Tracer une ligne dans le sable

A vous de tracer vos lignes sur la plage immaculée

“Est-ce que tu peux m’aider à…. ?”
“Tu as le temps demain pour… ?”
“Je fais un petit diner samedi. Tu seras des nôtres ?”

Nous faisons tous et toutes face à ce genre de questions. Des sollicitations, nous en recevons chaque jour et souvent, si nous n’y prêtons pas attention, nous acceptons trop d’engagements auxquels on aurait dû répondre par la négative.

Les questions au-dessus ne sont que quelques exemples mais au-delà de simplement dire non, je pense qu’il vaut mieux, dans la vie, directement établir en amont une stratégie cohérente liée aux buts que l’on s’est fixé. En clair, il faut savoir se fixer des limites et ne pas attendre que les autres les définissent pour nous.

Une ligne de crédit

Les Américains ont une expression que j’aime bien pour ce genre de situation, ils disent “qu’il faut tracer une ligne dans le sable”. C’est comme lorsque l’on joue au volley sur la plage, on délimite le camp de chaque équipe en dessinant avec son pied des traits sur le sol.

Tracer une ligne dans le sable, c’est savoir jusqu’où on ira dans sa communication, dans les services que l’on va rendre aux autres, dans les activités auxquelles on va participer. Si on n’a pas d’objectifs particuliers dans sa propre vie, c’est un exercice qui est très difficile à accomplir. Parce que très vite nous allons faire face à des situations chatouilleuses, face à nos relations qui elles, ne vont pas comprendre notre attitude, surtout si vous décidez de changer d’opinion.

Cela s’est déjà produit pour vous aussi ? Vous allez passer pour quelqu’un d’impoli, d’égoïste, de pas gentil, vous allez subir les bouderies, les critiques, les colères de ceux ou celles qui étaient habitués à ce que vous soyez toujours disponible pour les aider.

“Qu’est-ce qui t’arrive ?”
“Qu’est-ce que je t’ai fait ?”
“Tu te la joues ou quoi ?”
“Ça m’apprendra à être sympa !”
“Après tout ce que j’ai fait pour toi !”

Ces remarques acérées mais spontanées nous les avons tous et toutes entendues. Et il est difficile d’y résister, sauf si, je le répète car je le pense vraiment, nous avons des buts précis à atteindre.

Une ligne de démarcation

Humainement, c’est vrai qu’il est très difficile de ne pas répondre aux appels du pied des autres. L’Homme est un animal social qui se sent plus confortable lorsqu’il appartient à un groupe. Ainsi, se retirer de soi-même est déjà difficile. En plus si on doit résister aux remarques de notre entourage, il faut vraiment avoir un mental très fort pour ne pas céder.

Alors, si l’on a auparavant défini avec précision un ou plusieurs objectifs que l’on veut accomplir, il devient plus facile de se justifier. Vis à vis des autres ? Non, vis à vis de soi-même car les autres, en général, ne comprendront pas ces raisons qui correspondent à des motivations qui ne sont pas les leurs. C’est pour nous, c’est dans notre tête que nous devons être fort et, l’argumentaire de notre objectif à atteindre nous aide beaucoup à résister au chant des sirènes émis par notre groupe.

Ainsi, en “traçant” cette ligne dans le sable, on définit clairement où sont les limites, de quel côté du trait nous sommes placés et de quel côté se trouvent nos relations. Il est certain que vous n’allez pas faire plaisir à tout le monde. Vous allez froisser, fâcher, parfois même vexer des gens que vous aimez.

La question est alors de vous demander qu’est-ce qui est le plus important ? Et là, franchement, vous avez le choix. Vous pouvez très bien renoncer à vos objectifs où les reporter à une date imprécise et personne ne vous blâmera. Au contraire, chacun saura apprécier votre disponibilité et votre gentillesse. Le tout en fait, c’est de vous demander, au fond du cœur, là où vous ne pouvez pas vous mentir, si c’est vraiment ce que vous voulez ?

Une ligne de communication

Pour prendre un exemple personnel, j’avais annoncé en début d’année que je voulais publier un ebook vers la fin du premier trimestre. Pour atteindre cet objectif j’ai dû, petit à petit, tirer des traits dans le sable. Comme j’en avais fait un objectif public et que ça me tenait à cœur j’ai vraiment dû faire des choix.

D’abord, il a fallu que je me “déconnecte”. Je n’avais pas le temps de répondre à tous les mails et à tous les commentaires que je recevais. Autant j’aime bien communiquer, aider les autres et me sentir utile, là je n’avais pas le choix : en clair, c’était vous ou moi.

Et j’ai choisi moi.

Égoïste ? Oui, c’est ce qu’ont dû penser un certain nombre de personnes sur le moment. Mais pour moi le plus important était de rester concentré sur mon ebook. De le finir, d’en terminer, d’en tourner la page finale.

Il en va de même dans ma vie personnelle. J’ai la chance d’avoir une compagne qui comprenne mes objectifs et accepte que parfois je reste penché sur mon ordinateur plutôt que de lui consacrer plus de temps. Pour aider, une fois ces périodes intenses terminées, nous essayons de placer des vacances juste après, afin de pouvoir nous reconnecter et passer de bons moments ensemble.

Maintenant que c’est fini, maintenant que l’ebook est en vente, maintenant que j’ai accompli mon but, j’ai effacé cette ligne dans le sable et je me reconnecte avec ceux et celles qui ont compris que tout cela n’avait rien de personnel. Les autres ? Eh bien tant pis, car c’est parfois dur de se le dire mais c’est vrai : on ne peut pas plaire à tout le monde. 🙂

Une ligne de vie

Si vous examinez avec une très grande attention les détails de votre vie, vous verrez que vous aussi vous faites face à ce genre de situation. Regardez vos projets. Où en sont-ils ? Pourquoi ne sont-ils pas finis ? Un manque de temps ? C’est en général, la raison que l’on donne mais en creusant un peu plus, on doit honnêtement se demander pourquoi on n’a pas le temps.

Qu’avons-nous fait de nos heures ? Avec qui nous les avons passées ? A faire quoi ? Et souvent, on verra que notre temps a disparu parce que nous n’avons pas tiré ce fameux trait dans le sable. 😉

Finalement, il n’y a pas une solution meilleure qu’une autre. Nous décidons. Nous faisons constamment des choix. Le plus important, c’est de s’y tenir.

C’est simple, si vous avez décidé d’atteindre un but précis, il faut savoir qu’à un moment ou à un autre cela exigera des sacrifices. Mais c’est vous qui choisissez. Qui décidez.

Et il n’y a pas de mauvais choix. Juste le vôtre. 😉

(Photo : Ric e Ette)

Commentaires

15 commentaires pour “Tracer une ligne dans le sable”
  1. Fenice says:

    Très belle image, cette “ligne dans le sable” que nous franchissons sans cesse pour la simple et bonne raison que nous n’avons pas pris la peine de la tracer.

    Nous avons tout à gagner en définissant des limites, aussi bien pour nous que pour les autres. D’ailleurs cet égoïsme en apparence est une très bonne chose car il évite à nos proches d’espérer des choses que nous ne pouvons pas tenir. Au final, c’est savoir être honnête avec les autres en étant honnete avec soi-même.

    Merci J.P. pour ses précieux conseils.

    PS : Quel bonheur d’être le premier à commenter, pour une fois que je n’arrive pas après la guerre ^^

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup Fenice ! Oui c’est un sujet sur lequel je reviens souvent car je pense que nous avons tous et toutes souvent des soucis dans ce domaine. C’est pqrfois si difficile de dire non qu’il vaut mieux prévoir en amont. C’est ensuite beaucoup plus facile de refuser poliment. 😉

  3. Ton article me rejoint profondément.

    À la longue, je suis devenue assez imperméable aux manipulations des personnes qui voudraient que je fasse passer leurs besoins avant mes priorités.

    Je me donne le droit de choisir quand et comment j’accéderai à leurs demandes.

    Le plus difficile à mon avis, c’est de résister au besoin de se justifier pour réussir à s’affirmer.

    Je pense par exemple à quelqu’un de ma famille qui me sert souvent l’argument: «  Dans une famille normale, une soeur serait bien contente de se faire demander XYZ, et d’accepter cette demande ».

    J’utilise alors la technique du disque brisé: « Merci encore pour ton invitation, mais pour cette fois, c’est impossible pour moi de te dire oui. »

    Nouvel argument, même réponse.

    Par contre, au niveau des urgences réelles (maladies graves, hospitalisation, drames familiaux), j’offre tout le support possible, si la situation le requiert.

    L’image d’une ligne dans le sable est très poétique et très belle, mais j’avoue que je vois la marée monter et cette ligne s’effacer 😉

    Dans ma situation, j’ai dû peindre une ligne blanche bien dense sur le béton. Ça résiste mieux aux variations extrêmes du climat québécois. D

  4. Jean-Philippe says:

    Merci MarieBo pour le complément d’information que tu apportes et je te rejoins tout à fait. J’aime beaucoup ton image du béton qui permet au moins de ne pas s’enfoncer dans des sables mouvants. 😉

  5. C’est une belle image pour illustrer ce problème auquel chaque personne qui décide de prendre les rennes de sa vie est confronté. une bonne méditation pour le weekend à venir…

  6. Jean-Philippe says:

    Merci Boris pour le compliment ! On oublie trop souvent cette facette lorsqu’on décide de se prendre en main et pourtant c’est primordial. Ceux et celles qui réussissent ou qui mènent une vie comme ils/elles la désirent doivent à certains moments froisser d’autres personnes. 😉

  7. mehdi says:

    un très bon article comme d’habitude , et la question la plus pertinent et celle là ” Qu’avons-nous fait de nos heures ? Avec qui nous les avons passées ? A faire quoi ? ” .

    on aimerai bien que tu nous écris, Mr jean, un prochain article sur la gestion du temps, avec des exemples .

    Merci 😉

  8. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup mehdi ! J’ai écrit quelques articles concernant la gestion du temps mais peut-être que celui-ci constituerait une bonne introduction, pour la motivation. 🙂

  9. Valérie says:

    Merci pour ce magnifique texte !

    J’avoue que parfois, quand je veux dire non, pour “mieux faire passer la pilule”, je m’invente des rendez-vous avec… moi-même ou des sorties avec un ami… mon sport ! (mais ça je ne le détaille pas…)

    Cela me permet notamment de justifier un départ à heure fixe du boulot et éviter les heures supp… 😉

    Il faut aussi penser à soi !

  10. Jean-Philippe says:

    …et il n’y a pas de honte à ça ! La protection de son espace privé est très importante pour son bien-être. Merci Valérie pour ce truc. 😉

  11. Argancel says:

    C’est vrai parfois on doit devenir autiste pour réaliser ce que l’on veut. Ma cousine avait une expression pour ça : tu vis dans ta bulle. Eh bien soit si ça permet d’avancer vers la vie dont on rêve.

    C’est marrant mais au début de l’article, je me suis demandé ce que c’était que cette ligne dans le sable, et je pensais que la ligne dans le sable, c’était en fait quelquechose qu’on fait mais qui ne fait avancer aucun de nos projets. Par exemple faire la vaisselle : si l’on a le choix, on le délèguerait bien à quelqu’un d’autre! Cette tâche ne représente rien de bien constructif, comme un trait dans le sable bientôt effacé par la prochaine vague.

  12. Jean-Philippe says:

    Merci Argancel pour ton commentaire !

    L’image de la bulle est excellente je trouve et représente bien le fait de devoir parfois complètement s’isoler pour avancer. Par contre, pour la vaisselle, là j’ai ce qu’il te faut ici. 😉

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