Les nouvelles clefs du bonheur

Les 5 clefs sont sur cette photo...

Je tape sur mon clavier.

Je suis en train d’écrire une histoire qui me vient et je suis totalement absorbé parce que je fais. J’oublie où je suis, qui je suis, et le temps qui passe.

Vous aussi vous avez aussi connu ce sentiment intense qui fait que l’on est absorbé par une tâche. Les psychologues appellent cela le “flow”. C’est un état d’esprit très particulier où on ne peut même pas dire qu’on est heureux, puisqu’on est totalement absorbé par ce que l’on fait.

Une fois que l’on en a terminé, là oui un sentiment de bien-être nous envahit.

Nous nous sentons bien.

Heureux.

Est-ce que c’est ça le bonheur ?

Oui et non. 🙂

Évolution du bien-être

Il y a quelques temps j’avais écrit un article sur le fait qu’il fallait arrêter de “positiver” à tout-va. Cela venait du fait que de vouloir tout voir tout en positif n’amenait à rien. Répéter sans arrêt “Je vais de mieux en mieux” comme un mantra ne conduit pas au bonheur. Je me trompe ?

Et de toute façon qu’est-ce que c’est que le bonheur ? Je respecte beaucoup le travail de ceux qui travaillent directement sur ce thème comme Joanna Quélen de MoodStep, ceci dit, je trouve que les mots “bonheur”, “heureux” ou “positif” ne veulent plus dire grand chose tant ils ont été galvaudés et vendus par certains marchands de paillettes qui nous promettent un paradis instantané.

Évidemment, on a tous et toutes des activités qui nous font du bien et nous n’avons besoin de personne pour nous le faire comprendre. D’instinct on le sait. Pourtant, ces activités  ne sont pas nécessairement reliées à la recherche du bonheur en lui-même. Quand j’écris une nouvelle histoire, je ne le fais pas pour me rendre heureux. Je ne me dis pas : “Tiens, aujourd’hui je ne me sens pas trop bien, alors je vais écrire une histoire pour retrouver le sourire.”

Non, si je le fais c’est parce c’est quelque chose que j’aime vraiment faire et qui m’apporte un sentiment de satisfaction, de réussite tout en ayant l’impression d’apporter quelque chose aux autres. Cette reconnaissance sociale j’en parle beaucoup dans mon dernier guide Reconquérir sa vie. Elle est pour moi une des clefs d’une vie meilleure.

Alors, quelle n’a pas été ma surprise, de retrouver certains de ces éléments dans Flourish, le dernier livre publié par Martin Seligman, l’éminent professeur de l’université de Pennsylvanie, qui a pratiquement dédié toute sa carrière à la psychologie dite positive.

Évolution de l’idée de bonheur

Ce chercheur couvert de diplômes et d’honneurs est l’un des plus grands noms de la psychologie de la deuxième partie du XXe siècle et de ce début de millénaire.

En gros, le génie du professeur Seligman a été à travers sa recherche d’aller plus loin que les autres. Pas seulement expliquer et fixer les problèmes psychologiques de chacun mais aussi de trouver et proposer des méthodes scientifiquement testées afin d’améliorer son optimisme. C’est en effet une chose que de soigner un problème psychologique en soi mais cela n’apprend pas à être “plus” heureux.

Après une psychothérapie peut-être que l’on passe d’un niveau -5 à un niveau 0 dans l’échelle du bien-être mais cela ne veut pas dire que votre thérapeute sait vous emmener à + 5 et surtout, qu’il sait vous expliquer comment y rester !

Il fallait de nouveaux outils et techniques, c’est ce que le professeur Seligman et ses collaborateurs ont expérimenté au fil des ans et c’est ce qui a donné naissance à cette nouvelle branche de la psychologie, la psychologie positive. Comme je l’ai dit plus haut, il ne faut pas trop s’attacher à la connotation négative du mot “positif”. 🙂

Dans un cadre scientifique donc, cette psychologie de l’optimisme reconnue officiellement aux États-Unis depuis un peu plus d’une dizaine d’années et qui attire de plus en plus de psychologues, d’enseignants, de militaires et de managers, recueille beaucoup de succès. En 2004, Martin Seligman avait sorti un livre Authentic Happiness, qui était un ouvrage de vulgarisation de son travail et qui avait rencontré un grand succès.

Ceci dit, c’était il y a presque dix ans, entre temps le professeur Seligman a continué sa recherche et Flourish en est le résultat. Ce livre montre une évolution de sa pensée suite à de nouvelles découvertes dans ce domaine.

En effet, le bonheur, selon lui, n’est plus maintenant seulement une question d’optimisme et d’humeur. Cela va beaucoup plus loin. C’est peut-être pour cette raison que nous nous “battons” continuellement avec l’idée de bonheur. Notre point de vue, relayé par les média, est sans doute trop simpliste.

Évolution différente

Parler du “bonheur” selon Seligman est un peu court. Qu’est-ce que ça veut dire ? Comment le mesurer ?

Par exemple, pendant ses recherches, il s’est rendu compte que tout le monde n’était pas égal face au bien-être. Selon lui, certaines prédispositions présentes dans la famille font que pour certains, il est plus difficile d’aller et de se maintenir dans le positif. Des parents dépressifs ou suicidaires, feront difficilement des enfants qui voient la vie en rose.

En clair, certains jours, on a beau rassembler toutes ses astuces et tout son raisonnement, on verra quand même la journée qui s’annonce d’une façon très sombre. Le but de la psychologie positive de Seligman est, dans ce cas, d’aider chacun à avancer le plus normalement possible pendant la journée, en sachant que c’est passager.

Je fais partie de cette catégorie. Mes parents ne sont pas des optimistes nés et donc, tout au long de ma vie, j’ai dû et je continue à me battre pour que la force soit avec moi. 😉

Les cinq clefs

Sinon en l’état actuel de ses recherches le professeur Seligman voit 5 éléments primordiaux pour s’épanouir et prospérer dans sa vie. Il a d’ailleurs créé l’acronyme PERMA pour nous aider à mieux les mémoriser.

– Les émotions Positives : C’est ce qui en gros englobe tout ce que l’on sait en général sur comment bien vivre. Rechercher les bonnes émotions, rire, cultiver son optimisme, être heureux, être satisfait de sa vie. Ceci est mesurée de façon totalement subjective. Si vous êtes heureux dans ce que vous faites, personne ne pourra vous dire le contraire. C’était la théorie développée dans Authentic Happiness et c’est généralement ce qui nous vient à l’esprit lorsque l’on parle d’épanouissement personnel. Pour Seligman, maintenant, ces éléments ne sont pas suffisants. Il faut en rajouter quatre autres.

– L’Engagement : C’est ce que je décrivais en introduction pour moi concernant le fait d’écrire des histoires. C’est l’activité dans laquelle on se perd, on oublie le temps. Une forme d’Hédonisme a postériori qui ne déplairait sans doute pas au philosophe Michel Onfray. Si vous oubliez le temps tout en jouant avec votre Nintendo ou en jardinant, vous êtes dans une activité qui vous aide à vous épanouir.

– Des Relations positives : S’entourer de gens qui voient la vie du bon coté – on rit beaucoup plus à deux – mais aussi, rendre service ou aider un autre, vous garantissent pratiquement à coup sûr d’aller mieux. Ça parait évident mais qui le pratique ? Qui parmi nous décide de donner un coup de main à quelqu’un lorsque nous-même avons le blues ? Généralement, on préfère rester calfeutré chez soi. Pourtant, essayez une fois et vous verrez vos sentiments rapidement remonter vers +5. 😉

– Meaning (en français, “sens”) : Donner du sens à son existence est très important. Là aussi, c’est très subjectif et il n’est pas nécessaire de vouloir changer le monde, de partir dans des grandes envolées philosophiques. Si une conversation à bâtons rompus jusqu’au fond de la nuit avec un ou une amie prend cette valeur pour vous, personne ne pourra vous contredire.

– Accomplissements : A chacun ses critères. Pour certains, cela correspondra à être excellent en jeu vidéos, pour d’autre ce sera bâtir une fortune financière. Ces accomplissements n’ont pas besoin d’avoir de raisons particulières. On accomplit juste pour accomplir. C’est tout.

Ces 5 éléments doivent tous être présents à divers degrés dans notre vie, si nous voulons nous épanouir, avoir cette sensation de bien-être, ressentir le bonheur d’une façon durable.

Vu comme ça cela parait moins facile que la méthode Coué, on est d’accord ? Voilà, à mon avis, l’une des raisons pour lesquelles nous trébuchons souvent dans notre quête du bien-être. Ce n’est pas quelque chose qu’on obtient rapidement, qui demande du temps.

Et c’est normal, qui a dit que le bonheur était facile à atteindre ? Il demande comme toutes autres activités, que l’on travaille dessus.

En faisant quoi ?

(A suivre)

(Photo : JPhilipson)

Commentaires

9 commentaires pour “Les nouvelles clefs du bonheur”
  1. AMie says:

    Ouf ! Rien n’a changé. Le bonheur est toujours là quand on veut.
    Simplement Seligman nous donne des pistes pour mieux le savourer.
    Mais peut-être n’ai-je rien compris… 😉

  2. Axel says:

    Une véritable explication du bonheur :). Les 5 points que tu mentionnent synthétisent vraiment bien le concept. Par contre je trouve que la méthode Coé reste intéressante non pas pour se créer un bon style de vie mais plutôt pour garder une bonne confiance en soi (principalement l’estime de soi d’ailleur).
    De plus il est bon de prendre conscience du phénomène inverse. Si on se parle mal et si on laisse des pensées négatives entrer trop souvent, on finit par y croire.

  3. amine says:

    merci pour le post ,j’aimerais souligner l’importance de notre entourage sur notre etat d’esprit,si on est entourer par des gens positifs ,la moitié du chemin est fait,mais si on est entourés par des personnalités toxiques,dur dur de positiver.
    a bientot

  4. Jean-Charles says:

    Salut Jean-Philippe,

    Ta vision détaillée du bonheur est très réaliste.

    Maintenant, le bonheur est aussi un état d’esprit qui s’entretient comme on arrose une plante.

    j’aime bien cette phrase de Spinoza qui dit :

    “Si vous voulez que la vie vous sourit, apportez lui d’abord votre bonne humeur.” 😉

  5. sejour says:

    J’ai lu cet article avec plaisir!
    Je trouve intéressante l’idée de MESURER LE BONHEUR sur une échelle de 0 à 5, en mettant l’accent non sur ce qui va mal dans sa vie, mais sur ce qui va bien, et de miser plutôt sur ses forces que sur ses faiblesses.

  6. Elie says:

    J’ai également pris plaisir à lire cet article, qui me fait davantage réfléchir (car autour de moi, tout ne va pas forcément très bien).

    Je me souviendrai de cet acronyme ! 😉

  7. Joanna says:

    Merci pour la mention 🙂

  8. Albin says:

    Salut Jean-Philippe,

    superbe article, comme d’habitude !
    Voilà une définition du bonheur qui me semble parfaite. C’est quelque chose sur laquelle nous nous devons de travailler tous les jours ou plutôt devrais-je dire se cultive.

    Excellent journée.

    Albin

Commentez ce billet