Attendre quoi ?
Par Jean-Philippe le 8 March 2010
dans Vous êtes bloqués?
“Sois réaliste !”
Cette phrase vous l’avez entendue, de nombreuses fois. Elle vous a souvent stoppé alors que vous étiez prêt ou prête à conquérir votre tour de taille, un nouvel art ou même, la terre entière. C’est décourageant de ne pas être soutenu dans nos idées. Pourquoi les gens ne nous comprennent-ils pas ?
C’est vrai que l’on peut blâmer les autres parce qu’ils ne nous laissent pas nous exprimer ou créer ce que nous désirons. Mais attention, avant accuser notre entourage ou les circonstances, il serait peut-être bon de se demander, quel est notre réelle intention derrière ces tentatives de justification ?
En effet, imaginez une seconde que vos collègues de travail, votre prof, votre famille, alors que vous leur confiez votre idée de projet, vous répondent par l’affirmative. Sans critique.
Que se passerait-il dans votre tête ?
La vie irréaliste
“Tu sais, j’ai bien l’intention de monter ma boite.”
“Allons, sois réaliste Super idée ! Tu commences quand ?”
“Quand ?… eh bien, je n’ai pas encore défini de date…”
“Vas-y, monter ta boite, c’est exactement ce qu’il te faut. Fonce ! et le plus vite possible !”
Voilà en gros ce que pourrait donner une conversation avec un ami. Essayez vraiment d’imaginer une seconde votre réaction. Ne seriez-vous pas surpris, déçu ou même, carrément effrayé ? Car il se peut très bien que vous n’ayez ces idées que pour vous illusionner, sachant que votre entourage va réagir de façon conventionnelle, par le veto.
C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’étais ado. Certes j’étais un rebelle, comme tout adolescent qui se respecte, mais j’aimais quand même avoir le confort de ma chambre, mes repas préparés et mon linge repassé. J’imagine ma tête si, lorsque j’annonçais à mes parents, dans une grande envolée lyrique, ma ferme résolution d’arrêter le lycée et d’aller vivre à la campagne, loin d’un monde si cruel-leu, ceux-ci m’avaient répondu, par un oui empressé et chaleureux. J’imagine ma panique, s’ils avaient rajouté que c’était très bien de vouloir être indépendant et, s’ils m’avaient demandé, comme pour bien enfoncer le clou, “alors, tu pars quand ?” avec un grand sourire.
Mais, les parents connaissent bien leurs doux rebelles et jouent le jeu, en leur suppliant de rester ou, plus prosaïquement, en leur demandant d’arrêter de dire des bêtises. 😉
Les fausses envies
Dans la vie adulte, cela devrait être différent. Nos idées, nos projets, nos intentions ne devraient pas rester que des possibilités qui existent dans notre tête ou sur un bout de papier. Néanmoins, souvent, elles ne vont pas plus loin. En fait, ce n’est plus vraiment que quelqu’un nous bloque dans notre avancée. C’est plutôt l’inverse. Nous recherchons à être stoppé, endossant ainsi le rôle de martyr, un rôle très prisé dans notre société.
Du faux entrepreneur qui crie sa rage contre les banques qui n’autorisent pas son prêt à l’artiste en révolte contre le monde parce que ce dernier ne reconnaît pas son talent, ces réactions d’adolescent attardé cachent de grandes peurs. Peur d’échouer, peur d’être ridicule, peur d’être jugé, peur d’avoir à prendre ses propres décisions et même, peur de réussir.
Et ces rebelles de salons barbotent dans les eaux tièdes et douillettes des conflits avec leur famille, leurs amis, leurs relations de travail ou même, toute la société. Ils perdent leur temps et celui de tout ceux qui les entourent. Si vous pensez vous trouver dans cette situation, il y a toujours une solution.
Agir
La réponse elle est simple, et vous la connaissez déjà si vous lisez mon blog régulièrement : agissez.
Vous n’avez pas besoin du consentement de quelqu’un. Faites un premier pas dans la direction de votre projet ou de votre but. Il n’est pas nécessaire d’accomplir beaucoup, seul un petit pas suffit. Ce simple progrès, ajouté à l’autre petit pas que vous ferez demain, vous permettra de réellement avancer.
Et si cela ne fonctionne pas ? Et si vous n’arrivez pas à faire ce bond ? Alors, il s’agit de sérieusement questionner vos motivations. Vos rêves ne sont-ils que ça justement, des songes enchanteurs ? Il n’y a rien de mal à cela, à partir du moment où vous avez bien conscience que ce ne sont que de belles illusions qui vous permettent d’oublier vos soucis quotidiens.
La question qui tue
Pendant de nombreuses années, j’ai aussi bâti ces fameux châteaux en Espagne. Des idées, j’en avais plein mais rarement, trop rarement, j’agissais. Parfois oui, je tentai une petite percée dans le monde créatif, mais sans plus, me recroquevillant très rapidement dans la sécurité du quotidien.
Un jour j’ai rencontré quelqu’un, qui devait devenir l’un de mes meilleurs amis, et qui avait une vision totalement différente des choses. Débordant de vitalité et d’origine martiniquaise, lui aussi voulait se lancer dans un projet de start up. Peu après notre rencontre, nous commençâmes très rapidement à évaluer différentes idées jusqu’au jour où nous tombâmes d’accord sur une qui, par son potentiel, nous convenait très bien. Nous préparâmes alors un plan de bataille que nous achevâmes tard, un soir.
J’allais me coucher, un sourire au coin des lèvres, imaginant déjà toutes les magnifiques perspectives que cette idée allait nous permettre de réaliser, dès qu’on la lancerait. Le lendemain matin, je trouvai mon ami déjà levé, la tête penchée sur son écran d’ordinateur. Il m’expliqua, alors qu’il continuait à taper fébrilement sur son clavier, qu’il avait réservé le nom de domaine pour notre projet et qu’il était en train de travailler sur le site web.
Face à ma surprise, alors que je tentai de lui expliquer qu’il faudrait peut-être encore étudier le marché, recueillir d’autres avis, attendre un peu, il me regarda droit dans les yeux, me demandant : “Attendre quoi ?” Un silence s’ensuivit.
Le débat ainsi clos, nous nous attachâmes à faire décoller notre projet. 🙂
Décollage
Alors sa question, je vous l’offre à mon tour. Vous attendez quoi ?
Le meilleur moment pour attaquer un projet qui vous tient à coeur, c’est maintenant, pas demain ou le mois prochain. Chaque matin, avec chaque soleil qui se lève, nous avons l’opportunité de dire oui, d’embrasser un art, de faire jaillir une nouvelle création. Nous avons la possibilité de commencer un projet, de suivre un cours de danse, d’établir une nouvelle relation.
Mais souvent la vraie raison qui nous retient, c’est donc notre dialogue intérieur. Ne le laissez pas étouffer vos ambitions et offrez ce que vous avez de meilleur au monde.
Allez bâtir vos châteaux en Espagne, car même si vous retombez, et cela arrivera souvent, vous apprendrez beaucoup et vous progresserez. Et ça, c’est peut-être l’une des plus grandes et plus belles leçons de la vie.
Soyons réaliste : c’est bien en nous trompant souvent que nous réussissons. 🙂
(Photo : Pear Biter)
Hahaha ! 😀 Jean-Philippe, j’adore ton blog ! Il est tellement rafraîchissant. Merci d’être toi et de te partager avec nous. 🙂
Merci beaucoup Rosine ! Bonne continuation pour tes lectures. 😉
Et non, moi je n’attends pas, rien ni personne ; la patience n’est pas ma principale qualité 😉 Qu’est-ce que je peux faire comme bêtises en avançant comme ça ! Mais tant pis, je connais trop de gens qui attendent aussi je ne sais quoi et qui n’avancent pas. Non, je ne fais pas parti d’un milieu d’entrepreneurs…
La fameuse question qui tue, je me la garde sous le coude.
Bravo Céline ! C’est la bonne attitude à avoir pour lancer son biz. Merci pour la leçon. 🙂
Un très bon rappel. C’est marrant, mais il m’arrive encore parfois d’attendre pour rien, comme si c’était ancré dans notre inconscient. Nous devons combattre sans cesse contre nous même.
Tu as raison Rémy. Ce n’est pas naturel pour beaucoup d’entre nous. Le monde tout autour ne veut pas vraiment que nous prenions des initiatives. Un vestige de la révolution industrielle ? 😉
Merci pour ce billet et cette fameuse question qui tue, comme dit Céline.
Comme toi, Jean-Philippe, j’ai longtemps attendu. Pas un peu, simplement demain. Mais demain, c’est demain, c’est dans le futur, ça n’existe pas, pas encore, parfois plus jamais.
Jusqu’au jour où je me suis souvenue d’une phrase que mon père m’avait dite en vacances – il devait être drôlement détendu alors 😉
Adolescente, j’hésitais à pratiquer une activité sportive et au moment de me lancer ou de renoncer, j’ai entendu : “Essaie; si ça te plaît, tu pourras toujours continuer; si ça ne te plaît pas, eh bien, au moins tu le sauras”…
La seule “chose” qu’on puisse attendre, c’est un enfant. Mais ce n’est pas vraiment l’attendre, c’est se préparer à l’accueillir. 😉
Merci beaucoup AMie de partager ce souvenir d’enfance ! C’est très joli et ça ouvre des perspectives. Et puis j’aime ta conclusion. 😉
Très bon article Jean-Philippe, une fois de plus! Ca rejoint certaines questions que je me pose sur mon travail actuel, sur mon travail futur… Et ça va, dans une certaine mesure (ça dépend comment on le comprend) dans le même sens que le livre que je suis en train de lire, Linchpin, de Seth Godin.
Merci Julien ! Je n’ai pas lu son dernier livre mais j’en ai eu un aperçu à travers un .pdf d’une vingtaine qu’il avait préparé pour une opération spéciale. Il devient moins terre à terre. Je pense qu’il prend de la hauteur et va au-delà du marketing, “sa” spécialité, et c’est tant mieux pour nous. 🙂
Perte de motivation ?
Une petite pause « Révolution Personnelle » et votre moral sera regonflé à bloc !!!
Pas mal comme slogan, non ? 😀
Plus sérieusement, une fois de plus merci pour cet article de qualité qui, comme beaucoup d’autres donne la motivation d’avancer et de ne pas rester devant le palier de nos rêves.
@Fenice Merci pour les compliments ! Le palier ?… non juste “un” palier. 😉
Bonsoir Jean-Philippe
bonsoir à tous 🙂
ahhh l’attente…quel beau sujet de réflexion…
Mais puis-je encore une fois prendre un peu de recul par rapport à ce dernier?
Recul? Tiens j’ai dit recul?
N’aurais-je pas pu dire distance plutôt que recul?
oui, distance me convient mieux…
Question: …Et la distance, n’est -elle pas associée à l’attente?;)
Bien sur qu’il est nécessaire de ne pas confondre “idée et action”, ou encore de ne pas prendre les “mots pour des idées”…
Même qu’Albert Einstein a dit “La connaissance s’acquière par l’expérience, le reste n’est que de l’information.”
Donc difficile d’expérimenter, si le projet reste dans le monde des idées.
Question provocatrice: Et si mon identité doit émerger de mon expérience, qui suis-je si je n’expérimente pas ? 😉
Mais…Toute idée peut avoir son contraire n’est ce pas?
J’ai depuis fort longtemps dans ma besace ,un dicton qui m’a servi bien des fois, disant: “L’heure est grave, dépêchons-nous d’attendre”
Ahhh! l’apologie de l’attente…
Ce moment d’éternité entre l’expiration et l’inspiration, ce silence, cette méditation…contraire à toutes les précipitations, proche de la tempérance, laquelle est à mon sens, mère de toutes les vertues!!
merci pour cet article vraiment sympa! 🙂
Lyse
Encore bravo Lyse, belle écriture ! Tu devrais avoir ton blog, non ? Et puis tu as raison, il ne faut pas oublier que parfois, un peu d’attente, c’est le calme avant la “bonne” tempête. 😉
Bonsoir,
En fait cela ne fait que quelques semaines (6 ou7) que je suis tes billets (j’ai commencé par “Je fais pipi sous la douche”, j’en souris encore) et je dois dire que tu as le chic pour écrire de choses qui me laisse sur le c.. à chaque fois. Sors donc de ma tête (haha!).
Bref, merci et bonne continuation.
Au prochain billet.
Sincèrement.
auPeCH
Merci beaucoup auPeCH ! Je m’en voudrais que ma prose ne soit pour toi que “mots” de tête. 😉
oui @Jean-Philippe je pense à faire un blog, mais chaque chose en son temps!
J’ai un mémoire à terminer…
Pour l’instant je squatte un peu ceux des autres, ce n’est pas mal non plus! 😉 🙂
Lyse
Je suis d’accord Lyse ! C’est bien pour mon, ou plutôt, notre plus grand plaisir. 🙂
PS: …hum, finalement oui, tu as raison, prends tout ton temps avant de créer ton blog…
Très bon article, en effet, pourquoi attendre? Le passage à l’action est l’une des choses les plus dur pour la majorité d’entre nous. Et comme Remy, même quand on prend l’habitude de le faire, il peut arriver qu’on se surprenne à attendre … quoi?
Merci Alex ! et je sais que tu n’as pas attendu. 😉
Mon dernier projet a été fait dans la précipitation, je n’ai pas voulu entendre les gens qui allaient me faire reculer, réfléchir,douter…j’ai donc,foncé
Je me suis plantée, mais je ne regrette rien ..car si je n’avais pas pris ce risque j’aurais passé mon temps à le regretter …si j’avais su etc..au moins là je sais..
Je sais que ce projet n’était pas de mon ressort, je sais aussi que la prochaine fois que je mettrais un projet en route,je prendrais un peu plus de recul au lieu de me précipiter…
Merci Laure pour ce retour d’expérience. 🙂 Comme tu le dis si bien, il n’y a pas de regrets à avoir, et en plus, je suis certain que tu as acquis de l’expérience qui te sera très utile la prochaine fois… ce que tu confirmes à la fin de ton commentaire. 😉
Merci Jean-Philippe pour cet article…
Je regorge d’énergie intérieure qui pour l’instant n’est pas encore utilisée.
Le plus difficile, c’est le premier pas…après les autres sont plus façiles, je le sais très bien!
J’ai une question : comment diminuer sa peur, ses craintes dans le cas où l’on souhaite entreprendre un projet (professionnel, reprise d’études) qui correspondra mieux à notre personnalité et nos envies ?
Au plaisir de vous lire,
à bientôt
Emma
Merci beaucoup Emma pour votre commentaire ! Je n’ai pas la prétention de pouvoir vous apporter des réponses – sinon je m’appellerai Dieu ! – mais je peux partager avec vous mon expérience. 😉
D’abord quand je ressens cette énergie intérieure, il faut que ça sorte d’un manière ou d’une autre. Pourquoi ? Parce que sinon je vais garder cette énergie, ces idées, en moi et ensuite elles vont disparaitre, tout en me rendant mal à l’aise, épuisé. Donc, j’essaie de mettre sur un support cette énergie, ce qui me permet en même temps d’en garder une trace. C’est peut-être une raison de votre indécision : en écrivant, en dessinant, en photographiant, etc…, vos idées, cela vous donnerait une meilleure vue sur la prochaine étape à effectuer.
Quand j’ai peur de faire un choix, c’est quoi en gros ? C’est que je crains de me tromper, cela veut dire que je n’ai pas confiance en moi. Et pourquoi ? Parce que je réfléchis trop alors je ne tente rien et donc, je ne peux pas apprendre de mes erreurs. Toutes mes avancées ont toujours été précédées “d’échecs” qui n’en étaient pas vraiment puisque “j’apprenais”.
Je ne pense pas que l’on puisse trouver le projet parfait, la forme parfaite. J’écoute mes envies et puis je fonce. Au moins après, je n’ai pas de regrets. 🙂
(Vous êtes peut-être une scanneuse ?)
Bonsoir Jean-Philippe,
Wouahou, merci pour cet article qui tombe à pic dans ma vie ! ( il n’y a pas très longtemps que j’ai découvert ton blog, et je me régale à chaque fois !)
Je reporte souvent à “plus tard” certaines de mes décisions … mais cette année j’ai décidé d’agir ! Mais pas me précipiter !
J’ai connu la précipitation de la réalisation d’un projet, qui finalement n’a pas marché. Après analyse, je me sens plus prête aujourd’hui pour me lancer sur le même projet mais mieux préparée !!
J’espère que tout va bien (mieux) pour toi et ta famille !
Magaly
Hello (oui, encore mouahahaha ce même soir, ça doit être LE soir)
J’ai un certain talent pour attendre. Dans mes moments de profonde empathie (ou colère, ça dépend) envers moi-même, je me surnomme “Reine Patience”.
Pourtant, j’ai une sainte horreur d’attendre, mais à bien y regarder, j’attends, tout le temps… comme si le temps allait se pointer en disant “C’est l’heure”.
Ce à quoi je répondrais probablement “Heu, l’heure de quoi ?”
“Ben tu veux dessiner, apprendre le Japonais, faire le tour du monde, rencontrer des gens intéressants avec qui échanger, trouver ta voie, faire ci, faire ça… ben t’attends quoi grande gourde ? Chuis là maintenant, alors bouge ton postérieur, car lui sur le canapé tu fera deviendra pas pirate, agent secret et maître pokémon !”
Bon c’est caricaturé mais c’est ça… la création de barrières invisibles…
“Demain je me mets au dessin”… deux jours plus tard “Mais chuis nulle, ça sert à rien, j’en ferai rien, j’ai autant de talent qu’une mouche écrasée (qui accessoirement sera plus artistique que ma non-oeuvre)”
Enfin bon… la tendance au pessimisme, tout ça… Moi je trouve les gens, comme votre ami martiniquais, admirables : ils foncent, quitte à rencontrer un mur, mais au moins, la fois d’après, ils sauront que LA il y a un mur… inventer des murs, c’est le meilleur moyen de finir en boîte (à sardines).
Enfin, dixit celle qui semble avoir un plaisir masochiste à attendre U_U
Rappelez-moi d’amicalement assassiner l’individu pas mal intentionné (mais quand même) qui a dit “Patience est maître de sûreté”…
Soirement vôtre
c’est bien en nous trompant souvent que nous réussissons? oui
à condition qu’on arrive de bien analyser notre passé.
Merci Patricia pour le commentaire tout à fait justifié ! Pour aller plus loin sur ce sujet, je recommande cet article du blog Les meilleurs parents du monde sur notre culture française de l’échec. 😉