.

Bousculer Darwin

Mais, est-ce que le fait d’écrire toutes ces idées dès qu’elles viennent à l’esprit ne dilue pas leur pouvoir? Ne serait-il pas mieux de laisser la nature, c’est-à-dire notre capacité à les garder en mémoire, faire son travail? Si on oublie une idée qu’on a eu sous la douche le matin, c’est peut-être qu’elle n’était pas si bonne. C’est la sélection naturelle.

Une étude scientifique a montré que les plus grands inventeurs ou chercheurs de l’histoire étaient ceux qui avaient déposé le plus de brevets au cours de leur carrière. Ils produisaient beaucoup de déchets mais dans la masse, il y avait aussi de brillants concepts qui leur avaient valu le prix Nobel ou d’autres récompenses prestigieuses.

Donc pour avoir d’excellentes idées, il faut en produire beaucoup. Ça parait logique. Aux fléchettes, si vous en lancez 50 sur la cible, vous avez plus de chances d’atteindre le centre que si vous en lancez 3. Alors, les mollassons du cerveau, au travail! Ouvrez les vannes et écrivez toutes les idées qui vous viennent pour des articles, des histoires, des mélodies, des scénarios, des designs, de nouveaux concepts, de nouveaux mixes, les lieux des prochaines vacances, etc…

Et ne me dites pas que vous n’êtes pas créatif. Nous avons tous de l’imagination. Simplement, peut-être qu’à un moment de votre vie, quelqu’un, avec condescendance, vous a affirmé le contraire. Alors je vous rassure, c’est faux. Ar-chi-faux. Bon, voila votre thérapie est terminée. Maintenant vous pouvez aller entraîner votre muscle cérébral et commencer à écrire vos idées, sans les juger. Vous verrez votre production augmenter semaine après semaine.

Les outils de la richesse

Dès que j’ai une idée, même si je la trouve stupide (ce qui est très souvent rare) je la note tout de suite. Je l’écris dans un calepin qui est toujours dans mon sac ou alors je me l’envoie par mail. Il m’arrive aussi de me laisser un message vocal, ce qui est encore plus rapide. Au pire, un mot ou deux sur la main feront l’affaire. Et vous, quels sont vos trucs pour ne pas oublier vos idées?

Enfin quand je me trouve dans une situation ou je ne peux pas utiliser une des solutions que je viens de citer, je me laisse un signe codé qui me rappellera cette idée. Par exemple, je suis au restaurant et j’écoute mon interlocuteur et je m’ennuie et je pense à autre chose et soudain, une idée étonnante jaillit dans mon esprit. Discrètement j’espère, je prends une serviette en papier sur la table, je la roule en boule et la glisse dans ma poche. Quand je la retrouverai plus tard, je n’aurai aucun problème à me rappeler le pourquoi de sa présence.

Le tout est d’être le premier à vider ses poches. J’ai quand même prévenu Takako que toutes les serviettes en papier exhumées de mes poches étaient importantes et devaient être traitées avec respect. De véritables trésors!

Ce qui lui a fait remarquer un jour en préparant la lessive: “Eh bien tu as eu beaucoup d’idées hier!”

Ce à quoi j’ai répondu: “euh, non là j’étais enrhumé.” 😉

(Photo: eDave Pitman)

Commentaires

2 commentaires pour “Notre plus grande richesse”
  1. pour ne plus rien oublier, vous pouvez utiliser l’application en ligne “Evernote” : vos notes sont stockés sur un serveur (confidentiel évidemment, mais vous pouvez rendre certaines publiques), vous pouvez poster depuis votre téléphone, et vous pouvez taguer les notes. Je suppose que Jean-Philippe connaît, mais d’autres pourraient y trouver une utilité évidente. J’y poste même la liste des livres de la série Microcosme que je collectionne. Tiens, d’ailleurs, je m’en vais la rendre publique de ce pas, si jamais vous en avez quelques uns.

  2. Jean-Philippe says:

    C’est très juste Stéphane ! Merci de l’avoir rappelé. 😉

    Microcosme ? Je ne connais pas…

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