Agir, un mot élégant

Par le 11 March 2010
dans Solutions simples

Agir : action, gestion, insistance, retour.

J’aime beaucoup le mot agir. C’est un des rares mots de la langue française, je trouve, qui soit court et efficace dans sa définition.

“Agir”, ça claque comme un fouet, ça donne envie, justement, de passer à l’action. “Agir”, c’est bouger, changer, partir, évoluer, créer, contribuer, jouer, collaborer, produire. C’est tout simplement, vivre. “Agir” n’a que 4 lettres, succinctes, claires et prêtes à bondir. Quatre lettres pour produire un mouvement. Quatre lettres que l’on peut définir ainsi.

Premier temps

Le “A” de agir, ne peut que symboliser le mot “Action”. C’est de là que tout part. Personne n’a jamais accompli quelque chose sans action. L’action indique un changement dans notre pensée, suivi d’un mouvement physique (ou non). Mais l’action est la première étape lorsque l’on veut agir. Action ne veut pas dire foncer. Souvenez-vous de Gandhi. Sa première action ? La non-action. Il refusa d’opposer la force à la force et il finit par gagner.

Donc action équivaut à une pensée qui nous fait avancer. Ceci dit, souvent, on effectue une action physique mais on a oublié de bien y réfléchir avant. Vous pouvez imaginer le résultat ou même, encore mieux, vous vous en rappelez car cela nous est arrivé à tous et à toutes d’avoir une action impulsive. Comme une phrase vite regrettée ou une décision prise sans réflexion.

Ainsi, action ne veut pas dire précipitation. Il faut prendre juste le temps nécessaire à définir les contours de sa démarche et après se lancer dans la grande aventure.

Deuxième temps

Le “G” c’est comme la “Gestion”. Notre aventure, une fois lancée a besoin d’être gérée. Peut-être qu’on s’est lancé dans le feu de l’Action mais maintenant avec l’inertie, on avance et ce mouvement qu’on a lancé, il faut qu’il atteigne son but. Néanmoins, il n’est pas fixé pour l’éternité, il est souple. Un business plan s’affine. Un budget se réévalue. Une relation personnelle évolue. Un apprentissage s’adapte.

D’où le besoin de gérer. D’être certain que l’on avance dans des conditions optimales, que l’on n’est pas bloqué par des éléments parasites, qu’on reste sur le bon chemin.

La gestion n’est pas facile. Cela demande une certaine rigueur qui ne correspond pas toujours à ce que nous sommes tous ou toutes. Alors, le temps de gestion peut être très court. Juste pour pouvoir remettre le bateau dans la bonne direction et l’on passe à la lettre suivante. 😉

La gestion est aussi importante pour être certain que nos petites baisses de forme ne nous handicapent pas. Elle permet de passer le fossé de la démotivation et de l’ennui sans qu’il en reste des séquelles. Et pour franchir cet obstacle qui se situe bien sûr, dans notre tête, le “G” avance, main dans la main, avec le “I”.

Troisième temps

Le “I” symbolise l'”Insistance”. Tout ne fonctionne pas parfaitement tout de suite. Souvent il faut continuer à pousser avant d’obtenir des résultats. C’est à cela que sert l’insistance. On persiste, on n’abandonne pas. Dans tout projet sur lequel on se lance, à un moment, on fait face à des difficultés. Allons-nous baisser les bras au premier mur qui nous bloque ?

Non, au contraire. Ce mur, nous allons le contourner ou passer par dessus. Il est là en fait comme une sorte de test. Il est là pour nous éprouver, pour nous demander si nous voulons vraiment ce que notre action a lancé. Et c’est à ce moment là que s’effectue toute la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui végètent, reculent ou abandonnent.

Pourtant, cette insistance n’a pas à être compliquée. C’est souvent nous qui nous créons des histoires dans notre tête. Alors que l’insistance peut et se doit d’être douce – pas besoin d’appuyer comme un malade sur le champignon – on pense que l’on aura pas l’énergie pour continuer. Rien n’est plus loin de la vérité.

Ceux ou celles qui poussent trop fort sont en fait considérés comme des insolents, des gens peu respectueux qui, peut-être, atteignent leurs buts, mais ne sont pas plus heureux que ça et qui devront continuer à pousser – à utiliser – les autres pour atteindre encore d’autres mirages. Non, l’insistance courtoise, comme j’aime à l’appeler, nous permet d’avancer sans écraser, mais d’avancer tout de même.

Insistance ne signifie pas non plus colère, si les choses ne vont pas exactement comme nous le voudrions. Nous ne nous mettons pas à nous plaindre ou à accuser quelqu’un d’autre, c’est inutile et cela conduit à une perte d’énergie. Nous préférons alors passer à l’étape suivante, l’étape finale que l’on oublie souvent et qui pourtant est toujours là, à portée de main.

Quatrième temps

Finalement le “R” d’agir marque le “Retour”. Le mot possède une signification sur 2 niveaux.

D’abord,  quels sont les retours que nous obtenons par rapport à tout ce que nous avons effectué avec le “A”, le “G” et le “I” ? Sommes-nous satisfait des résultats ? Devons-nous encore a-g-i-r ? Ou passer à un autre projet ?

Il y a donc un retour à la case départ, le retour au “A”, à l’action primordiale créatrice, à celle qui nous permettra de porter notre projet un peu plus loin, dans la bonne direction. Ou alors de débuter autre chose, sur une autre voie. Pour quelques instants ou quelques années. C’est donc un véritable ballet que nous effectuons. Croisés et entrecroisés, nos mouvements nous modèlent.

Ces mouvements, c’est la vie. C’est votre vie. C’est un peu comme les 4 saisons. Mais ici, ce sont plutôt les 4 saisons de l’existence sans cesse renouvelées, celles qui vous permettent d’avancer. En passant par ces 4 phases, ces 4 lettres, ces 4 temps, petits ou grands, vous créez votre propre symphonie, votre propre musique, unique et appréciée par tous ceux qui vous entourent.

C’est ce que vous léguerez aux générations futures. C’est votre humble contribution à l’Histoire de l’humanité, et pourtant c’est important. Autant que l’invention de la roue ou de l’écriture. Pourquoi ? Parce que, hier, aujourd’hui ou demain, quelqu’un vous observe et, touché par votre travail, s’en inspire pour grandir.

Pour agir. 😉

(Photo : Enid Yu)

Commentaires

10 commentaires pour “Agir, un mot élégant”
  1. remy66 says:

    et voici l’origine latine du mot agir, agere, pleine de belles images :
    http://fr.wiktionary.org/wiki/ago#la

  2. Jean-Philippe says:

    Merci beaucoup remy66 pour le lien ! De quoi tous et toutes nous instruire. 🙂

  3. Argancel says:

    Ne serait-ce pas les premiers plans de ta nouvelle méthode AGIR 😉

  4. Jean-Philippe says:

    Ah non, là c’est tout à fait fortuit ! 🙂

  5. Lyse says:

    Bonjour Jean-Philippe 🙂
    Bien sur je suis d’accord avec ton article. Je trouve que tout ce que tu dis est bien pensé et qu’il y a une vraie réflexion “respectueuse” et humaniste là-dessous. 🙂

    Mais je te l’ai dit, il me semble que toutes idées a son contraire, et mon désir n’est pas d’aller “contre”, mais plutôt de proposer un autre éclairage, un autre angle de vue.

    Aujourd’hui nous sommes dans le monde de l’action, je veux dire dans le “faire”.
    Il nous faut “faire à tous prix” et dans tous les domaines. Je ne vais pas les énumérer, tu les connais sans doute encore mieux que moi! 😉
    …et en plus il faut être efficace, sinon ça ne marche pas! 🙁

    Mais d’où nous vient l’idée que nous “devons” avoir des projets qui plus est, êtres menés à bien?
    Ne penses-tu pas que c’est un concept plutôt récent, lequel fait maintenant partie intégrante de notre culture ?

    Au nom de quoi, passer une matinée à rêver sur le pas de sa porte, serait moins louable qu’une autre consacrée à établir un projet et à l’exécuter?

    Ce que je veux dire, et ce n’est pas forcément ce que je ressens à la lecture de ton article, c’est que beaucoup d’entre nous vivent sous une espèce de chape de plomb, empreinte de culpabilisé, dès lors qu’ils ne sont pas dans l’action.

    Je me pose les questions suivantes:
    Est-il possible aujourd’hui de dire dans un certain milieu, “je n’ai pas de projet” sans être regardé comme un animal préhistorique? 😉
    Est-il possible de ne pas avoir de projet de vie, et de réussir sa vie?
    Est-il possible d’être dans le non-agir et de faire partie des “Bienfaiteurs de l’Humanité?

    Le “Vide”, le “rien” sont des concepts bien difficiles à avaler pour les pauvres ères que nous sommes…
    Est ce une des raisons pour lesquelles nous cherchons toujours à les remplir?

    merci encore 🙂
    Lyse

  6. LaForêt says:

    @Lyse

    Comment dire … notre monde n’est pas dans l’action depuis seulement aujourd’hui, il l’est depuis que l’individu doit survivre … donc depuis ses origines.

    Qu’est-ce qui nous fait bouger coûte que coûte ? il me semble que c’est la nécessité de survivre avant tout.

    Une fois admise cette nécessité, chacun a tout “loisir” de s’interroger sur la façon la plus satisfaisante qu’il va pouvoir mettre en oeuvre pour y répondre et sur ses raisons complémentaires pour développer ses actions 🙂

    Et la démarche de rechercher des actions plaisantes, enthousiasmantes, drôles … bref, de véritables jeux … est tout à l’honneur de l’homme*

    * et de la femme of course ;-).

    🙂 LaForêt

  7. laure says:

    Bonjour,
    Je pense qu’il n’y a pas de vérité universelle sur ce sujet…agir ou pas c’est selon chacun…il faudrait déja définir ce que nous appelons par “agir’ …. rêver et ne rien faire c’est aussi mettre l’imagination en route, donc c’est aussi agir d’une certaine manière..
    On peut avoir besoin de projet et d’actions à un moment de sa vie…puis à d’autres moments se laisser porter sans forcément se projeter dans un projet futur…cependant je serais assez d’accord pour dire que tout se créé et qu’il est important de mettre ses rêves en action un jour ou l’autre…sinon on passe son temps à rêver sa vie….je pense aussi que nous sommes différents face à l’action, certains sont actifs ,d’autres contemplatifs…l’important est d’être qui nous sommes ….je suis d’accord aussi avec Lyse qui dénonce un peu ce culte de l’action pour l’action de notre société…beaucoup de parents enseignent celà à leur gamin…prend ton jeu vidéo sinon tu vas t’ennuyer,je vais t’inscrire à tel cours le mercredi,comme ça tu seras occupé, que fais-tu? tu n’as rien à faire?…comme si ne rien faire n’était pas normal ou synonyme de déprime etc…celà fait des adultes ,qui plus tard sont angoissés à l’idée de ne rien faire ou simplement qui ne supporrtent pas de se retrouver seuls avec eux- mêmes….
    Pour ma part je trouve que l’action doit venir d’un désir avant tout…l’action pour l’action ,non pas forcément…

  8. Nathalie says:

    Agir et être efficace, c’est ce que je m’efforce à faire souvent ! mais pas assez souvent ! c’est là que ce grand mur apparaît ! je contourne et j’ai l’impression que ça ressemble à un labyrinthe!

  9. Jean-Philippe says:

    @Lyse @LaForêt @laure Merci beaucoup pour cette passionnante discussion à 3 voix. Alors? Toujours être en mouvement ou pas ? Rester immobile et apprécier le moment ? Je donne un peu ma réponse dans cet article. 😉

  10. Jean-Philippe says:

    @Nathalie C’est une image intéressante que tu proposes, le labyrinthe. Je pense que si on n’a pas vraiment d’objectifs (personnels ou professionnels) oui là c’est un labyrinthe. Par contre, si on connait la direction générale que l’on veut donner à son existence, les murs s’abaissent et ne sont plus si hauts que ça. C’est un peu comme lorsque tu prends la route pour aller en vacances. L’autoroute ne t’emmènera pas directement sur la plage. Il y aura des carrefours, des déviations, des ronds-points, etc… comme dans la vraie vie. 😉

Commentez ce billet